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La Izquierda Diario
25 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

#24Novembre en Belgique
Manifestation historique à Bruxelles : 10 000 personnes contre les violences faites aux femmes
Sadek Basnacki

Si la manifestation parisienne était historique, celle de Bruxelles l’était aussi. L’an passé, 5 000 personnes défilaient contre les violences faites aux femmes. Cette année c’est au moins le double. Plus de 10 000 personnes étaient présentes, bien décidées à se faire entendre.

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La veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, 10 000 personnes ont défilé dans les rues de Bruxelles, répondant à l’appel d’une centaine d’associations. Une marche qui a rassemblé toutes les générations pour « faire du bruit » afin de « briser le silence laissé par les victimes », contre l’absence de politique gouvernementale face à cette violence quotidienne mais également en solidarité avec les femmes du monde entier. Un cortège résolument internationaliste où l’on pouvait voir des manifestantes arborer le drapeau chilien, et au sein duquel certaines arboraient une compresse de faux sang sur un œil. Il y avait également un cortège de femmes kurdes avec des pancartes en hommage à Hevrin Khalaf assassinée en Syrie par une milice syrienne alliée à la Turquie d’Erdogan.

On pouvait entendre des slogans des chants tels que « Solidarité avec les femmes du monde entier » ou « On ne veut plus de silence ». On pouvait lire sur des banderoles « la lutte des femmes n’a pas de frontière ».

Une mobilisation importante et vitale pour la Belgique où les violences faites aux femmes est plus qu’invisibilisée. Un pays où comme dans tous les autres, existent des Jacqueline Sauvage. Etait notamment présent dans le cortège le comité de soutien à Mireille de Leuw, qui a tué son agresseur après 25 ans de violences conjugales. Elle l’a tué quelques jours après que celui-ci ait été admis à l’hôpital pour une fracture des os de la main après avoir frappé son épouse. Il l’avait par la suite menacé de mort. Un acte de légitime défense de la part de Mireille qui a été condamnée à huit de prison.

En Belgique, 21 féminicides en 2019

La Belgique n’a pas de chiffres officiels des féminicides. Les données de comparaison disponibles pour les féminicides dans les différents pays européens sont plus que limitées. Les indicateurs fournis par Eurostat et révisés par l’EIGE (Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, basé en Lituanie) couvrent seulement 20 pays, dont 15 États membres et quatre pays candidats des Balkans, ainsi que la Suisse. Il manque donc les données de 13 États membres, dont la Belgique.

C’est donc une plateforme, Stop Féminicide, qui tente de recenser, depuis 2017, les féminicides via des articles de presse. Les chiffres sont donc en deçà de la réalité.

Si l’on prend le nombre de féminicide en 2018 par rapport aux nombres d’habitants, la Belgique est en quatrième position en Europe, derrière la Roumanie, la Hongrie et la Finlande. 3,3 femmes assassinées par million d’habitants (en comparaison, en France en 2018, il y avait 1,8 femmes assassinées par million d’habitants).

En 2014, suite à la diffusion d’un documentaire choc dénonçant le harcèlement de rue à Bruxelles, le gouvernement belge avait été contraint de créer une loi contre le sexisme dans l’espace public. Une loi qui n’a eu aucun impact sur la condition des femmes puisqu’en 2017, d’après une étude, 98% des femmes disaient avoir subi du harcèlement sexiste dans l’espace public.

En Belgique, la dernière étude par l’institut public fédéral qui rassemble les statistiques et élabore des campagnes de sensibilisation date de 2010. Une preuve du désintérêt du gouvernement quant aux violences faites aux femmes, d’autant plus que ce dernier était plus qu’alarmant.

En effet, on y apprenait notamment qu’une femme sur sept a été confrontée à au moins un acte de violence commis par son conjoint ou ex-conjoint au cours de l’année précédente. Il n’y a quasiment aucun lieu d’accueil des victimes. En Wallonie, il n’y a que 20 structures d’accueil, soit 877 places. Dans un article de la RTBF , il est expliqué qu’à Liège, « le Collectif contre les Violences familiales et l’exclusion gère 53 places d’accueil. Elles sont réquisitionnées non-stop, hébergeant 132 femmes et enfants en 2018. A côté de cela, 250 demandes ont dû être refusées, faute de place ». Le gouvernement ne subventionne très peu ces structures qui sont en cruel manque de financement, de capacité d’accueil et de personnel.

Depuis 2009, il y a un numéro de téléphone gratuit, pour les femmes victimes de violences conjugales, mais celui-ci ne fonctionne ni le soir après 20h ni le week-end. Les appels sont donc basculés sur la ligne général des appels d’urgence.

Un plan quinquennal qui s’annonce largement insuffisant

Si la mobilisation a été aussi forte cette année c’est pour briser le silence de la société belge sur les violences faites aux femmes et enfin ouvrir un débat inexistant. D’après RTL Info, « un plan quinquennal (2020-2024) de lutte contre les violences doit bientôt être élaboré et adopté, afin de coordonner l’action des pouvoirs publics ». Mais les femmes présentes ce dimanche, ne sont pas dupes.

Comme l’explique la plateforme Mirabal, qui réunit une centaine d’organisations de la société civile, ce processus est au point mort. C’est pourquoi les femmes elles même doivent s’emparer de cette question et ne pas laisser un gouvernement qui se fiche d’elles décider à leur place. Les organisations féministes dénoncent le fait qu’il n’y ait aucune politique de prévention, quasiment pas d’accompagnement des victimes, que les institutions ne reconnaissent pas les violences faites aux femmes et les moyens dérisoires mis à disposition. D’autant qu’il est contradictoire d’attendre des mesures de gouvernements qui sont les premiers acteurs de la précarité des femmes par leurs réformes austéritaires.

Les milliers de femmes présentes ce dimanche dans les rues de Bruxelles ont créé quelque chose d’historique dans l’histoire de la lutte contre les violences faites aux femmes en Belgique. Une date historique qui doit servir de tremplin aux futures mobilisations féministes comme le 8 mars prochain, à l’heure où les femmes sont en première ligne des révoltes qui éclatent aux quatre coins du monde.

 
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