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La Izquierda Diario
18 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Solidarité avec le peuple kurde !
L’accord entre les USA et la Turquie est criminel pour le peuple kurde
Mones Chaieb

L’accord négocié par le gouvernement américain avec Recep Tayyip Erdogan, acte définitivement l’alignement de la politique US sur le projet du président turc au Moyen-Orient. L’impérialisme américain participe ainsi à développer l’influence de l’Etat turc dans la région, s’assurant par-là même l’appui d’un allié stratégique en mesure de veiller à ses intérêts. Et il confirme que l’alliance avec les forces kurdes contre Daesh n’était que conjoncturelle, tant la réalisation des aspirations à l’auto-détermination des peuples opprimés est contradictoire avec le pillage impérialiste.

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Bombardements turcs à Tell Abyad en Syrie, dimanche 13 octobre. © Sipa Press

C’est le vice-président américain en personne, Mike Pence, qui a négocié l’accord avec le gouvernement turc. Celui-ci prévoit une « pause » pendant 5 jours de l’offensive militaire turque à la frontière Nord-Est de la Syrie - Erdogan refuse de parler de « cessez-le-feu » - en échange du retrait total des combattants kurdes, du contrôle d’une bande de terre de 32km de profondeur sur 400km de longueur par les militaires turcs et leurs alliés syriens, pour y installer les réfugiés syriens en Turquie dont Erdogan veut se débarrasser. En clair, il satisfait l’ensemble des objectifs de l’opération « Source de Paix » lancée par le président turc le 9 octobre contre les forces kurdes en Syrie.

En retirant les troupes américaines du Nord-est de Syrie, et en donnant ainsi le feu vert à la Turquie d’Erdogan pour lancer son offensive contre les kurdes du Rojava, Trump a doté l’impérialisme américain d’un allié stratégique en mesure de veiller à ses intérêts dans la région. La Turquie constitue en effet un allié historique qui peut pallier, du point de vue de Trump, à l’affaiblissement des deux principaux relais des USA dans la région : l’Etat israélien empêtré dans une crise politique depuis plusieurs mois, et l’Arabie Saoudite qui a subi une attaque importante contre ses installations pétrolières par les rebelles yéménites houtis, probablement avec la participation du concurrent iranien qui s’est imposé bon gré mal gré, comme un interlocuteur incontournable au Moyen-Orient.

Pendant ce temps l’impérialisme américain, malgré ses manœuvres, semble en perte de vitesse, obligé de se retirer militairement, malgré les cris de détresse des puissances européennes comme la France et l’Allemagne, qui craignent le déclin de Big Brother. Car cette crise de l’hégémonie américaine pourrait entraîner une déstabilisation encore plus importante d’une région où les tensions sont déjà fortes, et qui pourrait avoir, entre autres conséquences du point de vue de Macron et Merkel, un nouvel afflux de réfugiés en Europe. C’est en effet la seule préoccupation des impérialistes français et allemands, qui sous-traitent la gestion des fluxs migratoires en provenance du Moyen-Orient au régime d’Erdogan, à qui l’Union Européenne a versé entre 1 et 2 milliards d’euros depuis 2016.

Il apparaît ainsi clairement que ni l’impérialisme américain, ni l’impérialisme français ou allemand, ne sont des alliés dans la lutte du peuple kurde pour l’indépendance nationale et le droit à l’auto-détermination contre l’agression turque. Au contraire, l’Etat moderne turc bâti sur l’oppression du peuple kurde, et le régime d’Erdogan avec son projet de nettoyage ethnique à la frontière syrienne, est un allié stratégique des impérialistes qui sont prêts à fermer les yeux sur les crimes de guerres et l’utilisation d’armes chimiques contre les kurdes.

Et si l’accord trouvé entre la Turquie et les USA est criminel pour le peuple kurde, la Russie de Poutine et l’Iran de Khamenei ne seront jamais une alternative. Ces derniers, par l’intermédiaire de l’armée syrienne, font mine de soutenir les forces kurdes. Mais il est évident que si le régime syrien de Bachar Al Assad regagne le territoire administré par les kurdes, il fera tout pour briser leurs revendications nationales. Erdogan le sait bien, d’où les récentes discussions entre les gouvernements turcs et syriens par l’intermédiaire de Moscou, sur la base de l’accord sécuritaire d’Adana datant de 1998, qui autorise l’armée turque à passer la frontière syrienne pour pourchasser le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) et ses filiations, en échange de la reconnaissance par Ankara du régime syrien.
C’est en réalité un jeu de dupe dans lequel le peuple kurde n’a d’autres alliés dans sa lutte légitime pour le droit à l’auto-détermination, que les peuples de la région, en Syrie, en Turquie, et en Irak, et des travailleurs et couches populaires des pays impérialistes, en France, en Allemagne, ou aux Etats-Unis.

 
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