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20 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Logement
Jeunesse précaire : « Un foyer sur deux ne peut pas financer un logement étudiant en dehors de sa région »
Cécile Manchette

En pleine libération de la parole sur la précarité étudiante et alors que le gouvernement tente d’apaiser la situation avec des mesurettes, une enquête est sortie et affirme qu’« un foyer sur deux ne peut pas financer un logement étudiant en dehors de sa région ». Une nouvelle enquête qui permet d’insister sur la réalité des inégalités et des violences sociales que subissent une grande partie de la jeunesse aujourd’hui.

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Se loger : l’épine dans le pied de la jeunesse

La période qui suit l’obtention -ou non- du bac est celle de l’obligation de choisir son orientation et sa formation censée donner accès à un travail salarié stable. Quand se pose la question de la poursuite des études, plus de 2 millions de jeunes s’orientent ou sont orientés vers l’université. Une enquête publiée hier, intitulée "Jeunes des villes, jeunes des champs : la lutte des classes n’est pas finie" pointe les inégalités d’accès aux formations, aux études, à la culture ou encore aux voyages à l’étranger, pour toute une partie de la jeunesse de la "France périphérique". Les jeunes qui habitent loin des grands centres universitaires se retrouvent ainsi défavorisés. Le parcours du combattant commence d’abord par être accepté dans une filière et souvent dans une filière qui n’est pas le premier choix. Une fois une place décrochée, et de nombreux jeunes n’y ont pas droit et se voient refuser l’accès à l’université, il faut pour accéder à la fac soit de longues heures de transport, soit déménager et trouver un logement. Quand tout cela est impossible l’étudiant finit par se résigner, abandonner, ou bien la famille se « sert la ceinture », s’endette, l’étudiant se salarie, et commence alors des années de « survie ».

« Un foyer sur deux ne peut pas financer un logement étudiant en dehors de sa région » rapporte l’enquête de l’IFOP. Selon un rapport de l’UNEF, qui alerte régulièrement sur la dégradation des conditions de vie des étudiants, le logement représente 54% du budget de l’étudiant c’est-à-dire qu’il s’agit de la dépense qui pèse le plus lourd dans le budget mensuel. Une dépense qui ne cesse d’être un poids voire un obstacle déterminant pour la jeunesse et les familles. Il existe pour environ 2,7 millions d’étudiants seulement 165 000 « lits publics » dont le prix est d’environ 300 euros, voire plus, et dans des conditions qui ne sont pas toujours optimales. Pour le reste des étudiants, il s’agit de trouver un logement « privé », dans une situation économique où les loyers augmentent. Il y a la question du logement mais aussi du type de logement auquel les étudiants accèdent, c’est-à-dire celle du mal logement. Il s’agit de regarder l’état des logements souvent insalubres, la surface d’habitation qui dépasse rarement les 10m². En sachant aussi que pour faire des économies, les étudiants préfèrent faire le choix de se serrer à plusieurs dans un même espace exigu.

On est loin de l’auberge espagnole et de l’image de l’étudiant français globe-trotteur et autonome qui part en voyage Erasmus, et profite de ses années d’études dans les bars place de la Sorbonne. La réalité de la majorité des étudiants aujourd’hui est celle de l’impossibilité à trouver un logement, d’être « assignés à résidence », obligé de rester chez ses parents, ou bien de survivre et se serrer la ceinture pour payer un logement pas trop loin de son lieu d’étude.

Face au problème, les gouvernements successifs aggravent la situation et ont fait le choix d’être généreux avec les plus riches

Au courant de la situation, le gouvernement depuis plusieurs années n’œuvre pas à l’améliorer et participe à son aggravation. Il suffit de penser à la baisse des APL (dont le montant ne peut pas dépasser 240 euros), au gel des bourses sur critères sociaux, ou encore de regarder de plus près la liste à rallonge des critères pour accéder à une bourse ou à des aides supplémentaires. Des critères qu’ils voudraient de plus en plus conditionner aux résultats scolaires.

Face à la colère contre la précarité étudiante, la ministre de l’enseignement supérieur n’a promis que des mesurettes tout en estimant que le budget de l’Etat alloué aux étudiants est largement suffisant étant donné qu’il y aurait même 15 millions d’euros encore dans les caisses.

Et cela ne pose pas de problème à l’Etat de faire cadeau aux entreprises de 100 milliards d’euros - de l’argent public et du contribuable - avec le CICE (le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) dont les bénéfices, comme le révèle le dernier Cash Investigation d’Elise Lucet, loin de permettre de créer des emplois ont vraisemblablement en partie servi à améliorer le train de vie des plus fortunés. C’est pourquoi face au problème central du logement pour la jeunesse, nous devons aller chercher l’argent chez ceux qui ont réalisé tant de bénéfices sur notre dos, et celui de nos familles, afin que chaque étudiant puisse réaliser ses études dans de bonnes conditions, se payer un logement, à manger et n’ait pas besoin de travailler à côté de ses études.

De même, ces mêmes grands chefs d’entreprise et entrepreneurs, investissent souvent leur argent dans des biens immobiliers qui restent ensuite vacants ou qu’ils louent à des prix exorbitants. Exigeons la réquisition sans rachat de ces logements vides pour que plus personne n’ait à dormir dans la rue. Leurs bénéfices doivent aller dans la construction de nouveaux logements afin que personne ne loge dans des appartements insalubres qui mettent en danger la vie et la santé de milliers personnes.

En réalité la colère de la jeunesse, tout comme celle des gilets jaunes et des salariés, est proportionnelle à la violence d’un système qui repose sur le vol et l’exploitation du travail de toutes celles et ceux qui travaillent quotidiennement . Une colère proportionnelle aux promesses vaines et au mépris d’un gouvernement qui n’est pas en mesure de garantir un futur et une vie digne à des millions de jeunes.

Crédit : François Bard

 
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