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« Comme si je l'avais cherché ! »

Une femme défenestrée par son compagnon jugée responsable par la commission d’indemnisation des victimes

En 2003, Aïda devient paraplégique après avoir été défenestrée par son compagnon. Toutefois, la Commission d’indemnisation des victimes a refusé de l’indemniser totalement car celle-ci a été considérée comme partiellement responsable des violences dont elle a été victime.

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L’affaire remonte à août 2013, mais n’a été révélée que récemment par Le Maine Libre, après une deuxième tentative de la part des avocats d’Aïda de l’indemniser correctement. Aujourd’hui, elle est toujours en attente de l’indemnisation fixée à 90.000 euros par la cour d’assise, qui lui permettrait de se soigner correctement et de financer les lourdes conséquences des violences subies.

Mais la légitimité de cette indemnisation a été mise en question par la commission d’indemnisation des victimes car selon le Fond de garantie des victimes (Fgti), il y aurait un « partage des responsabilités », qui inclu de ce fait qu’une indemnisation partielle. La victime subissait déjà des violences de la part de son compagnon d’alors – des gifles et des coups de poing comme le relate l’un de ses avocats - Mathias Jarry. Le 23 août 2013, Aïda a de nouveau été battue par son ancien compagnon qui soupçonnait que le propriétaire de l’appartement la draguait. Après avoir appelé la police pour dénoncer les violences conjugales qu’elle venait de subir, cette dernière a tenté de quitter le domicile et de rejoindre sa famille à Alençon, mais n’a pas pu faute de moyens de transports, plus aucun trains ne circulaient à cette heure-ci. Cette dernière a dés lors dû retourner chez elle.

Et c’est ce que lui reproche le Fond de garantie des victimes ! En effet, puisque cette dernière est retournée chez elle, elle aurait, d’après cette institution, « contribué à son propre préjudice ». Une décision et un jugement scandaleux, qui illustre une nouvelle fois la violence inouïe et structurelle du patriarcat qui traverse et régit l’ensemble de la société et de ses institutions, qui refusent aujourd’hui de prendre en charge dignement les millions de femmes victimes des violences de genre et qui, trop souvent, les juge en partie responsables des violences subies.

Dans le cadre d’une deuxième démarche visant à obtenir l’indemnisation totale, ses avocats ont saisi la Commission d’indemnisation des victimes et d’infractions (Civi), qui a elle aussi, dans un jugement rendu en février, responsabilisé la victime tout comme la Fgti. Aïda, pour qui les droits les plus élémentaires d’indemnisation et de réparation sont aujourd’hui bafoués, se retrouve dés lors dans une période d’attente. Une prochaine audience étant prévue en mai 2019.

Interrogé par l’AFP, le Fond de garantie des victimes a réaffirmé sa position, évoquant en plus une soit disant consommation de... stupéfiants de la victime - niée par ses avocats - pour justifier le refus de l’indemniser ! En ayant l’indécence de déclarer agir par là « au nom de la solidarité internationale ». La solidarité dont ils parlent n’est évidemment pas en faveur de la victime qui, en plus d’être jugée responsable des violences conjugales dont elle a été victime, n’a aujourd’hui même pas accès à la moitié de l’indemnisation dont elle bénéficie à ce jour, bloquée en raison de l’appel. Comme Aïda l’exprime justement : « Je ne comprends pas qu’on dise qu’une personne victime de violences et qu’on jette par la fenêtre soit fautive. Comme si je l’avais cherché ! ».


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