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La Izquierda Diario
25 de septembre de 2015 Twitter Faceboock

Assez de vies broyées
Suicides chez Renault Cléon : Drame ou assassinats avec préméditation ?

Vincent Duse

Au retour des congés d’été deux salariés du site de Renault Cléon se sont donné la mort. Le premier, âgé de 38 ans travaillait aux bielles et vilebrequins. Il a mis fin à ses jours le dimanche 16 août, à la veille de la reprise. La direction avait systématiquement refusé de prendre en compte son BTS depuis des années, alors qu’il avait pourtant tout fait, heures supplémentaires incluses, pour que sa formation soit reconnue. Mais jamais plus que de vagues promesses de la part de ses dirigeants parasites qui, eux, touchent en permanence le pactole. Le second, âgé de 41 ans, travaillait en fonderie en équipe de week-end, et restait toujours, malgré les difficultés, souriant et très apprécié par ses camarades.

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Nous pouvons très rapidement faire le lien entre ces passages à l’acte et les conditions de travail, les pressions quotidiennes, les suppressions de postes, les convocations dans le bureau des petits chefs à la moindre erreur, risques de sanctions à la clé, alors que les charges deviennent complètement insupportables, et que l’erreur devient inévitable

Ces suicides ne sont pas des cas isolés. En avril 2013 un salarié s’était pendu sur son lieu de travail à Renault Cléon, drame qui s’est reproduit de nouveau en 2014. D’innombrables cas peuvent être recensés, comme ce suicide au garage Renault Dacia où ce sont très clairement les méthodes de management brutal et le harcèlement moral qui en sont la cause. Chaque jour qui passe, les travailleurs se font rabaisser un peu plus. Comme cela avait été le cas chez Orange, à la Poste, ou encore à PSA Mulhouse, qui a connu 5 suicides en 2007, et plus récemment, en juin 2013, lorsqu’un salarié de la maintenance avait mis fin à ses jours par pendaison dans le local technique. Tout ne serait que drames personnels, accidents de vie ou problèmes « sentimentaux », clament à chaque fois les directions pour se dédouaner, et pour éviter à tout prix que l’exploitation capitaliste ne soit, d’une façon ou d’une autre, remise en cause.

Pressions morales et harcèlement, peur de perdre son emploi, le terrorisme patronal tue tous les jours !

Depuis toujours les patrons sont les champions du management par la peur, maîtres dans l’art de jouer sur l’angoisse du lendemain, celle de perdre son emploi si on n’y arrive pas. L’arsenal de l’individualisation des tâches, des primes au mérite contre les augmentations générales, des cadences de travail toujours plus élevées , pour être toujours plus compétitif, exacerbe le « chacun pour soi »… et « le patron pour tous ». Les suicides de même que les accidents mortels de nos camarades ne sont pas dus au hasard. Ils sont tout simplement assassinés par le patronat, un véritable jeu de massacre érigé en système : le suicide est un accident mortel du travail, et ce sont bien les cadences infernales, les suppressions de postes pour gagner en productivité, les économies sur la sécurité, qui coûtent la santé et la vie à de nombreux travailleurs. C’est encore le cas, récemment, à Arcelormittal où des intérimaires ont perdu la vie pour leurs profits. Comme disait la chanson, « tu boss’ toute ta vie pour payer ta pierre tombal’ ».

La résistance doit commencer dès notre entrée dans le bagne industriel

L’exploitation capitaliste, ouvre toutes les voies qui lui permettent de nous mettre en concurrence, de nous pousser à accepter l’inacceptable, de nous séparer les uns des autres, chacun-e dans sa « CSP » bien étanche : ouvriers, professionnels, cadres, intérimaires, etc. Au contraire, unis, nous pouvons bloquer la machine. C’est notre unité, précaires ou en CDI, immigrés, migrants ou avec des papiers français, hommes ou femmes, qui peut faire changer la peur de camp. Pour cela il faut retrouver les réflexes fondamentaux : arrêter d’être passifs quand l’un-e des nôtres subit des pressions pour « tenir son poste », quand l’un-e des nôtres risque de se faire licencier ou de se faire mettre en fin de mission.

Ne rien faire, c’est déjà se soumettre et se préparer à notre propre licenciement, ou à la fermeture de la boite, à brève échéance. Notre seule arme, c’est notre solidarité entre exploité-e-s. En revanche notre attentisme est notre pire ennemi. Rompons le silence et le défaitisme. Nous sommes des milliers, eux ne sont qu’une poignée. Reprenons l’initiative contre le terrorisme patronal !

 
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