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La Izquierda Diario
28 de août de 2018 Twitter Faceboock

Vu sur Irrécupérables !
Message à celles et ceux qui relativisent l’homophobie et la transphobie du pape

A vous qui ne ménagez pas vos efforts pour nous convaincre que les propos du pape ne sont pas homophobes, nous avons des choses à vous dire.

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Article paru initialement sur Irrécupérables !

[Propos homophobes du pape : appel à rassemblement. Aucune résignation face aux offensives homophobes de la hiérarchie catholique. Le mardi 28 août à 18 h 30 devant la Nonciature de Paris Événement Facebook : https://www.facebook.com/events/256875291631488/]

– Vous produisez l’historique des propos ‘progressistes’ du pape (« Qui suis-je pour juger… », etc.) pour nous convaincre de sa sincérité. Nous n’oublions pas qu’il y a un T dans LGBTI, celui de Trans. En février 2015, le pape avait condamné les personnes trans « pour ne pas reconnaître l’ordre naturel » et les avait comparées à des bombes atomiques. Est-ce un message d’amour ‘progressiste’, pour vous ? Pourquoi “oublier” de tels propos dans vos historiques ? N’oublions pas qu’il y a 10 jours encore, une agression coûtait la vie à une femme trans, Vanesa Campos, et qu’on recense depuis 2008 2609 victimes de meurtres transphobes.

  •  Tout à votre historique, vous oubliez le passé très récent. Quelques heures avant les propos que vous jugez bienveillants à l’égard des enfants homosexuel-les, le pape s’affichait avec le cardinal Barbarin. Ce soutien de la Manif pour tous est un opposant à l’égalité des droits qui s’est illustré par des propos à la violence homophobe la plus crasse, où il comparait homosexualité, polygamie et inceste. C’est aussi une personne mise en examen pour avoir caché des agressions sexuelles de prêtres sur des enfants. Quand on s’affiche avec un homophobe complice de pédophiles, est-on crédible quand on prétend vouloir le bien-être des enfants homosexuel-les le lendemain ? Surtout quand un autre prêtre vous accuse d’avoir caché des faits de pédophilie ?

    – Quitte à faire un historique de la « bienveillance » de la hiérarchie catholique à l’égard des personnes LGBTI et des femmes, pourquoi ne pas parler de l’opposition très organisée du Vatican à l’éducation à la sexualité à l’école fondée sur les études sur le genre, du financement depuis le milieu des années 90 de réflexions pour contrer les mouvements LGBTQI et féministes, du financement des réseaux anti-IVG (IVG que le pape compare aux crimes nazis) qui ont abouti au maintien d’un avortement clandestin et criminel notamment en Argentine, de l’approbation aux thérapies de conversion organisées par les églises (tentative à Bayonne), de la non-condamnation des prêches homophobes (messe homophobe du 15 juillet retransmise par France Culture, par exemple) etc ? Pourquoi ne pas dire, dans vos historiques, que le Catéchisme n’est toujours pas réformé, qu’on peut y lire que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés » (art. 2357) et que « les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté » (art. 2359) ?

    – Vous affirmez que nous n’aurions pas vu la vidéo intégrale, que nous sommes sous le coup de l’émotion, qu’il s’agit d’une « fake news ». Nous serions donc, à vos yeux, incapables d’expertiser un sujet qui nous concerne directement, sur lequel nous nous penchons depuis des décennies, alors que l’on remarque une propension de votre part à produire des historiques lacunaires. Nous avons bien pris connaissance de l’intégralité des propos du pape et les avons bien compris.

    – La réponse du pape est certes marquée par une rhétorique bienveillante de façade qui appelle au dialogue entre les parents et un enfant « aux tendances homosexuelles » et qui condamne l’exclusion de l’enfant. Or, cette bienveillance n’est en rien contradictoire avec la doctrine homophobe du catholicisme : aime le pêcheur, mais condamne le péché. En France, Christine Boutin s’est fait une spécialité de ce jésuitisme (« Les personnes homosexuelles, je les aime », tout en indiquant que l’homosexualité est une abomination). Cette hypocrisie et ce double discours dictent les conditions de cette “bienveillance”, à commencer la chasteté. L’Église accepte les homosexuel-les si elles et ils ne sont pas homosexuel-les. Non, ce n’est pas de la bienveillance, c’est demander aux personnes homosexuelles de renoncer à ce qu’elles sont, de lutter contre leurs “penchants”.

    – Dans toute son intervention, l’homosexualité est considérée comme un problème. Le premier conseil que donne le pape est de… prier. La prière est la base des “thérapies de conversion” qui reposent sur une lutte interne avec soi-même pour guérir de l’homosexualité. Le dialogue avec l’enfant est qualifié de « défi ». Un coming out est assimilé du point de vue des parents à l’expression d’une « inquiétude de son fils ». Les parents aussi sont inquiet-es, et il faut les rassurer, d’où la mention de la psychiatrie (qui est une branche de la médecine visant à soigner des maladies mentales) mais jamais leur dire que l’homosexualité de leur enfant n’est pas un mal, ni un problème. Cette bienveillance n’est que le revers de la médaille d’une conception homophobe.

    – Le pape maîtrise les mots. Le service de presse du Vatican a retiré le mot « psychiatrie » de la retranscription, révélant ainsi l’hypocrisie du pape. Quand il utilise ce terme « psychiatrie », il sait que l’homosexualité était considérée comme une maladie mentale à soigner pour l’OMS jusqu’en 1990, et que c’est encore le cas pour les personnes trans notamment en France à travers la psychiatrisation de la SOFECT. Il sait que cela a valu pour les homos et les trans des enfermements, des électrochocs, de la castration chimique de la part des psychiatres. Il sait que la psychiatrie imposée est une façon de discriminer, d’enfermer, de stigmatiser. Il sait que les personnes trans et intersexes ont encore à subir l’emprise de la psychiatrie forcée sur leur vie, notamment les enfants confrontés à « l’inquiétude » des parents. Pourquoi relativiser le poids d’un tel « mot » ?

    – La référence à la psychiatrie intervient alors que le pape se demande : « à quel âge se manifeste cette inquiétude (sic) de son fils ? » S’il est enfant, « il y a beaucoup de choses à faire par le biais de la psychiatrie pour voir comment sont les choses. C’est autre chose quand cela se manifeste après 20 ans ». Il n’est pas question de dialogue, il n’est pas question d’autres solutions que la psychiatrie pour les jeunes enfants aux tendances homosexuelles : à 20 ans, le problème est autre, selon le pape.

    – Si nous avons parfois besoin de soutien psy (psychologue, psychanalyse, psychiatre), ce n’est pas parce que nous sommes homos, bis ou trans, et que notre identité serait un problème. C’est parce que nous sommes sans cesse confrontés à l’homophobie et la transphobie. En relativisant les propos du pape qui font de l’homosexualité un problème à prendre en charge psychiatriquement à l’enfance, vous niez les conséquences qu’ont les haines anti-LGBTI sur nos vies, qui se traduisent par exemple par un surtaux de suicide, notamment chez les adolescent-es. Ce surtaux de suicide, vous ne contribuez pas à le faire baisser en défendant l’indéfendable.

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