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Candidat réactionnaire

Zemmour et l’économie : un programme néo-libéral sur fond de xénophobie

Alors que les sondages mettent à présent Zemmour devant Marine Le Pen au premier tour des présidentielles, le polémiste d'extrême-droite a profité de sa dernière conférence à Lille pour dévoiler les premières ébauches de son programme économique. Un programme classique de la droite libérale, 100% bourgeois et avec le soutien de plusieurs millionnaires.

Yann Causs

8 octobre 2021

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C’est une première depuis le début de la campagne d’Éric Zemmour, qui n’est pas encore officialisée mais qui ne fait que peu de doutes : le dernier sondage Harris Interactive pour Challenges annonce qu’il dépasse Marine Le Pen dans les intentions de vote pour le premier tour des présidentielles 2022. Il arrive ainsi en deuxième position derrière Emmanuel Macron avec 18% des intentions de vote, deux points de plus que la candidate du Rassemblement National.

Si le polémiste progresse dans sa campagne au plus grand détriment du RN et de LR - Eric Zemmour séduit aujourd’hui 30% des électeurs de Marine Le Pen et 31% de ceux qui ont voté François Fillon en 2017 - sur un terrain ultra réactionnaire en radicalisant le discours raciste et islamophobe de l’extrême droite, Eric Zemmour ne s’est encore que peu exprimé sur les questions économiques.

C’est un aspect qu’Eric Zemmour développe très peu mais qu’il a commencé à dévoiler lors de sa dernière conférence à Lille, signe ici aussi qu’il continue sa mue de polémiste à candidat à la présidentielle dont les questions économiques sont une étape nécessaire. Nous le disions déjà il y a quelques semaines : il ne fait aucun doute qu’Eric Zemmour défend un projet ultra-libéral et pro-patronal. Le squelette de programme économique qu’il a présenté à Lille confirme les propos qu’avait recueillis Capital auprès de « l’équipe économique du candidat ». Derrière un discours protectionniste de l’industrie française et une rhétorique autour de la valeur du travail pour toucher l’électorat populaire de droite, se cache en réalité une véritable liste de Noël pour le patronat : baisse d’impôts de production, baisse des impôts sur les sociétés, réductions des charges sociales... tout comme la hausse de l’âge de départ de la retraite à 64 ans avec la fin des régimes spéciaux.

Les premières propositions économiques du polémiste n’ont rien de révolutionnaire à droite. Au contraire, comme l’affirme Jean-Hervé Lorenzi auprès du Figaro, « c’est un devoir libéral classique d’un étudiant qui a bien travaillé ». Tellement classique qu’il se retrouve très proche des autres candidats déclarés à droite, de Macron à Bertrand sur les retraites, et jusqu’à Pécresse sur la baisse des impôts de production et Fillon en 2017 sur la baisse de 50 milliards d’euros des prélèvements fiscaux. En cela, économiquement Zemmour ne s’éloigne pas de la droite classique pro patronale, il démontre son soutien au grand patronat, là où Marine Le Pen a pu rebuter la bourgeoisie sur les retraites ou le Frexit.

Encore plus, et cela n’est pas nouveau, Le Figaro nous révèle qu’Eric Zemmour tire ce programme de ses relations avec le patronat. On y retrouve les « entrepreneurs avec Zemmour », mais aussi l’ancien dirigeant de la SNCF et de Elf-Aquitaine Loïk Le Floch-Prigent qui donnerait au polémiste des cours d’économie. Parallèlement, comme l’a révélé Radio France, un ancien de la banque de Rothschild qui travaille aujourd’hui chez JP Morgan dirige la cellule économique du quasi-candidat. De nouvelles révélations qui s’ajoutent à la longue liste de soutiens issus du grand patronat et des dîners organisés avec Stanislas de Bentzamm, un très riche entrepreneur, Henri de Castries, ancien patron de Axa, Nicolas Tavernost, patron de M6, ou encore Bernard Delpit, numéro 2 de Safran. Nous pouvons ici aussi rappeler les liens particuliers qui l’unit à Vincent Bolloré qui n’a cessé de lui donner une tribune à ses idées réactionnaires, de même que Charles Gave et Edouard Stérin, fondateurs de la fourchette et de Smartbox.

Un début de programme qui peut potentiellement continuer de fracturer la droite dans sa volonté d’incarner un projet d’union de l’électorat de droite de LR et l’extrême droite du RN. S’il reprend un programme économique classique du néo-libéralisme, il le fait en l’articulant avec son domaine de prédilection qu’est l’immigration et la question identitaire. En radicalisant les positions racistes et réactionnaires de l’extrême droite, il se distingue sur le canon traditionnel de la droite des promesses fiscales. Là où Fillon envisageait la hausse de la TVA et la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, Zemmour place la privation de l’accès aux aides sociales et à la santé pour les étrangers. Tout un discours ultra réactionnaire et islamophobe par la construction fanatique de l’ennemi intérieur musulman qui vient donc s’articuler à des mesures économiques classiques pro-patronales de la droite. La montée de Zemmour dans les sondages au détriment de la chute de Marine Le Pen et la stagnation des candidats LR peut amener le polémiste à caresser le rêve d’unir ces deux électorats.

Sans surprise, Zemmour est un énième candidat des riches qui défend les intérêts directs du patronat au détriment de la classe ouvrière. En réalité, sur le terrain économique, Eric Zemmour se place dans la même perspective de politiques néo-libérales et anti-sociales que le gouvernement actuel et ceux avant lui. À cela, tout comme au gouvernement et à la droite qui veulent maintenir les coordonnées pro-patronal lors des élections, il est essentiel de leur opposer le poids de celles et ceux qui ont incarné l’opposition à Macron et aux réactionnaires depuis cinq ans. Que ce soit les mobilisations contre les réformes anti-sociales, les Gilets Jaunes, les violences sexistes, le racisme et les violences policières ou la destruction de l’environnement.

Comme nous l’écrivions il y a quelques semaines, c’est « un défi que souhaite relever Anasse Kazib dont la candidature entend depuis le départ incarner « une orientation révolutionnaire et lutte de classes, indépendante de la gauche de gouvernement, y compris de ses variantes les plus « radicales ». Une candidature sans illusion électoraliste, mais qui cherche à opposer à la radicalisation de la droite, une voie véritablement radicale, celle d’une candidature de classe et porter à large échelle l’idée que les travailleurs et la jeunesse doivent prendre leurs affaires en main s’ils ne veulent pas payer la facture de la crise ».


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