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La Izquierda Diario
26 de septembre de 2018 Twitter Faceboock

Intervention impérialiste
Trump encourage un coup d’État militaire et une intervention au Venezuela
Milton D’León, Caracas

Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue mardi, Trump est revenu à la charge en faveur d’une intervention au Venezuela. Dans son discours à l’ONU, Donald Trump a appelé à une aide internationale pour "restaurer la démocratie au Venezuela". Le même jour, il a prédit qu’un coup d’Etat militaire contre Maduro pourrait triompher "rapidement".

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La ligne interventionniste s’est déployée à travers plusieurs discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Le groupe de Lima a tenu une réunion en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, dont le siège de l’organisation accueillait dans le même temps une réunion appelée par la Colombie pour discuter de « la crise migratoire » des Vénézuéliens. Dans chacune des réunions, l’impérialisme a affiché sa politique interventionniste plus menaçante contre le Venezuela.

Lors d’une réunion avec le président colombien, Iván Duque, alors que l’Assemblée générale des Nations Unies se tenait, Trump a déclaré que Maduro "est un régime qui, franchement, pourrait être vaincu très rapidement si l’armée décidait de le faire".

Trump a ouvertement encouragé les forces armées à mener un coup d’Etat contre Maduro, tout en confirmant qu’il maintenait l’option militaire sur la table face à la situation au Venezuela.

Son vice-président, Mike Pence, a également nourri l’idée d’un conflit éventuel, mettant en garde contre le déploiement de troupes vénézuéliennes à Táchira, région frontalière, dans des opérations censées lutter contre des groupes paramilitaires d’opposition au régime. "Soyons clairs, les Etats-Unis seront toujours du côté de nos alliés pour sa sécurité et le régime de Maduro ferait bien de ne pas tester la détermination du président américain ou du peuple américain", a déclaré M. Pence lors de la réunion au sujet de la crise migratoire au Venezuela.

Lors de cette réunion sur la question de l’immigration, organisée par la Colombie, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza qui avait exprimé son désir de participer, s’est vu refuser l’accès. M. Pence a également annoncé un nouveau programme d’aide de 48 millions de dollars pour les pays d’Amérique latine qui accueillent des réfugiés et des migrants vénézuéliens, ce qui porte à 95 millions le montant total de l’aide américaine.

Peu avant cette intervention de Trump devant l’ONU, le secrétaire du Trésor des Etats-Unis, Steven Mnuchin, a annoncé de nouvelles sanctions aux membres du cercle proche de Maduro, ainsi qu’à d’autres responsables. Parmi les personnes sanctionnées, outre Cilia Flores la femme de Maduro, figure l’ex-chancelier et vice-président vénézuélien actuel, Delcy Rodríguez ; le ministre du pouvoir populaire pour la communication et l’information, Jorge Rodríguez (frère de Delcy Rodríguez) ; le chef de la défense, le général de division Vladimir Padrino López ; et Rafael Sarria, un entrepreneur devenu riche sur le dos de l’État et considéré comme la principale figure de proue du numéro deux de Chavez, Diosdado Cabello.

Dès lors, dans son discours à l’ONU, Trump a attaqué de manière offensive en déclarant que : "Nous demandons aux nations rassemblées ici de nous aider dans l’appel à la restauration de la démocratie au Venezuela". Dans le même temps, il a sanctionné les hauts fonctionnaires du gouvernement de Maduro et d’autres personnages considérés comme des figures de proue de haut niveau gouvernemental. Et nous savons tous à quoi l’impérialisme fait référence quand il est question de « rétablissement de la démocratie » : une ingérence directe dans un pays souverain pour créer un gouvernement fantoche à la botte des Etats-Unis.

Un appel qui a rencontré un écho non négligeable, à commencer par le "groupe de Lima" composé de la majorité des droitistes continentaux : Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Guatemala, Guyana, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou et Santa Lucia, ainsi que l’Équateur. C’est par les Chanceliers de ce groupe que la situation au Venezuela a été abordée au siège des Nations Unies par les Chanceliers de ce "Groupe".

L’Argentine, le Chili, la Colombie, le Paraguay et le Pérou ont reporté à mercredi la signature d’une pétition demandant à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur le Venezuela, initialement prévue mardi. Le président argentin, Mauricio Macri, a confirmé en tout cas qu’au moins son pays, attaquerait les prétendus "crimes contre l’humanité de la dictature vénézuélienne" devant la CPI.

Le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo, a déclaré que les pays du groupe de Lima chercheraient des "mesures supplémentaires" pour tenter de ramener la "démocratie" au Venezuela, sans préciser le type de mesures. Il a ajouté "je ne veux pas les anticiper car ils nécessitent un processus d’analyse préalable » mais ces actions seront "analysées très attentivement" et chercheront à "créer les conditions pour enfin créer à nouveau la démocratie et la liberté au Venezuela. »

En ce qui concerne les déclarations de Trump à propos du coup d’État militaire au Venezuela, le représentant américain auprès de l’Organisation des États américains (OEA), Carlos Trujillo, a déclaré que "l’armée vénézuélienne est attachée à la constitution du Venezuela et que la constitution du Venezuela, la démocratie, n’est pas célébrée aujourd’hui et qu’elle doit être reconnue. "] Ajoutant que les vénézuéliens « doivent réfléchir à ce qui est le meilleur pas vers l’avenir pour leur propre pays". Voici un appel clair à un coup militaire que les Etats-Unis reconnaîtront immédiatement.

Rappelons qu’à la mi-septembre, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Luis Almagro, a déclaré qu’une intervention militaire contre le gouvernement Maduro ne pouvait être exclue. "En ce qui concerne l’intervention militaire visant à renverser le régime de Nicolás Maduro, je pense qu’il ne faut exclure aucune option", avait-t-il déclaré lors d’une conférence de presse sur le pont binational Simón Bolívar, à quelques mètres de la frontière avec le Venezuela. Mais les pays du groupe Lima vont-t-ils se lancer dans une aventure de ce genre ? Il y a beaucoup de limites en ce moment pour une telle intervention.

Les menaces américaines ont augmenté encore plus depuis l’arrivée de Trump à la Maison Blanche. Le 11 août, il avait déclaré que "nous avons beaucoup d’options pour le Venezuela, y compris une option militaire si nécessaire". Pour mener à bien sa politique interventionniste, il a à ses côtés l’ancien secrétaire d’État, Rex Tillerson ; son ambassadeur à l’ONU, Nikki Haley ; et son conseiller à la sécurité nationale, Herbert Raymond McMaster. "Nous avons des troupes dans le monde entier, dans des endroits très, très éloignés, le Venezuela n’est pas loin et les gens souffrent et meurent", a ajouté ce personnage impérialiste sur un terrain de golf.

Cynisme pur et hypocrisie complète du gouvernement Trump. Trump est loin de s’intéresser aux souffrances du peuple vénézuélien et moins aux questions de "démocratie" ou de libertés démocratiques. Les États-Unis n’ont pas la moindre légitimité pour parler de ces questions. Il est le pays le plus violent en matière des droits de l’homme au monde et n’a pas hésité à entreprendre des génocides pour soutenir des dictatures barbares dans le passé ou même des interventions militaires actuelles : Irak, Afghanistan, pour n’en citer que quelques-uns.

Le gouvernement de Maduro et tous les membres haut placés du gouvernement profiteront sûrement du discours belliciste de Trump pour afficher un faux profil anti-impérialisme. À l’heure actuelle, le gouvernement de Maduro a réagi par l’intermédiaire de son chancelier, Jorge Arreaza, assurant que le pays se défendrait en cas d’intervention étrangère. Il a déclaré lors d’une conférence de presse à l’ONU que "notre armée nationale bolivarienne, notre peuple, nos milices sauraient résister, sauraient se défendre". "L’exemple du Vietnam ne serait peut-être pas à la hauteur de ce que le peuple vénézuélien peut faire quand il décide, comme il l’a fait depuis 200 ans, d’être libre", a affirmé Mme Arreaza.

Le gouvernement de Maduro, affaibli par la crise économique qui dure depuis près de cinq ans avec des niveaux catastrophiques, a entraîné la population dans une souffrance plus vive en favorisant le capital financier et les créanciers internationaux en payant une dette extérieure frauduleuse. C’est pourquoi chaque posture « d’anti-impérialisme » n’est qu’un papier de verre et ne peut pas passer par des déclarations dans le vide.

La catastrophe nationale qui existe au Venezuela est la grave crise d’un capitalisme dépendant. En effet, la "faillite" du pays est due au fait que ni Chavez ni Maduro n’ont rompu les liens économiques avec les impositions impérialistes. Ils ont aggravé la dépendance de la rente et le mécanisme de subordination en payant la dette extérieure. Dans le même temps, la bourgeoisie nationale traditionnelle et la nouvelle bourgeoisie née du régime chaviste ont permis et favorisé le drainage de revenus pétroliers (la gigantesque fuite des capitaux).

Nous devons rejeter catégoriquement toute cette ingérence et toute agression impérialiste mais aussi toute la politique du « cipayisme » (mot qui désigne ceux qui vendent le pays à une puissance étrangère) de la droite continentale. Aujourd’hui comme hier, ils encouragent à nouveau les coups d’État militaires afin d’imposer des gouvernements dociles à leurs objectifs politiques ; Nous avons vu comment ils ont progressé avec le coup d’État institutionnel au Brésil avec l’imposition frauduleuse de Michel Temer, dans un pays où les forces armées participent de plus en plus à la vie politique, comme dans les décennies passées. Il est également catégorique de rejeter toute tentative de coup d’État militaire au Venezuela.

Cependant, ce rejet de l’ingérence et de l’agression impérialiste américaine n’implique aucune approbation du gouvernement Maduro, loin d’attaquer les intérêts de l’impérialisme et de ses partenaires vénézuéliens face à la crise économique que traverse le pays. Les mesures prises affectent les travailleurs et les pauvres par le biais de mesures d’ajustement, et plus encore, appliquent une série de mesures économiques et politiques d’ouverture aux transnationales dans le domaine du pétrole et des mines.

Les opérations de violations des droits démocratiques et humains à travers les fonctionnaires corrompus du gouvernement national et leurs actes de répression - qui sont toujours plus violents pour la classe ouvrière quand elle proteste pour leurs droits -, ne pourront être défaits que par l’action des travailleurs vénézuéliens, pas les gouvernements de la bourgeoisie impérialiste américaine ou d’autres pays, avec leurs alliés de la droite continentale. Les conditions de vie ne seront pas meilleures suite au coup de force pro-impérialiste de l’opposition. Les travailleurs en alliance avec les plus pauvres de la ville et des campagnes, dotés d’une politique totalement indépendante, doivent être les porte-drapeaux du rejet de toute ingérence et agression impérialistes.

Traduction : Elise Duvel

 
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