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La Izquierda Diario
17 de août de 2019 Twitter Faceboock

Crise économique en Argentine
Premières mobilisations contre les hausses des prix et le chômage en Argentine
Laura Varlet, cheminote syndicaliste

Moins de 24h après les élections primaires pour définir les candidats à la présidentielle d’octobre prochain, les salaires ont perdu 25% de leur valeur dans une dévaluation record orchestrée par les grands capitalistes du pays. Sur fond d’une crise politique et économique brutale, les mouvements de chômeurs, des travailleurs précaires, le syndicalisme combatif et la gauche révolutionnaire se mobilisent dans tout le pays.

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Une crise que les travailleurs et les secteurs populaires ne veulent pas payer

Les conséquences immédiates de ce véritable chantage opéré par les grands capitalistes du pays, les grands banquiers, les hommes d’affaires et les grands patrons fonciers, sont sans appel : perte de 25% de la valeur des salaires suite à la dévaluation de la monnaie, de même que pour les retraites et les allocations pour les secteurs les plus précaires. Dès les jours qui ont suivi la dévaluation, les prix ont fortement augmenté, et certains commerçants font même de la rétention de certains produits par peur de devoir les payer beaucoup plus cher aux fournisseurs. On a vu également plusieurs entreprises mettre au « chômage technique » les salariés, ou directement mettre la clé sous la porte en laissant sur le carreau des milliers de travailleurs.

Le sentiment généralisé de la population, notamment des secteurs populaires et précaires, est d’être encore une fois les dindons de la farce, et de devoir pour une énième fois payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables. Les débats sur que faire face à cette situation inondent les réseaux sociaux, les lieux de travail et d’étude, les files d’attente aux supermarchés.

L’opposition patronale, même la coalition de centre-gauche dirigée par Alberto Fernandez et par Christina Kirchner, ancienne présidente, appelle de manière unanime à la « responsabilité » et à attendre tranquillement le mois de décembre, où est censée avoir lieu la passation de pouvoir entre l’actuel président Macri et le très probable futur président Alberto Fernandez. Ce dernier a même fait des déclarations à la presse pour dire que le dollar à 60 pesos était une valeur « raisonnable », alors que cette dévaluation est en train de frapper de plein fouet les masses populaires en les condamnant à une misère extrême.

Des annonces du gouvernement Macri pour essayer de contenir une situation explosive

Face à cette situation et à la grogne qui commence à se faire sentir dans tout le pays, le gouvernement Macri, après avoir fait des déclarations qui ont mis le feu aux poudres lundi juste après les résultats, il a décidé d’annoncer quelques mesures pour chercher à éteindre l’incendie.
Néanmoins, l’énorme majorité de la population, qui a déjà sanctionné l’actuel président dans les urnes dimanche dernier, n’est pas dupe et comprend très bien que ces « mesurettes » sont non seulement insuffisantes pour palier à la crise en cours, mais surtout ont pour objectif de permettre au gouvernement actuel de « tenir » jusqu’en octobre, où auront lieu les élections générales, et voir s’il est possible, bien que cela s’annonce très compliqué, d’inverser le résultat électoral très défavorable à l’actuel gouvernement.

Les mesures annoncées auront comme conséquences une augmentation vraiment minime des revenus de certains secteurs de la classe ouvrière, notamment les secteurs les plus aisés, un moratoire à 10 ans pour les PME qui ont des dettes à payer et le gel des prix des carburants pendant 90 jours, entre autres. Après cette première vague de mesures totalement insuffisantes, et face à la colère sociale qui continue de monter, le gouvernement a été contraint de faire de nouvelles annonces ce jeudi, dont la suspension de la TVA jusqu’en décembre pour certains produits de base, tels que le lait, la farine, le pain, etc. Cependant, cette suspension de la TVA ne se traduira probablement pas sur une baisse des prix mais plutôt par un allègement des coûts pour les grands producteurs, qui chercheront encore une fois à décharger la crise sur les épaules des secteurs les plus démunis.

Dans leur ensemble, toutes ces mesures laissent de côté les secteurs les plus pauvres et précaires, les chômeurs qui perçoivent des allocations qui, elles, ne seront pas augmentées, les travailleurs sans-papiers ou ceux qui travaillent en situation irrégulière, mais également les retraités, totalement laissés à l’abandon par ce gouvernement alors que les pensions de retraite sont déjà terriblement basses par rapport au coût de la vie.

Des mobilisations commencent à avoir lieu dans tout le pays

La question que de nombreux travailleurs se posent est « que faire pour mettre un coup d’arrêt aux attaques en cours ? ». Ce jeudi, les premières mobilisations ont eu lieu dans plusieurs villes, telles que Buenos Aires, Cordoba, Mendoza, Jujuy et Neuquen, à l’appel de plusieurs organisations politiques de la gauche révolutionnaire et du mouvement social. Le mot d’ordre central de cette journée de mobilisation était clair : « la dette n’est pas envers le FMI, mais envers le peuple ». Plusieurs revendications ont été mises sur la table, comme une augmentation urgente des salaires, la création d’emplois, la déclaration de l’urgence alimentaire pour pallier à la hausse des prix sur les produits de base tels que le lait et la farine, l’interdiction des licenciements et la mise en place du contrôle ouvrier de la production de toute usine qui ferme ou licencie massivement.

A Buenos Aires, les principales organisations de chômeurs ont défilé dans les rues de la capitale, où était présente également une importante délégation des travailleurs de Madygraf, usine de l’industrie graphique dans la banlieue nord de Buenos Aires et sous contrôle ouvrier depuis plusieurs années, ainsi que d’autres secteurs de travailleurs comme les fonctionnaires, accompagnés des principales figures du Front de Gauche et des Travailleurs – Unité (FIT-Unidad), la seule force politique à défendre la nécessité de se mobiliser maintenant pour faire face aux attaques plutôt que d’attendre les élections du mois d’octobre les bras croisés.

A Neuquen, les travailleurs de l’usine de carrelage Zanon, sous contrôle ouvrier depuis la crise de 2001 et emblème de lutte et combativité pour l’ensemble du mouvement ouvrier en Argentine, ont également défilé dans les rues de cette ville au cœur de la Patagonie argentine, après l’avoir voté en assemblée générale. A Buenos Aires ou à Neuquen, la mobilisation de ces secteurs des travailleurs des usines reprises par leurs salariés lorsque les patrons ont voulu mettre la clé sous la porte est très significative, car ils peuvent devenir un exemple pour les milliers de travailleurs qui aujourd’hui se font licencier.

Imposer aux directions syndicales une grève active de 36h

En plus de ces revendications urgentes, les secteurs mobilisés ce jeudi ont également exigé que les directions syndicales mettent fin à la trêve qu’elles maintiennent depuis bien longtemps. En effet, cela fait des mois que ces directions syndicales refusent une quelconque mobilisation ou plan de bataille pour faire face aux attaques et demandent aux travailleurs d’attendre jusqu’aux élections générales du mois d’octobre, car elles soutiennent la coalition péroniste-kirchneriste de centre-gauche, avec Fernandez comme candidat.

Contrairement à cette politique attentiste, des secteurs du syndicalisme combatif et les militants du Parti des Travailleurs Socialistes, la principale composante du FIT-Unidad, proposent de convoquer des assemblées générales dans tous les lieux de travail pour imposer à la bureaucratie syndicale l’appel à une grève active de 36h en défense des salaires, des retraites, des allocations, comme un premier pas dans la construction d’un véritable plan de bataille pour stopper les attaques et défendre les intérêts des travailleurs, à commencer par le refus de payer la dette envers le FMI pour privilégier d’augmenter les budgets pour l’éducation, la santé, l’emploi, etc.

D’ores et déjà, le Front de Gauche et des Travailleurs – Unité, ainsi que les principaux secteurs du syndicalisme combatif et oppositionnels à la politique attentiste et traître des directions syndicales, organiseront une grande journée de mobilisation la semaine prochaine, afin de défendre dans la rue l’ensemble de ces revendications.

Crédits photos : Enfoque Rojo

 
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