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Coup de gueule

Une étudiante sur l’incendie Lubrizol : "ils négligeront et minimiseront toujours les risques écologiques et sanitaires"

Alors que l’évènement autour de l’incendie de Rouen éclate en pleine mobilisation sur le climat, une étudiante nous dépeint « Un monde où les catastrophes telles que celle de Lubrizol à Rouen ne risquent pas de s'arrêter, au contraire. »

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En allumant la télévision ou la radio ces deux derniers jours, impossible d’échapper à la mort de Chirac, que les media nous rabâchent en boucle. Mais pendant ce temps-là, des choses bien plus graves sont en train de se jouer.

Dans la nuit de ce mercredi 25 au jeudi 26, un incendie s’est déclaré à l’usine Lubrizol de Rouen. C’est une usine qui conditionne des additifs pour les huiles de moteurs, carburants, lubrifiants et peintures. Surtout, elle est classée "Seveso seuil haut" c’est à dire un établissement censé être très surveillé pour éviter les catastrophes. Sauf que…

On a donc là une catastrophe qui n’a pas du tout été évitée, potentiellement dangereuse pour la santé de la population et au niveau écologique.

En pleine mobilisation, alors que nous sommes de milliers de jeunes à être descendus dans la rue pour le climat, cela pose encore une fois la question de la gestion d’une industrie chimique par une petite minorité qui se fiche complètement de la sécurité de la population et de la planète, tant qu’elle peut s’en mettre plein les poches. Et de l’argent, Lubrizol en a : plus d’1 milliard d’euros de bénéfices en 2017.
On pourrait s’imaginer qu’avec tout cet argent, ils pourraient faire un effort pour sécuriser le site, qui est censé être classé comme étant à surveiller ? Non plus... Car ce n’est pas la première fois qu’il y a un incident. Janvier 2013 : des fuites d’un gaz nauséabond, le Mecarptan, sont ressenties jusqu’en Angleterre. 2015 : autre "incident d’exploitation", 2000 litres d’huiles minérales se répandent dans le réseau d’évacuation d’eau de pluie. 

Encore plus révoltant : quand on cherche Lubrizol sur internet, on tombe sur le conglomérat auquel elle appartient, qui lui a fait 24 milliards de dollar de profits en 2017 . Il s’agit de Berkshire Hathaway, dont le dirigeant n’est autre que Warren Buffet, l’un des hommes les plus riches de la planète, qui en 2005 avait déclaré « Il y a une guerre de classe, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner  ». 

C’est cette classe qui aujourd’hui est parfaitement consciente de ses intérêts, parfaitement consciente du danger qu’elle fait courir à l’immense majorité, qu’il s’agisse des travailleurs de ces industries, des populations les plus pauvres qui sont les premières touchées par ces catastrophes industrielles [1], des jeunes à qui ils laissent une planète massacrée sur l’autel de leurs profits.

Demain, c’est à nous, les jeunes, que l’on promet un avenir de plus en plus assombri par la détérioration de notre environnement. Un monde où les catastrophes telles que celle de Lubrizol à Rouen ne risquent pas de s’arrêter, au contraire. Les capitalistes qui dirigent cette usine étaient parfaitement au courant des risques encourus, et pourtant rien n’a été fait ! Après l’incident de 2013, Lubrizol s’en était tiré avec seulement 4000€ d’amende, des miettes par rapport aux profits qu’ils réalisent chaque année. Et aujourd’hui, l’État les couvre encore une fois, en minimisant les conséquences et les effets sur la santé de la population qu’auront la fumée noire de plusieurs kilomètres qui se dégage, les dépôts d’hydrocarbures poisseux qui pénètrent partout. C’est le concours à ceux qui minimiseront le plus la catastrophe. Le préfet affirme qu’il n’y a pas de danger, qu’il suffit de « bien se laver les mains  », Castaner qu’il « n’existe pas d’éléments qui permettent de penser qu’il y a un risque lié aux fumées ». Pendant ce temps, les médias locaux comme 20 minutes relaient le message en parlant d’un « nuage toxique mais pas trop  » !

C’est un certain avenir que l’on entrevoit ici. Un avenir fait de catastrophes industrielles provoqués par la négligence d’une classe capitaliste incapable de respecter des consignes de sécurités, car cela coûte de l’argent. Un avenir à l’atmosphère polluée par des gaz toxiques, des pluies de suie poisseuses où l’on cache les réels dangers aux habitants pour éviter d’avoir à mettre des moyens dans la protection de leur santé. 

Et ce, alors que comme l’a dénoncé le syndicat Solidaires 76 dans un communiqué, les risques sanitaires ne peuvent pas être gérés correctement dans un contexte de crises hospitalière, où les moyens de l’hôpital public sont de plus en plus rognés et où ce sont les soignants du Rouvray, déjà en grève cette année contre la détérioration de leurs conditions de travail, sur lesquels retombe la prise en charge et le suivi psychologique des habitants. 

Aujourd’hui, face à la catastrophe industrielle de Rouen, la colère est notre première réaction. On peut envisager un autre avenir, où la gestion collective et raisonnée de la production permettrait de sécuriser les usines, voire de mettre un terme aux productions qui sont dangereuses pour la santé et pour l’environnement. Mais à la seule condition d’arracher aux capitalistes la gestion de ces industries. Si elles sont dangereuses pour l’environnement ? Tant qu’il y aura un maximum de profits à récupérer ils négligeront et minimiseront toujours les risques écologiques et sanitaires. 

[1] Ce sont les pauvres qui dans l’écrasante majorité des cas, vivent juste à côté des SEVESO. Cf La nature est un champ de bataille, Razmig Keucheyan, 2014.

Crédit photo : AFP - LOU BENOIST


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