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La Izquierda Diario
14 de juin de 2019 Twitter Faceboock

Attaques de deux tankers
Détroit d’Ormuz au centre du regain de tension entre les USA et l’Iran
Sadek Basnacki

Deux cargos ont été attaqués dans le détroit d’Ormuz et les Etats-Unis ont aussitôt accusé l’Iran. Alors qu’aucune preuve ne soutient ces accusations, cet incident attise le danger d’affrontement.

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Un mois après, quasiment jour pour jour, des actes de sabotages de pétroliers dans le détroit d’Ormuz, deux autres ont subit une « attaque » ce jeudi. Alors que le premier ministre japonais négociait avec l’Iran pour détendre les relations entre Téhéran et Washington, cette attaque remet de l’huile sur le feu.

Le Kokuka Courageous, méthanier japonais, et le Front Altair, pétrolier norvégien, battant respectivement pavillon panaméen et des îles Marshall, par soucis fiscal, ont subit tous les deux une attaque ce jeudi dans le détroit d’Ormuz. Les équipages ont été obligés de quitter leurs navires. Il y a un mois dans la même zone, des pétroliers avaient déjà subit des actes de sabotages. L’administration de Donald Trump n’a pas attendu longtemps pour affirmer que ces attaques étaient de la responsabilité de l’Iran.

Aucune preuve, des menaces, les faucons lorgnent sur une nouvelle proie ?

D’après The New York Times, le secrétaire d’État états-unien, Mike Pompeo, a déclaré jeudi que les informations fournies par les services américains montraient que l’Iran était responsable des attaques. Aucune preuve n’a été avancée. Mais selon lui, « cette conclusion s’appuie sur des renseignements, sur les armes utilisées, sur le niveau de savoir-faire nécessaire pour mener à bien l’opération, sur les attaques iraniennes analogues et récentes contre la marine marchande et sur le fait qu’aucune organisation à la solde d’une puissance, dans la région, ne dispose des ressources et de l’efficacité requises pour passer à l’acte avec un tel degré de complexité ». Dans la soirée de jeudi, les autorités américaines ont dévoilé une vidéo montrant soi-disant une patrouille des Gardiens de la Révolution islamique (GRI) retirer une mine-ventouse qui n’avait pas explosé sur une paroi de l’un des deux tankers. Pour les États-Unis, ces actes « représentent une menace claire pour la paix et la sécurité internationales, une attaque flagrante contre la liberté de navigation ».

Cela vient se rajouter aux tensions entre les deux pays qui depuis le mois de mai atteignent des sommets. En réaction aux attaques de 4 pétroliers, Trump avait annoncé déployer des porte-avions et bombardiers supplémentaires dans la région. Il a également fait déployer 1 500 hommes de plus au Moyen-Orient. Un nombre bien en dessous de ce que souhaitaient les néo-con (néo-conservateur) du style John R. Bolton, conseiller à la sécurité nationale.

Déjà fin mai, Pompeo et Bolton avaient expliqué que l’Iran se cachait derrière ces attaques afin « d’augmenter le prix du pétrole brut dans le monde », d’après The New York Times. Affirmant avoir des preuves, ils n’en ont montré aucune. En effet, la manipulation à propos des armes de destruction massive de Saddam Hussein, est encore bien présente dans les mémoires, puisque l’armée américaine est restée dans le bourbier irakien pendant 8 ans et 9 mois. Une intervention militaire déjà soutenue activement par Bolton à l’époque.

L’Iran dénonce un sabotage diplomatique des USA

Cependant, pour le moment, le scénario d’un affrontement entre les deux pays semble loin. L’objectif des Etats-Unis serait surtout d’isoler internationalement l’Iran, limiter son expansion dans la région et limiter les ressources économiques du régime iranien. L’Iran n’a pas non plus intérêt à un conflit armé avec des conséquences catastrophiques, notamment à un moment où les contradictions sociales et économiques du pays créent un profond mécontentement parmi les couches populaires de la société. Trump entend tirer profit de ces contradictions. Ainsi, en avril, menaçant de sanction, Trump a obligé 8 pays à ne plus acheter de pétrole à l’Iran. Les GRI ont été placés sur la liste des organisations terroristes.

Le fait d’accuser l’Iran pourrait justifier d’autres sanctions. L’Iran qui a vu son économie impactée par les sanctions n’a guère besoin de cela. De fait, ils ont déclaré n’avoir rien à voir avec ce qu’il s’est passé dans le détroit d’Ormuz. Le président iranien Rohani a déclaré lors d’une réunion de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) au Kirghizstan que « ces deux dernières années, le gouvernement [états-unien] fait preuve d’une approche agressive et représente une grave menace à la stabilité dans la région et dans le monde, en violant toutes les règles internationales ». Mohammad Javad Zarif, ministre des affaires étrangères a quant à lui expliqué sur Twitter que les accusations américaines étaient « sans fondement », et accuse les USA de « sabotage diplomatique ». Le Figaro cite le ministère des affaires étrangères iranien pour qui le fait « que les États-Unis aient immédiatement sauté sur l’occasion pour lancer des allégations contre l’Iran [sans] le début d’une preuve fondée ou circonstancielle fait apparaître en pleine lumière le fait que [Washington et ses alliés arabes] sont passés au plan B : celui du sabotage diplomatique [...] et du maquillage de son #TerrorismeEconomique contre l’Iran ».

Les attaques ont eu lieu alors que le Premier ministre japonais Shinzo Abe était à Téhéran pour tenter de négocier entre les États-Unis et l’Iran. L’un des navires était japonais. La coïncidence est frappante.

On peut au moins formuler deux hypothèses. La première que les Etats-Unis accusent l’Iran quand bien même ils n’y sont pour rien afin de faire capoter les négociations et tenter d’isoler encore un peu plus l’Iran d’un point international. Une deuxième hypothèse consiste à penser que l’Iran est à l’origine de ces attaques afin de montrer leur capacité d’impacter le passage par le détroit d’Ormuz. Le Washington Post explique que le détroit « est l’une des voies de transport de pétrole les plus cruciales au monde. Environ un tiers du trafic pétrolier mondial passe par le détroit, bordé par l’Iran et Oman. En 2016, 18,5 millions de barils de pétrole y étaient acheminés chaque jour, ce qui en faisait la voie maritime la plus importante au monde pour les approvisionnements en pétrole de nombreux pays ». Avec ces attaques le prix du pétrole augmente. En mai, les prix du pétrole avaient augmenté de 5 %. L’Iran peut montrer par cette démonstration qu’ils peuvent répondre aux sanctions des USA. Déjà en juillet dernier, Hassan Rouhani avait laissé entendre que l’Iran avait le pouvoir de perturber gravement le commerce du pétrole dans le golfe Persique, d’après le Washington Post. Mais c’est un jeu dangereux. Surtout avec l’impulsif Donald Trump qui s’est entouré de néo-con qui n’attendent que cela.

D’après le Washington Post, si le passage par le détroit d’Ormuz devenait inaccessible, « les exportations mondiales de pétrole expédiées diminueraient d’environ 30%. L’offre globale de pétrole baisserait d’environ 20%, selon les chiffres compilés avant l’entrée en vigueur des récentes sanctions américaines sur les exportations de pétrole iraniennes ». Un choc pétrolier qui serait une catastrophe. Un tel scénario conduirait à une intervention militaire états-unienne, soutenue sans doute par nombre de pays impérialistes.

Bien qu’un conflit semble pour le moment loin, le fait d’envoyer toujours plus de militaires dans la région et d’envoyer des bateaux militaires accompagner les pétroliers dans la région accentue grandement le risque d’incident qui pourrait avoir des répercutions funestes.

 
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