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La Izquierda Diario
27 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Plus d’un jeune sur dix a des pensées suicidaires à 17 ans
Gabriella Manouchki

En moins de deux semaines d’intervalle, un étudiant et une lycéenne ont tenté de se donner la mort en public en s’immolant par le feu. Bien qu’ils aient été particulièrement médiatisés, ces deux cas sont loin d’être isolés et révèlent un mal-être croissant parmi les jeunes, dans un pays où le taux de suicide de l’ensemble de la population est l’un des plus élevés d’Europe.

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Crédits photo : Europe1

En février dernier, à l’occasion de la Journée nationale pour la prévention du suicide, l’agence nationale de santé publique publiait un rapport révélant que près de 7% des Français âgés de 18 à 75 ans ont déclaré avoir déjà tenté de se suicider - soit près de 3 millions de personnes adultes. Ce document affirme également que les principaux facteurs associés aux pensées suicidaires sont la dépression et les violences sexuelles. Les catégories de la jeunesse n’ont pas été étudiées dans cette enquête, bien que ses auteurs mentionnent que « les adolescents » sont particulièrement touchés , « notamment les jeunes filles de 15-19 ans pour lesquelles le taux d’hospitalisation pour tentative de suicide est le plus élevé ». On sait cependant que la dépression et les violences sexuelles affectent particulièrement les jeunes, et parmi ces dernier-es en particulier les jeunes femmes.

Une autre enquête (« ESCAPAD »), menée à travers un questionnaire soumis lors de la Journée Défense Citoyenneté, montre que « plus de 4% des filles et près de 3% des garçons de 17 ans ont déclaré en 2017 une tentative de suicide suivie d’une hospitalisation au cours de leur vie » et que « plus d’un jeune sur dix – deux fois plus souvent les filles – a déclaré des pensées suicidaires au cours de l’année ». Ce sont des chiffres qui en disent long sur l’état de santé mentale des jeunes de nos jours mais aussi sur l’incapacité de l’État à prendre en charge ce problème de santé publique malgré de telles enquêtes, même s’il est difficile d’estimer la croissance de ce phénomène dont l’étude systématique est relativement nouvelle.

On sait cependant depuis Durkheim que le suicide, loin de pouvoir être réduit un acte pathologique, est un fait social qui dépend largement des conditions économiques dans une société donnée. Or la situation actuelle en France est particulièrement dangereuse de ce point de vue. Comme nous l’écrivions en avril dernier, « en plus de priver les malades de traitements et de suivis, par des réductions budgétaires et de personnel soignant dans les hôpitaux, le lien entre [les] politiques anti-sociales et le malaise de plus en plus criant des générations qui en sont les enfants ne peut être que frappant. En effet, les jeunes sont heurtés de plein fouet par toutes les politiques néolibérales en action depuis des décennies, qui détruisent de manière toujours plus certaine leur avenir. Pour ceux qui ont la chance de faire des études, les perspectives ont de quoi leur causer des angoisses : sélection plus poussée au fur et à mesure des années et des décrets, promesse de chômage pour une grande partie d’entre eux, emplois précaires pour ceux qui réussiront à trouver du travail, avec bien souvent la pression d’un prêt étudiant à rembourser… ».

La question de la précarité imposée au plus grand nombre par le capitalisme, qui a été posée avec force par les Gilets jaunes et dont de nombreux jeunes se saisissent dans la mobilisation qui se dessine ces derniers semaines sur différents lieux d’étude en France, est une variable fondamentale pour comprendre les « maladies » mentales - telles que la dépression, les troubles bipolaires ou encore la schizophrénie - et les tentatives de suicide. Malgré toutes les enquêtes de santé publique possibles et imaginables, cela, l’État bourgeois ne peut le résoudre.

Se battre collectivement contre la précarité et pour un avenir qui serait non seulement existant mais aussi débarrassé de l’exploitation capitaliste et des oppressions sur lesquelles cette dernière repose, est la meilleure - sinon la seule - réponse que l’on peut apporter pour que plus personne n’en vienne à tenter de se donner la mort à 18 ans comme cette lycéenne de Villemomble, ni à 22 ans comme cet étudiant lyonnais, ni à n’importe quel âge d’ailleurs.

 
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