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La Izquierda Diario
19 de août de 2019 Twitter Faceboock

2% d’augmentation du coût de la vie étudiante
Une fois de plus, une rentrée universitaire sous le signe de la précarité
Elsa Marcel

Comme chaque année, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) ont publié leurs baromètres du coût de la vie étudiante. Le constat est sans appel : les frais de la rentrée universitaire continuent d’augmenter et promettent l’aggravation de la situation de précarité dans laquelle se trouvent déjà des milliers d’étudiants.

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Une fois de plus, une augmentation significative du coût de la vie étudiante

Les deux rapports s’accordent pour pointer une augmentation du coût de la rentrée universitaire d’environ 2%, principalement liée à l’explosion du prix du logement, notamment en Province, dans des villes comme Rennes, Saint-Etienne ou encore Mulhouse. Selon la FAGE, il faut globalement prévoir un budget de 1 082 euros par mois en région et de 1286 euros en Ile-de-France qui comprend les frais de logements, d’alimentation, de transports, et d’abonnement téléphonique et internet. Les loyers bondissent en effet dans les villes où les inscriptions à l’université augmentent, conséquence probable de l’élitisation des facs des grandes villes liée à l’instauration de la sélection en 2018. Quant aux autres dépenses, le transport augmente également selon l’UNEF, tout comme l’alimentation (le prix d’un repas au restaurant universitaire passera en effet de 3,25 à 3,30 euros à partir de septembre) ou encore la santé (Les complémentaires santé – dont les tarifs grimpent de 2,56 %).

2% d’augmentation des frais de la rentrée universitaire : la partie émergée de l’iceberg

Cette situation est loin d’être nouvelle et le chiffre d’une augmentation de 2% des frais liés à la rentrée universitaire peine à refléter la précarité structurelle imposée à des milliers d’étudiants. 42% d’entre eux renoncent à se soigner et 20% vit sous le seuil de pauvreté. Cette réalité brutale amène plus de la moitié des étudiants à se salarier pour pouvoir survivre tout en suivant des études. Si la FAGE parle d’un étudiant sur 4, le chiffre réel est plus important si on inclut tout ceux qui doivent travailler au moins une partie de l’année. Ils occupent évidemment les emplois les plus précaires, comme le montre le fait que 57% des livreurs à vélo sont étudiants. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui sont condamnés à vivre dans des logements universitaires insalubres, comme l’a récemment rappelé l’affaire de la « résidence de la peur » à Toulouse.

La publication de ce type d’enquête avant la rentrée est régulière et leur conclusions se répètent tristement : cela fait des années que l’UNEF signale une augmentation progressive du coût de la vie. Quant à la FAGE, si celle-ci se félicitait en 2018 de l’exonération des frais de sécurité sociale et vantait les mérites de la CVEC qui aurait l’avantage « d’être fléchée exclusivement vers les politiques de vie étudiante », force est de constater que les politiques austéritaires des gouvernements successifs ne font qu’aggraver la situation de précarité matérielle des étudiants.

En effet, si ces rapports rappellent, chiffres à l’appui, qu’être étudiant en France coûte très cher, il est déterminant de montrer qu’ils ne sont qu’une des conséquences des dernières contre-réformes. La loi ORE, contre laquelle se sont battus des milliers d’étudiants en 2018 vise en effet à privatiser peu à peu l’université, et impose dès la rentrée prochaine des frais d’inscriptions prohibitifs à des nombreux étudiants étrangers. Macron a également diminué les APL tout en déboursant plus d’un milliard d’euros pour financer le Service National Universel (SNU), qui vise à mettre au pas la jeunesse par le biais d’un matraquage idéologique patriotique.

Dès la rentrée, se battre pour l’avenir qu’on mérite

Si la FAGE regrette que le coût de la vie empêche « une réelle démocratisation » de l’accès à l’enseignement supérieur, elle s’était pourtant illustrée en 2018 par une ferme opposition à la mobilisation, allant jusqu’à organiser un sondage prétendant que 72,3 % des étudiants auraient été contre le blocage et seulement 32 % des étudiants contre la sélection quand d’autres sondages recensaient plus de 61% d’opposition chez les 18-24 ans. Or dénoncer la précarité étudiante implique d’être conséquent et de se battre contre l’ensemble des politiques qui l’organisent. Plutôt que de se dire « favorable à des pré-requis indicatifs » il faut exiger un retrait pur et simple du plan étudiants. Réclamer également un investissement massif dans l’enseignement, à la hauteur des besoins, obtenir l’augmentation des bourses (qui concernent moins de 30% des étudiants, pour une valeur maximale de 550€/mois et ne cessent de diminuer), la suppression des frais d’inscription et l’obtention de logements décents pour tous.

L’année 2019 a été marquée par le soulèvement massif de centaines de milliers de personnes en Gilets Jaunes pour dénoncer la destruction des services publics et la précarité. Il faut ajouter à cela la colère profonde des hospitaliers et des profs qui se battent encore aujourd’hui contre la réforme Blanquer et la casse de l’enseignement public. Les étudiants devront eux aussi dès la rentrée se battre, non seulement contre l’augmentation du coût de la rentrée universitaire, mais pour exiger un avenir digne et mettre fin à la misère matérielle et morale qu’on leur impose.

Crédit photo : JEFF PACHOUD. AFP

 
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