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La Izquierda Diario
18 de décembre de 2018 Twitter Faceboock

Hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers
Une étudiante étrangère à la présidence de Paris 8 : « Plus que des motions, nous voulons des actions »
Carla Biguliak

La présidente de l’université continue de justifier son incapacité d’agir et nous répond encore une fois par des motions qui ne contribuent en rien à la lutte.

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Crédit photo : Delphine Dauvergne

Lundi dernier, lors d’une réunion d’information avec des professeurs, le personnel administratif, et l‘équipe présidentielle de l’université de Paris 8, nous, les étudiants, avons manifesté notre inquiétude par rapport à la passivité de l’équipe présidentielle face à la décision du Premier ministre Édouard Philippe d’augmenter les frais d’inscription pour les étudiants étrangers.

Notre préoccupation était la suivante : face à cette décision qui compromet la possibilité pour la plupart des étudiants étrangers de continuer leurs études, et ainsi de renouveler leurs titres de séjour en France, la présidente s’était contentée de signer le communiqué de Alliance des Universités de Recherche et de Formation qui se déclarait opposée à la hausse des frais d’inscription. La présidence de l’université se lavait ainsi les mains en affirmant une opposition abstraite à cette mesure, tout en négligeant notre demande de soutien concret à la mobilisation des étudiants, seule perspective pour empêcher le gouvernement d’appliquer cette hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers.

Lors de cette réunion d’information nous avons donc réitéré nos demandes : un soutien publique, à travers un communiqué signé au nom de l’équipe présidentielle de Paris 8, qui s’oppose clairement à cette mesure, mais encore qui déclare le refus de l’appliquer comme cela a été fait à Nanterre, ainsi qu’un soutien matériel à la mobilisation avec l’attribution d’une salle dédiée à l’organisation des étudiants mobilisés, l’accès à la reprographie de l’université pour imprimer des tracts et ainsi informer les étudiants, et surtout la banalisation des cours et partiels les jours de mobilisation comme l’a fait la présidence de Paris 1. Alors que la présidente de Paris 8, Annick Allaigre, laissait entendre qu’elle n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit d’autre que de signer des motions et de faire un travail dans le cadre institutionnel de la Conférence des Présidents d’Université (CPU) pour que le gouvernement retire cette réforme, nous lui avons donc dit que nous n’avions pas besoin de motions, mais d’actions.

Et nous avons obtenu, ce vendredi, une réponse de sa part : une autre motion votée en Conseil d’Administration, qui nous fait voir que sa position n’a pas bougé d’un millimètre. L’équipe présidentielle de Pairs 8 veut ainsi nous faire croire qu’elle compte faire face à une immense attaque contre l’université publique en répétant, tout doucement depuis un fauteuil, que faire payer plus cher les étrangers n’est pas trop correct, et sans perspective de mobilisation.

Cependant, les aspects les plus alarmants dans cette motion sont les suivants : d’une part, la présidente opère un chantage en conditionnant son soutien à la mobilisation à ce que les étudiants mobilisés respectent l’université. Elle fait ainsi mine d’ignorer que nous, étudiants mobilisés, non seulement la respectons, mais nous mobilisons pour la défendre bec et ongles, car le droit à l’éducation nous semble élémentaire, et est remis en cause par la décision d’un gouvernement qui veut préparer sa privatisation. D’autre part, tandis que, dans d’autres universités comme à Paris 1, la présidence de l’université, prenant la mesure de l’attaque sans précédent de ce gouvernement contre l’université publique, annonçait la banalisation de tous les cours afin que les étudiants puissent se mobiliser, la présidente de Paris 8 nous invite à négocier avec chaque enseignant « d’éventuels aménagements », remettant notre possibilité de nous mobiliser au hasard et à la chance, selon la volonté arbitraire de nos professeurs.

En d’autres termes, d’après la présidente, en plus de travailler dans des conditions précaires, nous, les étudiants étrangers, devons suivre des cours, les valider sans même savoir s’ils nous seront utiles l’année prochaine, nous battre avec les professeurs les plus réticents à la banalisation, avec la bureaucratie qui tente de tuer notre lutte et organisation, et faire reculer le gouvernement Macron. Tout cela, sans savoir si dans six mois nous pourrons continuer à étudier et à vivre en France.

Cette motion désastreuse a été votée à l’unanimité moins une abstention, ce qui montre que même les syndicats élus par les étudiants et censés défendre nos intérêts se sont soumis à la passivité de la présidence. Pour notre part, nous continuerons à nous organiser et à dénoncer le fait que la non-banalisation des cours est une forme de répression administrative contre les étudiants mobilisés, et en particuliers des étudiants étrangers, dont le renouvellement du titre de séjour dépend essentiellement de la validation des cours, et ne peut nous inciter qu’à bloquer la fac pour pouvoir nous mobiliser.

La situation politique montre que nous pouvons gagner contre le gouvernement Macron-Philippe et faire retirer cette mesure injuste et xénophobe, et imposer le droit à l’enseignement libre et gratuit pour tous. La présidente de l’université Paris 8, où plus d’un étudiant sur 5 est étranger, doit soutenir publiquement et activement la mobilisation contre cette mesure, sans quoi se pose la question de sa légitimité à diriger notre université.

 
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