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La Izquierda Diario
30 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

CHEMINOTS, USAGERS, MÊME COMBAT POUR LE SERVICE PUBLIC – PARTIE 12
Réforme ferroviaire : double peine pour les salariés handicapés
Correspondant.e.s cheminot.e.s

Comme expliqué dans le précédent article sur la SNCF de Macron, tous les cheminots, publics et privés, sont maintenant exposés aux mauvais traitements de la direction de l’entreprise. Une partie de cette direction attendait « sa revanche », ayant adhéré à l’idée de cheminots privilégiés car pas assez corvéables et flexibles, et la totalité de ces cadres, qui défend sa carrière coûte que coûte, applique le mot d’ordre gouvernemental : réformer à tout prix et quelles que soient les conséquences !

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Reforme-ferroviaire-double-peine-pour-les-salaries-handicapes

La fin d’obligations statutaires jugées trop contraignantes

La réforme ferroviaire n’est que la partie connue du grand public, des « gains de productivité » demandés aux cheminots depuis maintenant au moins 20 ans, voire 30, mais cette réforme va officiellement mettre un terme aux obligations de reclassement liées au statut et, parallèlement aplanir les difficultés de licencier qui existaient avec le statut également. L’obligation de reclassement, et notamment pour les travailleurs en situation de handicap, mobilise du temps de travail de cadres, le plus souvent et demande des efforts et de l’énergie, certes à minima car il est rare que cela les passionne, mais c’est déjà trop compte tenu des gains de productivité exigés.

Dans le privé, seule une obligation de moyen est exigée par la loi (les entreprises doivent prouver qu’elles ont cherché et ne sont pas obligées de trouver un poste de reclassement conforme à l’aptitude du salarié inapte), les directions se contentent souvent de donner le change, de faire semblant, pour justifier éventuellement de cette obligation légale devant un tribunal en cas de poursuite par le salarié licencié.

Le feu vert pour se débarrasser des « low performers »

La SNCF suit le même chemin et aujourd’hui, les directions martèlent aux agents en reclassement : « tu n’as le droit qu’à une seule proposition et si tu refuses, c’est la réforme !  » Certes, la réforme (licenciement pour une « inemployabilité » dans l’entreprise SNCF avec pension à vie) peut être la solution ultime en certains cas, mais beaucoup d’agents aimeraient continuer à travailler. Et notamment par ce que cette pension est loin d’être un salaire.

Et ça, c’est le meilleur des cas, car dans certains cas, les agents, même RQTH (Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé), sont poussés à bout et au moindre mot de travers, l’entreprise s’engouffre dans une procédure disciplinaire et les licencie, comme dans le cas d’Hicham, licencié pour avoir aménagé son poste de travail. Ce qui coute bien sûr moins cher qu’une réforme… La SNCF est passée d’une époque où l’on pouvait rester des années avec un travail sur mesure adapté à son aptitude, à une chasse ouverte aux inaptitudes et aux restrictions qui poussent vers la sortie le moindre agent considéré comme trop souvent en arrêt !

Une réforme mécaniquement pathogène

En effet, la SNCF étant son propre assureur, elle l’est aussi pour les prestations sociales et contrairement au privé qui cotise pour la sécu (qui va payer les indemnités journalières en cas d’arrêt), la SNCF paye durant les arrêts maladie. Il n’est donc pas de gain de productivité plus sûr et plus mécanique que de licencier un agent en arrêt ou jugé trop souvent en arrêt !!! Par une rupture négociée (beaucoup sont « invités » à en discuter pendant leur période d’arrêt) ou en les proposant à la réforme (pour ceux qui auront échappé aux procédures disciplinaires ou résisté aux diverses techniques de harcèlement).

Car cette fameuse pension de réforme est payée par la CAF, et non par les caisses assurantielles de la SNCF ! Alors au lieu de dépenser, temps, argent et énergie à aménager des postes (comme la loi l’oblige pourtant), la SNCF de Macron qui soigne sa compétitivité, se débarrasse à l’heure actuelle, de tous les agents considérés comme trop pénalisant pour le but à atteindre en faisant porter le poids financier à la CAF, donc à la collectivité…

De plus, puisqu’il faut gagner à tout prix en productivité, les agents qui sont considérés comme ayant trop d’arrêts maladie, appelés « poly-absents » sont systématiquement mis en difficulté (France Télécom appelait ça « réduire le confort des postes »), se voient refuser un déroulement de carrière (alors qu’un arrêt maladie est un arrêt justifé), et bien sûr, les RQTH, travailleurs handicapés sont plus souvent dans cette situation… Peu importe les risques de dépressions et autres pathologies générées par ces pratiques discriminatoires et vexatoires engendrées mécaniquement par la recherche de productivité.

Un exemple très parlant est développé dans la campagne de dénonciation de la souffrance au travail liée au licenciement d’Éric Bezou, avec le cas d’Ingrid, reconnue RQTH, qui ne peut pas faire de guichet, et qui est totalement inutilisée depuis mai 2018, assise sur une chaise, seule dans une gare en travaux. La SNCF post-réforme ne veut pas aménager les postes de travail comme la loi l’y oblige pourtant, elle veut des agents aptes à toutes les taches ou sinon, ils n’ont qu’à démissionner.

Un affichage hypocrite de bonté qui cache une pratique dangereuse créatrice de souffrance

Non seulement la SNCF se fiche totalement de l’accord d’entreprise (pourtant signé avec les OS) « favorisant l’emploi des travailleurs handicapés », mais tous les moyens sont bons pour que d’autres assument ses obligations, avec la CAF qui prendra le relais pour ces agents quand ils auront été « purgés » de l’entreprise ! C’est bien la SNCF de Macron !

D’un côté, on prend des engagements qui ne sont pas respectés, on bafoue la loi et de l’autre on se plaint « car on dépense un pognon de dingue » dans les prestations sociales ! On bafoue la loi, car non seulement ces personnes pouvaient continuer à travailler, mais devaient continuer, sur des postes aménagés conformément au code du travail…

Au lieu de cela, nous allons tous payer pour en faire de gens qui pourraient très bien travailler, des assistés jusqu’à ce que notre Méprisant de la République nous rappelle combien tout cela coûte à la collectivité, et qu’il faut faire des économies. En s’en prenant à l’assurance maladie, c’est une certitude…

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N’hésitez à nous envoyer votre propre témoignage, que vous soyez cheminot ou usager, sur les conséquences de la réforme ferroviaire dans vos régions et métiers respectifs pour ce qui est des cheminots : [email protected]

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Crédits photos : © Matti Faye / France 3 Bourgogne

 
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