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La Izquierda Diario
15 de avril de 2019 Twitter Faceboock

HYPOCRISIE
Schiappa et Denormandie lancent une « brigade anti-discrimination » : une vaste arnaque
Cléo Rivierre

Marlène Schiappa et Julien Denormandie annoncent ce lundi le lancement d’une « brigade anti-discriminations » : une tentative de donner un vernis progressiste à un gouvernement qui n’a, en réalité, rien à apporter aux personnes opprimées.

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Ce lundi 15 avril, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, et Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, annoncent la création d’une « Brigade anti-discrimination » (BADI). Cette mission se matérialiserait d’abord par une plateforme accessible depuis Facebook, regroupant des acteurs institutionnels, associatifs et privés. Les victimes de discrimination pourraient contacter cette plateforme afin d’être redirigés vers ces différents acteurs. De plus, la BADI devrait mettre en place « des actions de sensibilisation aux discriminations » mais également tester l’efficacité des politiques déjà existantes pour ensuite proposer de nouvelles mesures.

Pour accompagner le lancement de cette plateforme, les deux ministres ont déployé tout un discours se voulant progressiste. La tribune qu’ils ont signée dans le journal Le Parisien pour annoncer le lancement de la « brigade » commence avec ces termes : « En France, tous les citoyens sont égaux devant la loi. Chacun doit pouvoir accéder aux mêmes logements, postuler aux mêmes emplois, sortir dans les mêmes restaurants et ce, quelles que soient la couleur de sa peau, sa religion, son orientation sexuelle… Oui, mais en pratique, ces droits formels ne sont pas toujours réels. De trop nombreuses personnes sont encore discriminées ».

Devant l’ampleur de la réalité du racisme, du sexisme et de toutes les autres oppressions en France, on pourrait se réjouir que des mesures soient prises pour en minimiser les effets. Cependant, on peut douter que cette « brigade » mise en place par la gouvernement apporte réellement une amélioration pour les personnes opprimées.

Marlène Schiappa et Julien Denormandie parlent de « sensibiliser toute la société afin d’abaisser le seuil de tolérance qui subsiste face à la haine » : une logique fondamentalement individualisante et dépolisante. Au lieu de s’attaquer aux racines de ces discriminations, ils ne se proposent que d’en traiter les conséquences, en transformant le problème des oppressions en un simple problème moral, celui de la « haine » envers les autres – quand en réalité, les discriminations individuelles, par exemple à l’emploi ou au logement, sont la manifestation de tout un système de domination et d’exploitation qui place des catégories entières de la population dans une position subalterne.

Il n’est pas surprenant que les ministres restent dans une logique individuelle et dépolitisée lorsque l’on sait que dans le maintien de ce système de domination et d’exploitation, l’État joue un rôle central. Il est notamment le garant de « l’ordre républicain » : c’est lui qui organise les forces de répression qui écrasent les Gilets jaunes qui se révoltent contre des conditions de vies inacceptables et pour plus de démocratie, ou encore qui depuis des dizaines et des dizaines d’années s’en prennent très violemment aux habitants – majoritairement racisés – des quartiers populaires. L’ « ordre » maintenu en place par l’État, c’est aussi celui dans lequel une majorité de la population doit se salarier, se faire exploiter pour survivre – tandis qu’une minorité vit justement de l’exploitation des autres.

La volonté du gouvernement de se donner une image progressiste relève donc d’une grande hypocrisie. La démonstration en est faite notamment au travers des réactions à l’organisation d’un stage anti-raciste par le syndicat Sud Éducation 93 : cette année, l’Éducation Nationale s’est « contentée » d’envoyer un mail menaçant au personnes ayant prévu de participer au stage qui comporte notamment un atelier en non-mixité pour les personnes racisées. En 2017, le gouvernement était allé encore plus loin vis-à-vis du même stage : Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, avait porté plainte pour « diffamation » contre le syndicat à propos du même stage, dont le descriptif évoquait le « racisme d’État ».

D’une part, l’État se défend donc d’être un des garants principaux du maintien d’un ordre raciste (lois islamophobes, violences policières, discours visant à accuser les immigrés et réfugiés de tous les maux, etc.) ; et d’autre part, il va même jusqu’à réprimer les tentatives réellement progressistes de lutter contre les oppressions. Ce qu’il faut en comprendre, c’est que pour l’État, la seule lutte contre les « discriminations » qui soit acceptable, c’est celle qu’il met lui-même en place et qu’il contrôle, tandis que toutes les tentatives d’auto-organisation et de luttes collectives seront réprimées car trop subversives et menaçant « l’ordre républicain ».

Crédit illustration : Elene Usdin

 
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