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La Izquierda Diario
3 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

"Moi aussi j’aimerais vivre"
Vie de château pour Brigitte Macron, vie de galères pour les femmes Gilets Jaunes
Cécile Manchette

Sur les réseaux sociaux et dans les médias les Gilets Jaunes s’indignent des dépenses du couple présidentiel (comme les 500 000 euros de frais engagés pour changer la moquette de l’Elysée). Et plus particulièrement, des dépenses engagées pour le statut de première dame de Brigitte Macron. Pour toutes celles qui aujourd’hui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, les dépenses publiques pour la première dame de France sont indécentes. Il y a celles qui sont tout, et celles qui ne sont rien.

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Crédits photo : THIBAULT CAMUS/ AFP

"Brigitte coûte 40000 euros par mois pour être un pot de fleur quand des millions de mères galèrent à élever seules leurs enfants." peut-on lire sur un groupe Facebook de Gilets Jaunes. Une phrase qui résume bien à elle seule le gouffre qui sépare la vie quotidienne de la première dame de France de celle de millions de femmes en France et dans le monde. Brigitte Macron a été rapidement érigée dans la presse mondiale comme un "symbole du style et féministe" en raison de son mariage avec un homme plus jeune qu’elle. Elle aurait ainsi "décomplexé les femmes de plus de 50 ans" peut-on lire dans un article de Gala.

Pourtant les préoccupations quotidiennes de la majorité des femmes, comme sont venues l’exprimer à la face du monde les femmes Gilets Jaunes mobilisées, sont de savoir comment vivre, jongler entre vie professionnelle et vie familiale au détriment souvent de leur propre santé et bien être. "Les extras je me les autorise vraiment pour les enfants s’ils ont besoin d’une paire de chaussures, mais sinon je ne le fais pas. Moi par exemple je ne m’achète pas de vêtements, je ne vais pas chez le coiffeur, je ne vais pas chez l’esthéticienne (...) Rien, rien du tout. Mais j’aimerais tellement vivre." raconte Ingrid, Gilet Jaune des premières heures, dans une émission d’envoyé spécial consacrée aux femmes Gilets Jaunes.

On comprend que le montant de 5 000 euros par mois de frais de maquillage pour le couple présidentiel hérisse le poil des Gilets Jaunes. Surtout quand on sait que les dépenses de la première dame de France s’élèvent à un total de 278 750 euros par an, selon la cour des comptes, en prenant en compte l’équipe politique qui l’entoure (un directeur de cabinet, deux secrétaires...), les six bureaux dont elle dispose, le dispositif de sécurité ou encore l’équipe chargée du suivi de son courrier. Certainement que toutes les femmes, mères isolées de France, qui passent leur temps à compter le moindre centime aimeraient elles aussi avoir un tel personnel à leur disposition. Dans les centaines de témoignages de femmes Gilets Jaunes recueillis par la presse, revient souvent le sentiment de se sentir "abandonnées" par l’Etat. On trouve, parmi tant d’autres, le témoignage de Corinne, âgée de 36 ans et mère célibataire, qui retranscrit bien le quotidien difficile, sans aides, source de stress et d’inquiétudes pour une mère isolée : « La société ne prend absolument pas en compte la situation des parents seuls. Toutes aides confondues, je dois bénéficier d’environ 400 euros par mois dont la prime d’activité. Pas d’APL puisque jeune acquéreur, pas de pension alimentaire versée par le père non plus. On m’a bien dit de le faire constater par huissier mais cela me coûterait environ 150 euros. Je ne les ai pas. Après toutes les factures, il me reste 250 euros pour faire les courses. Rien à la fin du mois ».

Où va l’argent public se demandent, à juste titre, les Gilets Jaunes ? Dans la coiffure impeccable de Brigitte Macron, en partie du moins. Pourquoi certaines femmes auraient le luxe de pouvoir prendre soin d’elle, de "vivre" tout simplement, quand d’autres, la majorité, ne le peuvent pas ? Qui représente et défend les intérêts des femmes Gilets Jaunes ? Alors quand Emmanuel Macron a eu une pensée, dans son discours du 10 décembre, pour les "mères isolées, qui élèvent seules leurs enfants et ne parviennent pas à finir le mois", les Gilets Jaunes et particulièrement les femmes se sont senties instrumentalisées et en colère. "Emmanuel, viens passer une journée dans mon service, rends-toi compte de la réalité des choses, viens t’allonger dans un hôpital mais sans privilèges" lui a répondu une infirmière interrogée sur ses propos. Effectivement Macron, le gouvernement et le patronat ont en tête un projet qui vise à casser les acquis sociaux (retraites, sécurité sociale...), les services publics (hôpitaux, école publique...), à "flexibiliser" le marché du travail. Un "projet" néolibéral qui ne fera qu’empirer la situation des femmes, premières touchées par la précarité : encore plus d’insécurité financière, de vulnérabilité sur le marché du travail, de difficultés à éduquer, soigner et nourrir les enfants...

Tel est le sens de la colère légitime qui s’exprime contre la première dame de France au sein des Gilets Jaunes. Une colère contre les dirigeants d’une société dans laquelle il y a celles et ceux qui sont tout, et celles qui ne sont rien. Alors pour celles qui n’ont plus rien à perdre, que les gouvernements successifs ont paupérisé, il s’agit aujourd’hui "de se battre pour l’avenir de nos enfants".

 
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