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La Izquierda Diario
4 de septembre de 2019 Twitter Faceboock

CHEMINOTS, USAGERS, MÊME COMBAT POUR LE SERVICE PUBLIC – PARTIE 24
Gardiennage SNCF, la sous-traitance dans ce qu’il y a de pire !
Correspondant-e cheminot-e

La SNCF cherche à faire du profit en externalisant ses services. Bien consciente des conditions de travail et de la qualité de service déplorable de ses prestataires, qui impacte les usagers et les différents travailleurs du rail… la SNCF détourne le regard et fait mine de ne rien voir.

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Des antécédents qui perdurent

La sécurité dans les trains et dans les gares fait partie des premiers secteurs de la SNCF avec le nettoyage, à être légué depuis plusieurs années à des sociétés privées. Parmi les nombreux prestataires qui gèrent la sécurité dans les trains et gares on peut mentionner la société CHALLANCIN prévention et sécurité qui gère le secteur de la banlieue Ouest sur les différentes lignes L, A et J de la gare de Paris Saint Lazare.

En effet CHALLANCIN a repris le flambeau laissé par la société VIGIMARK qui exploitait des travailleurs sans papiers, dont la SNCF a été obligée de se séparer suite au scandale médiatique de 2009 et une longue bataille menée par le syndicat SUD-Rail St Lazare. Suite à cette affaire, pour redorer son image et montrer sa « bonne foi » la SNCF signe un accord avec le SNES (syndicat national des entreprises de sécurité) en 2010, afin de se battre contre l’emploi de travailleurs sans-papiers et globalement, toute forme de travail dissimulé chez ses prestataires.

Depuis que la société CHALLANCIN a récupéré le contrat, aucun nouveau travailleur sans-papiers n’a été découvert, néanmoins la situation est loin d’être saine. À l’époque la société CHALLANCIN gérait seulement le nettoyage et n’avait aucun lien avec la sécurité. En voyant l’offre sécurité sur le marché, CHALLANCIN va créer un pôle sécurité en toute vitesse (décembre 2009) en reprenant les chefs d’exploitations de l’ancien prestataire VIGIMARK, puisque la nouvelle entreprise ne maîtrisant pas ce type de marché, avait besoin d’agents de maîtrise formés. Si certains de ces chefs ont changé de pratique ou n’étaient pas concernés par la « traite des esclaves  » organisée avant 2010, avec d’autres c’est la descente aux enfers comme avec l’actuel chef d’exploitation gère la sécurité dans les trains et gares entre Paris Saint Lazare et Mantes la jolie, qui semble avoir gardé ses mauvaises habitude de l’argent facile sur le dos des salariés de la sécurité.

Les droits de l’homme s’arrêtent aux portes de CHALLANCIN

Sur ce secteur, la société CHALLANCIN met en péril la sécurité des voyageurs, des agents SNCF et surtout celle de ses propres employés, car en aucun cas les normes de sécurité ne sont respectés. En effet les trains de la ligne J (Paris Saint Lazare/Mantes la jolie/ Pontoise) se trouvent souvent avec un seul agent de sécurité ou sans agent, alors que l’accord avec la SNCF prévoit 2 agents minimum dans chaque train, des simples agents de sécurité en gare au lieu des maîtres-chiens en gares… En cas de contrôle, le chef d’exploitation malhonnête oblige les agents de sécurité à mentir par tous les moyens et en aucun cas dire qu’ils se trouvent seuls ou qu’ils n’ont pas de chien, car pour rappel la SNCF paye son prestataire CHALLANCIN pour 2 agents par train. Si un agent a le malheur de dire qu’il est seul lors d’un contrôle, celui-ci est immédiatement harcelé, insulté, discriminés par le chef d’exploitation et ses chefs de poste (chefs d’équipe)

Les chefs de poste dont le rôle est de faire le lien entre les agents et le chef d’exploitation, gérer les incidents dans les trains ainsi que transmettre les rapports … ne sont jamais présents à leur poste. Un des chefs se permet même de faire chauffeur VTC pendant ses heures de service et pire encore, celui-ci demande aux agents d’orienter les voyageurs qui cherchent un taxi vers lui. C’est la récompense pour être « l’âme damnée » du chef d’exploitation...

Une situation intenable pour les salariés

Les agents de sécurité n’ont aucun droit, si ce n’est que celui de se taire et de souffrir en silence. En effet ceux qui osent lever la tête se voient harcelés, mutés à l’opposé de chez eux … par ce chef d’exploitation haïssable qui est protégé par la direction de l’entreprise. Le chef d’exploitation exerce une pression permanente sur ses agents en les menaçant de licenciement. Celui-ci profite du fait que la majorité des agents sont en situation précaires et que la plupart ne connaissent pas leurs droits. En cas de réclamation, le chef d’exploitation veut avoir une main mise sur tout et ‘’interdit’’ au agents d’aller réclamer directement au siège de la société. Le peu de réclamations faites auprès des responsables CHALLANCIN restent sans réponse, celui permet au chef d’exploitation de continuer ses pratiques diaboliques en toute impunité. Celui-ci se permet même de ‘’travailler’’ (euphémisme) depuis la Tunisie où il passe la majorité de l’année.

CHALLANCIN ou l’esclavage moderne

En début 2018 deux agents, Mehdi S et Saïd B dénoncent ces pratiques managériales et font signer une pétition à l’ensemble de leurs collègues. Un article qui expliquait la situation a été publié sur révolution permanente en août 2018

Depuis cet article, Mehdi S et Saïd B ont saisi le conseil des prud’hommes de Mantes, cette fois ci « au fond » (procédure normale) et en incluant la SNCF qui est autant responsable que CHALLANCIN, étant le donneur d’ordre. Après un passage au bureau de conciliation au conseil des prud’hommes de mantes la jolie le 1 juillet 2019, où aucun accord n’a été trouvé, les dossiers ont été renvoyés au 6 janvier 2020 au bureau de mise en état qui fixera une date d’audience pour le bureau de jugement.

Un an après leurs licenciements les deux jeunes hommes ont du mal à trouver un nouvel emploi « On a du mal à trouver à trouver du travail, car on a peur de se retrouver dans le même schéma avec un responsable voyou  » nous confie Mehdi. « On a du mal à tourner la page, pour moi le combat n’est pas fini, surtout quand je vois le chef d’exploitation et ses chefs de poste continuer à travailler en toute impunité  » ajoute Saïd.

Dernièrement ils ont été rejoints par deux autres collègues qui travaillaient en gare, et qui ont subi également un harcèlement qui ne dit pas son nom de la part du même chef d’exploitation.

Ce qui fait 4 dossiers avec des demandes quasiment identiques, soient :

A titre principal

  •  La nullité du licenciement intervenu le 6 août 2018,
  •  La réintégration de Monsieur S au sein de la société Challancin,
  •  Le paiement des salaires afférents

    La condamnation de la société Challancin pour les faits suivants :

  •  salaires période 2016 o 5,34 heures non payées
  •  heures supplémentaires non payées : o 341 h sup travaillées pour 268,48 payées o 40 h mal majorées o 60 h non majorées o 12 h non majorées et hors accord d’entreprise donc majorées à 150%
  •  salaire période 2017 : o 93 heures non payées o 424 h sup travaillées pour 269,63 payées o 41 heures mal majorées o 59 heures non majorées à 125%, o 95 heures non majorées et hors accord d’entreprise donc majorées à 150%
  •  Salaires période 2018
    o 10 heures non payées

    Et ajoutons :

  •  harcèlement moral
  •  violation de la durée maximale du travail hebdomadaire
  •  violation du repos hebdomadaire obligatoire (périodes supérieures à 6 jours)
  •  violation de l’article 2.3 de l’accord d’entreprise (moyenne de 46h hebdomadaires sur 8 semaines)
  •  dépassement du contingent d’heures supplémentaires annuel (329 heures) 2 années de suite a minima
  •  majoration non conforme des heures supplémentaires payées
  •  refus d’accorder les repos compensateurs de nuit
  •  repos week-end non conformes (aucun pendant 7 ans pour M. S !)
  •  refus d’accorder des congés en totalité

    A l’encontre de la SNCF MOBILITES :

  •  mise en danger et non-respect de l’obligation de sécurité
  •  complicité de travail dissimulé et non-respect de la charte de bonne conduite et guide de bonne pratique

    Un procès qui devrait faire date, car il est rare que la responsabilité d’un donneur d’ordre (la SNCF) soit aussi indubitablement engagée dans les magouilles d’un sous-traitant.
    Nous verrons ce que la justice pense de l’argument massue avancé à l’envi par la SNCF habituellement : « c’est pas nous, c’est le sous-traitant. Il nous avait garanti que tout était dans les règles pourtant... »

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