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La Izquierda Diario
15 de mars de 2018 Twitter Faceboock

Black-out médiatique sur les fermetures d’usines dans le Nord
Avec l’argent public, les patrons de l’acier licencient : 15.000 emplois menacés d’après la CGT
Flora Carpentier

A l’appel de la CGT Métallurgie, des milliers de travailleurs ont manifesté ce jeudi à Valenciennes et Dunkerque, aux côtés des retraités et personnels des EHPAD, pour dénoncer les attaques tous azimuts du gouvernement Macron. Alors que la région Nord constitue l’un des bassins industriels les plus importants du pays, les patrons de la Métallurgie dilapident des millions d’argent public dans des PSE, au détriment de milliers d’emplois. Alors que certaines usines ont déjà fermé, la CGT craint un véritable « effet domino » menaçant jusqu’à 15.000 emplois.

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Pour tenter de briser le silence des médias, la CGT avait convoqué une conférence de presse le 6 mars à Valenciennes, pour dévoiler ses inquiétudes sur l’avenir de l’industrie métallurgique dans le Nord. Le géant de l’acier Vallourec venait en effet d’annoncer, le 28 février, la fermeture d’une partie de sa tuberie de Saint-Saulve et la suppression de 164 emplois.

L’usine Vallourec Saint-Saulve en danger

Premier fabricant mondial de tubes, destinés majoritairement à l’industrie du gaz et du pétrole, Vallourec procède depuis des années au sacrifice de l’emploi dans ses usines françaises, comme le décrivait Ludovic Bouvier, responsable de la CGT Métallurgie : « Le 28 février, la direction de Vallourec a annoncé la fermeture d’une partie de sa tuberie, avec à la clé 164 licenciements. Le premier PSE a eu lieu en 2004, puis un second en 2014, et déjà les effectifs avaient diminué de moitié. Dans le même temps ils ont fermé le laminoir de la tuberie de Saint-Saulve avec un PSE, soit 495 licenciements. L’an dernier, Vallourec avait exprimé sa volonté de se séparer de l’acierie de Saint-Saulve, qui est finalement devenue Ascoval, puisqu’il y a eu une lutte importante à l’époque et qu’on a pu imposer qu’il y ait un repreneur. Mais on savait très bien que tout ça était bancal, et 9 mois après le groupe Ascometal a déposé le bilan. Ca a été alors un retour à l’envoyeur, puisque Vallourec détenait encore 40% de l’acierie (cédés depuis à Smolts). Aujourd’hui, on attend la décision du tribunal de Strasbourg, mais on sait qu’au bout c’est la mort programmée de l’acierie et de ses 300 emplois. »

Fermetures d’usines : la CGT dénonce l’« effet domino » et craint pour 15000 emplois

Pour la CGT, il n’y a pas de doute : les travailleurs des différentes usines sont tous concernés par ce massacre de l’emploi : « Il faut rappeler aussi que l’année dernière ils ont fermé l’acierie des Dunes à Dunkerque, rappelle Ludovic Bouvier. On avait déjà prévenu que ça provoquerait un effet domino. Là les sites de Denain vont être directement concernés, tout comme le laminoir de Dunkerque qui menace de fermer. Nous on voit plus large au niveau du territoire et de la région, et on comprend bien comment ils ont décidé de sceller le sort de la filière sidérurgie sur le nord. C’est de ça dont il s’agit. C’est au bas mot 5000 emplois, qu’on peut multiplier par 3 avec les emplois induits, qui vont être touchés. On ne peut pas laisser passer ça, il n’est pas possible qu’on mette 5000 voire 15000 familles à la rue. On a une industrie ferroviaire qui est la première du pays, de même avec l’industrie automobile, donc qu’on ne vienne pas nous dire qu’on n’a pas besoin de l’acier ! Les usines doivent impérativement être préservées. »

Des millions d’argent public en cadeaux aux patrons

Ludovic Bouvier insistait également sur le fait que « Vallourec a touché l’année dernière des montants très importants d’agent public, 250 millions dans un premier temps, et au total 650 millions, sans compter le PSE, pour 2500 emplois supprimés en 4 ans. Cet argent public a servi en partie à la casse sociale, mais aussi à prendre le contrôle d’une usine en Chine, et une partie d’une usine en Ukraine. Quand on y regarde de près, ce qui est programmé c’est la fin de l’acier dans le nord, et on continue de donner de l’argent public au patronat pour assurer le coût de la casse sociale. C’est d’autant plus insupportable. Et on a toute une classe politique, locale, régionale et nationale, qui aujourd’hui fait des déclarations, je pense notamment à Xavier Bertrand, en disant « on est aux côtés des salariés de Vallourec et d’Ascometal pour défendre l’emploi ». Il faut arrêter l’hypocrisie ! Les seuls défenseurs de l’emploi aujourd’hui, c’est nous !

De l’argent il y en a. Côté bourse tous les feux sont au vert. On leur donne de l’argent public, ils font des profits très importants et ensuite ils licencient, pendant que les actionnaires touchent des rémunérations incroyables. Philippe Crouzet le PDG de Vallourec, c’est 760.000 euros et 550.000 euros de bonus, et là un article a annoncé qu’il doublait son salaire. Donc la réalité elle est là aussi ! »

Des terrains convoités pour une zone portuaire et l’extension de Toyota, sans annonce officielle

« On sait très bien qu’ils veulent récupérer les terrains, poursuivait Ludovic Bouvier. Il y a des travaux qui sont faits tout autour des usines, il y a toute une zone portuaire fluviale qui doit être créée et qui va être agrandie, dans le cadre du canal Seine Nord. Et Macron n’est pas venu à Toyota pour rien : nous avons des informations sérieuses que Toyota a eu des garanties de récupérer des terrains pour pouvoir installer une zone logistique sur les terrains de l’acierie et de la tuberie de Vallourec.

Pour couronner le tout, une autre entreprise a annoncé qu’elle ne paierait plus les salaires à partir de mars, c’est Hamon D’hondt à Fresnes-sur-Escaut, pour les mêmes raisons que les deux sites de Vallourec puisque l’usine est sur la même rive. Ils fabriquent des tours réfrigérées pour l’industrie du pétrole, ça concerne environ 150 salariés. Ils n’ont pas fait d’investissement, ils ont plombé toute la trésorerie, du coup pour retrouver un repreneur chapeau ! »

La délocalisation de l’industrie ferroviaire, revers de la réforme de la SNCF ?

L’industrie ferroviaire est également dans le viseur, explique Ludovic Bouvier : « L’acierie Ascometal de Vallourec et l’usine Valdunes de Trith sont jumelées : l’acier arrivait directement d’Ascometal à l’usine de Vallourec pour fabriquer des ronds-essieux pour le ferroviaire, qui reviennent ensuite à Trith pour être usinés. Ils ont fermé l’aciérie et vont maintenant chercher l’acier en Chine et dans les pays de l’Est - soit dit en passant, ce ne sont pas forcément des usines homologuées SNCF, ils ont fait des dérogations. On peut donc aussi se poser la question de la sécurité des usagers à l’avenir. Parce qu’à Saint-Saulve on fait des aciers de haut niveau de qualité. »

« Mais le sort de l’acier n’est pas scellé, poursuit-il. Il y a eu la grève à Vallourec et pour nous il faut imposer par la lutte le maintien de l’emploi. On a aussi des discussions avec nos camarades cheminots, puisqu’il y a un véritable lien entre l’industrie ferroviaire en France et la réforme de la SNCF. Celle-ci va aussi porter un impact très fort à l’industrie de l’acier, avec tous les problèmes de sécurité que cela pourra engendrer à l’avenir. On a un exemple flagrant en Europe, c’est l’Angleterre, où les trains se cassent la gueule régulièrement. »

« On ne va pas laisser faire »

« On sait bien que toute cette casse est favorisée par les ordonnances Macron et la loi travail, qui permet d’accélérer les PSE, comme on l’a vu aussi chez Carrefour et Pimkie. D’ailleurs à l’UL CGT on voit bien les conséquences : tous les jours, on reçoit 4-5 salariés qui viennent nous voir parce qu’ils ont été licenciés et qu’ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Depuis janvier, c’est brutal. »

Pour autant, la CGT refuse de porter un discours fataliste : « Le capital défend ses intérêts sur le long terme, donc nous aussi on a intérêt à nous défendre, défendre nos usines. On ne va pas laisser faire », assure Ludovic Bouvier. Après avoir manifesté par milliers ce jeudi, « le 22 mars on manifestera avec les cheminots, les métallos, le commerce, le service public… on est dans la construction de l’action interprofessionnelle car on sait bien qu’il n’y a pas de politique industrielle sans service public et qu’il n’y a pas de service public sans politique industrielle. »

 
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