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Un confinement, vraiment ?

« Vivre avec le virus » ou l’impasse sanitaire du gouvernement

A l’aune de ce troisième confinement (qui n’en est pas un), Macron fait en réalité un nouveau « pari ». Après celui du « trou de souris », le chef de l’Etat s’est de nouveau refusé à prendre de réelles mesures sanitaires à la hauteur d’une situation devenue hors de contrôle, avec le risque du débordement des hôpitaux. Un nouveau « pari » sur nos vies qui illustre bien que le gouvernement a fait le choix de vivre avec le Covid conformément aux désidératas du MEDEF.

Margot Vallère

22 mars 2021

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Cela fait un peu plus de trois mois que les mesures de couvre-feu passées de 20H à 18H ont été mises en place par le gouvernement afin de ralentir la propagation du virus. Au début du mois de février, alors que la situation sanitaire était préoccupante et que nombre d’épidémiologistes exprimaient la nécessité d’un confinement « pro-actif » plutôt qu’en réaction, Castex s’était contenté d’annoncer, en plus du maintien du couvre-feu à 18h, la mise en place de nouvelles mesures répressives comme la fermeture des frontières et le renforcement des contrôles policiers.

En somme, seul contre l’avis unanime de la communauté scientifique qui alertait sur la situation de « plateau ascendant », le chef de l’Etat avait fait le pari de ne pas reconfiner le pays, évitant à tout prix de mettre un nouveau coup d’arrêt à l’économie. Dans cette perspective, le gouvernement alterne depuis plusieurs mois entre de nombreuses mesures toutes aussi inefficaces que restrictives pour la population qui n’en peut plus. En effet, cela fait maintenant une année que la peur du virus fait partie de nos vies et que nous avons intégré les gestes barrière à notre quotidien, plusieurs mois que nous vivons à moitié. Et ce n’est pas tant que le virus est « maître du temps » que la stratégie du gouvernement qui mène à l’impasse.

C’est en ce sens que la mise en place jeudi dernier de ce « faux confinement » révèle de manière flagrante l’échec total de la stratégie du gouvernement. Une stratégie du « bol d’air » qui illustre un confinement nouvelle génération prenant en compte l’« acceptabilité » de la population. Et cette acceptabilité est de moins en moins forte dû fait de l’épuisement de la population quant aux mesures de restriction en vigueur depuis le début de la crise sanitaire.

L’échec du « pari » vaccinal

Derrière ce troisième « confinement », c’est aussi l’échec sur toute la ligne de la stratégie de vaccination qui était censée endiguer l’épidémie. Car si le gouvernement affirme être en bonne position face aux autre pays européens concernant la situation vaccinale, les chiffres de la vaccination en France sont en réalité catastrophiques avec environ 3% de la population seulement ayant reçu les deux injections nécessaires.

Au début du mois de mars, le gouvernement qui admettait du bout des lèvres un certain retard dans la vaccination avait osé rejeter la faute sur les soignants et les médecins qui ne seraient pas allés assez vite. Olivier Véran les avait alors fustigés de laisser les doses « dormir dans les frigos et pharmaciens et des médecins. ». Macron avait de son côté annoncé qu’il refusait de confiner tant qu’il y’aurait « des vaccins dans le frigo ». Par ailleurs, l’exécutif vient d’annoncer l’ouverture tardive de vaccinodromes pour rattraper son retard, une mesure extrêmement tardive prise quatre mois après l’Allemagne. Mais aussi une mesure qui se fera avec le concours de l’armée dont les traits autoritaires sont à dénoncer.

« Confiner » ou bien « vivre avec le virus » pour le bien-être du MEDEF ?

A la mi-mars et alors que le variant britannique, plus contagieux mais aussi plus létal était devenu majoritaire, remplaçant la souche originelle dans de nombreuses régions, Macron a « durci » les restrictions en confinant seize départements. Ainsi, ce sont 21 millions d’habitants qui se retrouvent soumis à des restrictions renforcées de déplacement pour au moins trois semaines. Dans l’impasse de sa stratégie vaccinale et face à une épidémie hors de contrôle, le gouvernement a fait le choix d’un confinement « ultra light » qui du point de vue sanitaire pourrait bien se révéler inefficace.

C’est ce que pointe le professeur Eric Caumes sur RMC : « les semaines qui viennent vont être très difficiles dans certains endroits comme en Île-de-France qui est déjà complètement saturée dans les services hospitaliers. Je ne crois pas que les mesures qui ont été prises permettent de casser la courbe épidémique de manière très spectaculaire ». Il rajoute : « on va laisser la chance au confinement, mais on n’y croit pas beaucoup. D’ailleurs, on ne comprend pas la différence entre ce qu’il s’est passé la semaine d’avant et ce qui se passe cette semaine à part qu’on a gagné une heure de liberté ».

Toujours selon le professeur : "le gouvernement a fait le choix de vivre avec le Covid, on est obligé d’en assumer les risques". Il précise ensuite : « le pari qui a été fait par le gouvernement, c’est de laisser circuler le virus en se disant qu’entre l’immunité vaccinale et l’immunité naturelle, on va pouvoir atteindre l’immunité collective », « mais atteindre l’immunité collective aura un coût et ce coût sera payé par les plus fragiles d’entre nous », assure-t-il.

Un choix dicté par l’ « acceptabilité » de la population… mais surtout par

Dans une interview de Gabriel Attal parue dans le JDD, le porte-parole du gouvernement déclarait « un tiers des Français connaissent des mesures de freinage supplémentaires, mais personne n’est enfermé ! ».

Ce choix de vocabulaire illustre la baisse de l’acceptabilité des mesures de restriction. Dans un contexte où Macron cherche à limiter la casse, l’opinion publique semble se retourner contre lui puisque selon un sondage Odoxa Backbone Consulting pour France Info et le Figaro, 47 % des habitants des 16 départements concernés par le confinement entendent ne pas le respecter ! Un taux qui monte à deux personnes sur trois chez les jeunes. Plus encore, 56 % des personnes interrogées estiment que les restrictions sont « trop contraignantes » et 53 % qu’elles sont « inefficaces ». Ces chiffres témoignent du sentiment de lassitude de la population après un an de contraintes et un discrédit grandissant dans la stratégie du gouvernement.

Dans ce contexte où la cacophonie règne dans les prises de décisions gouvernementales - allant jusqu’à se déjuger lui-même de ses mesures autoritaires (retrait de l’attestation), le risque est bien que l’absence de réelles mesures sanitaires à la hauteur de la troisième vague en cours nous mène dans une impasse. Une impasse qui pourrait comme en témoigne actuellement la situation d’extrême tension dans les réanimations mener à un débordement des hôpitaux. Face à un gouvernement qui a décidé de passer outre la hausse des réanimations, il est plus que nécessaire de prendre nos affaires en mains.


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