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La Izquierda Diario
18 de mars de 2019 Twitter Faceboock

Déclaration d’Agnès Buzyn
Le Grand débat. Une excuse pour revenir sur l’âge de la retraite ?
Sadek Basnacki

La ministre des solidarités et de la santé a affirmé que repousser l’âge de la retraite était évoqué dans les consultations du Grand débat. Une occasion en or pour le gouvernement pour allonger la durée de travail.

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Ce dimanche, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn s’est dite favorable à un allongement de la durée du travail, c’est-à-dire repousser l’âge de la retraite.

A l’antenne du « Grand Jury RTL-“Le Figaro”-LCI » elle a expliqué que c’était une position personnelle. Pourtant, elle a également souligné qu’elle envisageait de « proposer un allongement de la durée de travail » lors des discussions avec les partenaires sociaux « dans le cadre de la réforme générale » des retraites. On ne peut pas imaginer un seul instant que la ministre chargée par Macron de se pencher sur le dossier des retraites soit en total roue libre. Il faut donc voir dans ses déclarations une tentative de sonder l’opinion comme le gouvernement Macron le fait depuis le début de son mandat.

L’illusion du vieillissement de la population pour repousser l’âge de la retraite

Agnès Buzyn a d’abord expliqué que « la question de l’âge de départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite ». Avant d’expliquer que la population n’était pas assez intelligente pour comprendre le système des retraites. « Moi, j’entends ces débats. Le président de la République avait pris lors de sa campagne l’engagement devant les Français de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite. Après, nous allons mener une réforme des retraites pour rendre les retraites plus universelles, plus compréhensibles pour les Français et avoir un système qui pérennise notre système par répartition, peut-être que cela, ça sera en discussion avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme générale ».

Contrairement à ce que dit Agnès Buzy, qui utilise l’argument d’autorité « je suis médecin » pour expliquer qu’elle voit « que la durée de vie augmente d’année en année, elle augmente moins vite ces dernières années mais elle a considérablement augmenté », c’est faux.

En 2014, d’après la Banque Mondiale, l’espérance de vie en France était de 82,67 ans, d’après l’INSEE en 2018, elle est de 82,35 ans, après avoir baissé à 82,27 ans en 2015 et 2016. C’est une aberration de faire croire qu’après une vie de travail on peut, à 65-67 ans, faire le même travail qu’à 35-40 ans. Les longues maladies, les troubles musculo-squelettiques etc qui sont liés à une vie de travail ne sont sans doute pas commun aux sénateurs, aux parlementaires, aux ministres qui passent leur vie le cul vissés sur les sièges rembourrés des hémicycles ou des bureaux et qui ne le lèvent que pour aller à la cantine ou au Fouquet’s (depuis samedi c’est plus compliqué d’y aller).

Après cette interprétation de l’espérance de vie propre à nos gouvernants, Agnès Buzyn nous a montré une fois de plus la logique très spéciale de notre soi disante élite sur le chômage.

Non, le nombre d’actif ne baisse pas !

« Est-ce que, alors que le nombre d’actifs diminue, nous allons pouvoir maintenir sur les actifs le poids des retraites qui vont augmenter en nombre et en durée ? Nous savons que cet équilibre-là va être de plus en plus difficile à tenir ». Si Agnès Buzyn ne sait pas lire les statistiques sur l’espérance de vie, elle ne sait pas non plus lire celles sur la population active. D’après l’INSEE, il y avait en décembre 2018, toutes catégories confondues (A, B, C, D et E) en France métropolitaine (excluant les colonies où le taux de chômage est bien plus élevé) 6, 296 millions de chômeurs, auxquels il faut ajouter les milliers de personnes qui ne sont pas comptabilisées. Selon, l’INSEE, sur la dernière décennie, « la population active âgée de 15 à 64 ans a augmenté de 1,0 million de personnes en France métropolitaine. De plus, les retraites comme le chômage sont des dus. Ce sont des droits que la classe ouvrière a conquis et que nous nous couvrons en travaillant, en offrant de la plus value au patronat. Lorsque l’on voit que le gouvernement a supprimé l’ISF, fait des cadeaux au patronat avec le CICE, on sait que l’argent pour financer les retraites est là.

La cerise sur le gâteau, est sans doute la justification de la ministre sur les raisons qui l’ont poussé à avancer cette mesure. Elle a avancé que c’était une mesure mise en avant lors de la grande consultation pour le grand débat qui l’a poussé à vouloir proposer cette mesure.

Le Grand débat sert le rouleau compresseur néo-libéral

En effet, en fin d’émission, alors qu’on lui faisait remarquer les réactions suscitées sur les réseaux sociaux par ses déclarations, la ministre a développé. « Ce que j’ai dit, c’est que j’ai vu ces propositions remonter du grand débat. A partir du moment où les Français l’évoquent, c’est sur la table. A partir du moment où toutes les propositions qui sont amenées par le grand débat vont être étudiées, nous étudierons celle-là comme les autres. Elle n’est pas [mise] sur la table aujourd’hui par le gouvernement ». La grande consultation était ouverte à tous. Il a été relevé que si peu de Gilets Jaunes ont participé à cette supercherie, beaucoup de macronistes y ont apporté leur participation.

Cette proposition que Buzyn met sur le dos de la soit disante démocratie participative n’est qu’une légitimation par une consultation non démocratique (il n’y a qu’à regarder l’ingérence du gouvernement dans le Grand débat pour le constater) de réforme ultra libérale. Macron depuis le début de son quinquennat plus que discuté a toujours dit qu’il avait été élu avec un programme et qu’il allait l’appliquer car c’était la mission que lui ont donné les électeurs. Ici, le gouvernement explique que ce n’était pas dans le programme mais que c’est l’ensemble de la population qui, à travers la consultation du Grand débat, leur demande de revenir sur l’âge de départ à la retraite.

Un enfumage de plus du gouvernement qui cherche des appuis là où il peut. Il faut que les Gilets Jaunes, avec les syndicats s’unissent autour de cette question pour faire reculer le gouvernement qui avance à pas de loup.

Crédit photo : capture d’écran vidéo RTL

 
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