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La Izquierda Diario
7 de mars de 2018 Twitter Faceboock

8 mars et lutte des femmes
Non Macron, Non Schiappa, l’émancipation des femmes n’est pas entre vos mains !
Cécile Manchette
Nima Santonja

Pourquoi descendre dans la rue pour défendre les droits des femmes quand tant de représentants politiques nous jurent mettre en place l’égalité hommes-femmes à grand coup de lois et de réformes supposées "progressistes" ? Que reste-t-il à conquérir pour les femmes et minorités de genre dans la rue ? « Notre mot d’ordre, c’est de dire que l’Etat est de retour pour les femmes » a déclaré la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, caution féministe du gouvernement Macron, mardi soir, clôturant son « tour de France de l’égalité ». Ces mots suffisent-ils à nous convaincre de rester chez nous le 8 mars et au-delà ? En ce jour de mobilisation et de grève à l’échelle l’internationale pour les droits des femmes et personnes LGBTI, nous manifesterons dans la rue pour rappeler que l’émancipation des femmes n’est pas entre les mains d’un Edouard Philippe, d’une Marlène Schiappa ou d’une Muriel Pénicaud, mais qu’elle est encore aujourd’hui, et qu’elle a toujours été hier, entre les mains de celles et ceux qui, exploité-es et opprimé-es, se soulèvent pour leur propre émancipation.

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Cette année la journée internationale des droits des femmes se tient dans un contexte politique international marqué par une offensive de politiques néolibérales, racistes, sexistes. C’est également le retour sur le devant de la scène de mouvements de femmes (Ni Una Menos, MeToo`...). Avec le mouvement Metoo, la question des violences de genre, son ampleur et son caractère protéiforme, a ainsi émergé dans le débat public.. Les politiciens et le gouvernement ne sont pas restés longtemps silencieux. Macron et d’autres ont opté pour un discours moralisateur et culpabilisateur invitant les femmes à « sortir du silence » puis, pour tirer la couverture à eux, ont annoncé que l’égalité femmes-hommes serait la cause du quinquennat et la sortie d’un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. Mais quelle confiance pouvons-nous avoir en ces promesses de libération à l’allure de stratégie de communication bien rodée ?

Schiappa bille en tête contre les violences sexistes et l’égalité femmes-hommes

Le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles était discuté ce mercredi 7 mars et sera présenté fin mars. Il vise notamment à allonger à 30 ans après la majorité le délai de prescription pour les mineurs victimes de viol, à fixer l’âge du consentement sexuel à 15 ans et à mettre en place une pénalisation pour outrage sexiste sous forme d’amende de « 90 à 750 euros » et « uniquement sur le flagrant délit ». Cette dernière mesure, dont Marlène Schiappa est à la tête, permet au gouvernement de circonscrire la question des violences sexistes à la question du harcèlement de rue. Et par là même de dissimuler les affaires d’agressions sexuelles qui prolifèrent dans les rangs de l’assemblée. Il est à parier que Darmanin et Hulot, encore loin d’être sanctionnés par la justice, ne prendront (même) pas une prune de 750 euros.

La volonté du gouvernement ? Apparaître comme un élément actif, défenseur d’un "nouveau féminisme", de réponses soit disant innovantes, aux questions des violences de genre, alors même que deux ministres sont empêtrés dans des affaires de viols et d’agressions sexuelles. Il s’agit également de canaliser ce qui pourrait se cristalliser comme un nouveau mouvement des femmes quand un peu partout dans le monde les gouvernements sont accusés d’être complices, d’être des agents, de la perpétuation des violences faites aux femmes aux côtés des institutions étatiques.

L’égalité femmes-hommes : des mots, toujours des mots.. Rien que des mots

François de Rugy a ajouté que la féminisation de l’assemblée nationale était « un progrès qui ne s’est pas fait en un jour » mais via « des lois de progrès et d’égalité ». Il doit penser notamment au principe d’à travail égal, salaire égal - énoncé pour la première fois dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, reconnu en 1972 – ou encore à la loi Veil en 1975.Pour autant, contrairement à cette volonté de célébrer des lois ou des personnalités politiques, l’accès au marché du travail, le droit de travailler, de divorcer, d’avoir un compte en banque, d’avorter est le résultat de luttes de femmes (et d’hommes également), menées à des moments de luttes intenses, politiques et économiques, révolutionnaires, par la rue d’abord, contre l’Etat, comme en mai 1968 en France.

Aujourd’hui, si toute conquête de nouveaux droits serait à défendre, permettant d’améliorer la condition des femmes, l’égalité devant la loi n’est pas l’égalité dans la vie. Quoiqu’en disent les lois, les femmes gagnent 9% de moins que les hommes à poste équivalent et 25% en moyenne de moins que les hommes tous postes confondus, et sont exposées à toute sorte de violences de genre jusqu’aux féminicides (des centaines en France chaque année).

Muriel Pénicaud s’est récemment indignée que le principe à travail égal, salaire égal ne soit pas respecté depuis « 35 ans ». Pour réduire l’écart et "faire respecter" l’égalité femmes-hommes, Schiappa et le gouvernement promettent « une cinquantaine de mesures ». Des annonces qui sonnent creux quand on sait que les ordonnances Loi Travail passées en 2017 vont conduire à la suppression des CHSCT qui prenaient en charge les question des violences sexistes ou encore à des licenciements facilités. Parce qu’en temps de crise, quand il faut « serrer la ceinture », les femmes, les plus précarisés, opprimés, se retrouvent très souvent en première ligne : licenciements, chômage…

Les femmes et minorités de genre en première ligne de la guerre de classe

Le gouvernement Macron qui a le goût de la « la liberté d’entreprendre » quel qu’en soit les coûts pour les salariés encourage ainsi par exemple le faible contrôle de la fraude au travail qui laisse les employeurs libres de différencier les salaires, de trafiquer les contrats…On le sait, la majorité des branches d’activité à prédominance féminine sont précisément celles qui présentent les pires conditions de travail, la plus grande informalité et les salaires les plus bas.

Pour cela, il suffit de regarder du côté des travailleuses et des travailleurs d’Onet, entreprise de sous-traitance du nettoyage, dans la région Paris-Nord qui sont rentrés en grève au mois de novembre dernier et en sont ressortis victorieux. Quand il s’agit de maximiser les coûts, les entreprises de sous-traitance n’hésitent pas à rogner sur les droits des salariés. Sur qui les travailleuses peuvent-elles compter quand Onet décide d’attaquer leurs droits ? Sur ce gouvernement qui encourage la privatisation, la sous-traitance, promulgue des lois à l’avantage des employeurs ? Cet Etat et ses institutions qui relèguent aux femmes toutes les tâches de soins, d’éducation, des enfants et qui les obligent à travailler en temps partiel ou à se mettre au chômage ? Ce gouvernement qui veut détruire l’accès à une couverture sociale et une retraite pour tous et toutes, et qui exposent ces dernières à des situations matérielles et sociales les fragilisant face à leurs employeurs ? Elles ont expérimenté, dans une grève de 45 jours, qu’elles ne pouvaient compter que sur elles mêmes, leurs collègues et tous celles et ceux qui les ont soutenu, étaient de leurs côtés, contre leur employeur, la police, la SNCF - et l’Etat.

La lutte pour les droits des femmes se mène par la grève et dans la rue !

On le comprend bien, l’État gouvernant sous un système capitaliste n’a d’intérêt de défendre la cause féministe que pour remonter dans l’opinion publique tout en jouant le double jeu du patriarcat pour mieux encadrer l’exploitation des plus vulnérables de la société (femmes, minorités de genre et racisé-es en première ligne). Ces "avancées progressistes", donc particulièrement illusoires, dépendant d’ailleurs très souvent de la marge de manoeuvre des gouvernements bourgeois qui ne se gardent pas, en cas de crise et même en parallèle de ses annonces soi-disant progressistes, d’attaquer celles et ceux qu’il prétends défendre : les femmes et minorités de genre en première ligne de la guerre de classe.

Comme nous le rappelions, l’histoire du mouvement des femmes est liée à celle des luttes pour des conditions de travail et de vie dignes contre leurs employeurs, l’Etat qui les réprime. L’histoire de luttes comme celle menée par les travailleuses d’Onet qui avec d’autres secteurs, avec leurs collègues hommes, avec la majorité des femmes peuvent se mettre en grève, bloquer l’économie, revendiquer des droits, et exiger par exemple que les tâches de soin des enfants, de soin, soient prises en charge par l’Etat.

Pour obtenir plus que quelques miettes, pour obtenir des droits pour toutes, pour atteindre l’égalité dans tous les domaines de la vie et les bases matérielles nécessaires pour y accéder, pour rendre hommage à toutes celles qui se sont battues pour les droits obtenus aujourd’hui et pour aller plus loin, cette journée du 8 mars, de mobilisation et de grève, doit être une journée où ce sont les voix des femmes, des étudiantes, des travailleuses, des chômeuses, des précaires, qui doivent se faire entendre sur leurs lieux de travail, d’étude et dans la rue.

Nous n’attendons pas de Macron, de Schiappa, de l’Etat capitaliste de libérer les femmes, les travailleuses, les opprimé.es : la libération des femmes et des opprimé.es est bel(le) et bien entre nos mains !

 
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