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Violences policières. Mohammed, 17 ans, a failli perdre un œil pour avoir grillé un feu rouge

StreetPress a publié le témoignage de Mohammed, 17 ans, qui raconte s'être fait violemment interpellé à Argenteuil le 13 juillet pour avoir grillé un feu rouge en scooter. Les policiers s’en prennent à lui et l’un d’eux lui donne un coup de crosse de LBD dans l’œil qui le blesse gravement.

Margot Vallère

31 juillet 2020

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Début juillet, le média StreetPress avait déjà publié une enquête comprenant 39 témoignages d’habitants de quartiers populaires d’Argenteuil, relatant de violences policières, menaces de mort et de viol, insultes racistes en plus des fréquents passages à tabac organisés, des humiliations quotidiennes et du racket perpétré par la police du Val-d’Oise. Lors du mois de juillet, StreetPress révèle deux nouveaux scandales. D’abord l’histoire d’Anthony, victime d’un tir de flashball à bout portant, alors qu’il marchait, dos à la police après s’être fait gazé sans raison, puis celle de Mohammed qui a failli perdre son œil suite à un coup de crosse de LBD lors d’une interpellation.

Toujours à Argenteuil, Mohammed, un mineur de 17 ans, est victime de deux policiers dans la nuit du 13 au 14 juillet alors qu’il rentrait chez lui en scooter, accompagné d’un ami. Après avoir grillé un feu rouge, alors qu’ils remontent l’avenue Maurice Utrillo, une voiture commence à les suivre. N’ayant pas mis leur gyrophare, Mohammed ne sait pas qu’il s’agit de la police et continue à rouler. Lorsqu’ils l’enclenchent finalement, la voiture se trouve à leur niveau, Mohammed s’arrête et s’attend à une simple amende.

Seulement, quelques secondes après avoir retiré le casque du jeune homme, Mohammed raconte que l’un des deux policiers se jette sur lui et lui donne un coup de crosse de LBD dans l’œil. Le sang coule sur son visage, il crie de douleur et de peur « Oh mon dieu, Allah » ce à quoi les policiers répondent par un coup de genou dans le flanc. Après l’avoir relevé et démenotté, l’un d’eux lui tapote le dos et lui lance « T’as vu, tu n’aurais pas fait de délit de fuite, tu ne te serais pas tapé le poteau. »

Les policiers appellent finalement les pompiers alors que Mohammed saigne toujours abondement et ne voit plus rien de l’œil gauche qui arrivent sur les lieux de l’interpellation trente minutes plus tard. Toujours menotté, il est emmené à l’hôpital et placé en garde à vue. Son ami, emmené au commissariat local n’échappe pas non plus aux coups, raconte encore le jeune argenteuillais.

La mère de la victime n’est prévenue qu’à 1 heure du matin que son fils « a eu un accident de moto » et qu’il se trouve à l’hôpital d’Argenteuil. « Madame, c’est un accident de moto, votre fils a tapé un poteau » lui affirme la policière au téléphone. Devant l’urgence et la gravité de la situation, Mohammed est transféré à l’hôpital Cochin à Paris et après deux opérations, son œil est finalement sauvé, bien qu’il gardera des séquelles physiques, en plus que psychologiques de cet évènement traumatisant pour lui ainsi que pour sa famille.

Comble de cette histoire, la victime est toujours visée par les deux infractions qui lui sont signifiées lors de sa garde à vue, à savoir un « refus d’obtempérer » après ne s’être pas arrêté immédiatement et une mystérieuse « dégradation de bien public » que même l’officier de la police judiciaire n’a pas pu justifier.

Malheureusement Mohammed n’est pas un cas isolé et il existe des centaines de témoignages de jeunes et de moins jeunes, issus des quartiers populaires et des banlieues, qui subissent quotidiennement et de plein fouet les violences policières. Victimes d’une violence verbale et physique, ils le sont aussi d’un système judiciaire à deux vitesses qui ignore délibérément cette réalité, en refusant d’entendre leurs plaintes.

Par ailleurs, si Mohammed n’est qu’une victime parmi tant d’autres, c’est bien parce que, loin de n’être que de simples « bavures », la violence policière est institutionnelle et au cœur du fonctionnement normal des forces de police dans les quartiers populaires dans un but répressif pour museler la population qui est la première à subir la misère, sanitaire comme économique.


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