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Film autocensuré post-attentat

Ciné. « Made in France » mais pas vu en France

Après les attentats de Charlie Hebdo, d’aucuns revendiquaient une certaine liberté d’expression. Après les attentats du 13 novembre, certains revendiquent l’unité nationale, au risque d’accepter l’autocensure, oubliant tout concept de la liberté d’expression. Cette mémoire poreuse amène à une ascension liberticide qui doit s’arrêter. Car quand les arts sont censurés, c’est le peuple qui est bâillonné. P. Rosso

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« Made in France », le film qui s’autocensure

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Réalisé par Nicolas Bouhkrief, le thriller Made In France qui devait sortir au cinéma mercredi 18 novembre, ne sera finalement peut être pas projeté du tout dans les salles obscures. L’histoire d’un journaliste indépendant, allant à la recherche d’informations dans une cellule djihadiste ayant pour but la mise en place d’attentats en plein cœur de Paris, cela sonne presque aujourd’hui comme un film d’anticipation. Ayant déjà connu quelques difficultés avec les distributeurs après les attentats à Charlie Hebdo, c’est maintenant ceux du 13 novembre qui sont la cause d’un dernier report, voir même d’une sortie en DVD/VOD, laissant de côté les salles de cinéma.

« La menace vient de l’intérieur »

N’oublions pas que faire un film est un acte politique, c’est choisir de créer une œuvre qui reflétera la société dans laquelle elle est née, volontairement ou non. C’est apporter son point de vue de la réalité, c’est créer son propre récit de l’Histoire, c’est affirmer sa liberté. Le Cinéma est un moyen de communication.

« Il y aura un temps pour montrer ce film, mais il faudra pour cela que nous soyons sortis de celui du deuil et du traumatisme » disent le réalisateur Nicolas Bouhkrief et ses producteurs dans le magazine Première.

Choisir de ne pas diffuser ce film, c’est choisir de ne pas laisser le peuple s’exprimer, et c’est refuser de lui permettre la catharsis. La peur du réalisateur de voir son film fonctionner, ou non, à cause du contexte actuel, est compréhensible, mais il est indispensable qu’il comprenne que les spectateurs savent faire la différence entre fiction et réalité.

Cet été, le film « Un français », traitant de la radicalisation d’un homme dans le milieu d’extrême droite, a lui subi une censure de la part des distributeurs. Plus de 50 avant-premières annulées dans toute la France, en raison de la crainte des commentaires haineux affluant sur la toile. En arriverait-on à parler de terrorisme français, de la part d’un parti clairement identifié ?

Voilà les preuves, et il y en a d’autres ces dernières années, d’une frilosité de plus en plus présente de la part des distributeurs, et d’une autocensure inacceptable de la part des producteurs, voir des réalisateurs, qui n’osent plus affirmer une identité visuelle, et un message politique ou non. A cause du système capitaliste dans lequel nous survivons, il est presque impossible de voir dans les multiplexes des films à petits moyens, offrant une pluralité de point de vue dont n’importe quel art doit être pourvu.

A l’heure où Canal Plus devient la seule entreprise capable d’offrir les financements nécessaire à la réalisation de films en tout genre (mais pas de Made in France en l’occurrence…), il est de notre devoir de refuser un risque d’uniformisation du septième art, comparable à celui des médias.

Il ne s’agit pas ici de faire l’éloge du film Made In France, car seul une presse dominante invitée aux projections test à eu l’occasion de le voir. Et c’est bien là qu’est le problème, c’est dans le choix d’aller le voir ou non que réside une part de la liberté du peuple, nous enlever ce choix, c’est penser qu’une société en état de choc ne doit plus s’exprimer, c’est faire le jeu des terroristes, et surtout de ce système liberticide qui se referme sur nous depuis trop longtemps.


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