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Dernier rempart avant Odessa

Ukraine. Après avoir ravagé Marioupol, l’armée russe intensifie les bombardements à Mykolaïv

Dans le sud de l’Ukraine, la ville de Mykolaïv est bombardée chaque jour depuis le début du conflit. Tandis que les troupes russes peinent à gagner du terrain, les frappes s’intensifient et visent désormais des bâtiments civils, alors que Mykolaïv est le dernier rempart avant Odessa, ville clé pour que l’armée russe prenne le contrôle de l’ensemble de la côte ukrainienne de la mer Noire.

Antoine Weil

22 mars 2022

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Ce lundi, des bâtiments civils, une banque et un hôtel, ont été bombardés dans la ville de Mykolaïv dans le Sud-Ouest de l’Ukraine, sans faire de morts. Si la ville, sur le littoral de la Mer Noire, située à 130 kilomètres d’Odessa, est quotidiennement bombardée depuis le début de la guerre, avec 50 soldats tués il y a encore quelques jours, cette fois les frappes ciblent des bâtiments civils, signe d’un saut dans l’attaque russe contre la ville. Cela s’accompagne de premiers bombardements contre la ville d’Odessa, troisième ville d’Ukraine qui occupe une place stratégique avec son port sur la Mer Noire ; une attaque qui constitue en outre une surprise pour les habitants, pensant être à l’abri tant que les russes butaient sur Mykolaïv.

La ville Mykolaïv justement occupe une position clé : elle est le dernier rempart, c’est à dire la dernière ville d’importance à prendre, sur la route d’Odessa. Cette dernière constitue une cible privilégiée des soldats russes car la prise d’Odessa leur permettrait d’assurer le contrôle total sur la Mer Noire. Des reporters du Monde présents sur place depuis quelques jours relatent l’impact du conflit sur les vies des populations. Par exemple dans le quartier de Koulbalkine, dans lequel vivaient 12 000 personnes avant la guerre, il n’y en a plus que 1 000 désormais, le reste ayant fui, vers l’ouest du pays ou vers l’étranger, alors que plus de 3,2 millions de personnes ont déjà fui l’Ukraine.

Si la ville est intensément bombardée depuis le 24 janvier et le début de la guerre, les troupes ukrainiennes y livrent une résistance féroce. Ainsi la semaine dernière elles ont mené une contre-offensive, repoussant les positions russes à plus de 10 kilomètres de la ville, empêchant donc un encerclement pour le moment. D’après le Monde, cette difficulté de l’armée russe à réaliser ses objectifs militaires explique la montée en intensité des bombardements, avec des tirs sur des cibles civiles : « A Mykolaïv, le péril aérien se renforce alors que, paradoxalement, l’étau terrestre se desserre.

On peut dès lors craindre que la ville de Mykolaïv ne connaisse un sort semblable à celui de Marioupol. Cette ville au Sud-Est de l’Ukraine est encerclée depuis plusieurs semaines, prise en étau entre les zones de Crimée et du Dombass contrôlées par la Russie, qui espère opérer une jonction entre ces deux régions conquises. Faute de pouvoir prendre la ville immédiatement, l’armée russe assiège Marioupol, avec des conséquences désastreuses pour les civils, entre bombardements et coupures d’eau et d’électricité. Il y a encore quelques jours, une école d’art de la ville servant de refuge à des civils a été bombardée alors que 400 civils se trouvaient à l’intérieur.

Si la ville de Mykolaïv résiste encore, sa situation géographique stratégique fait qu’elle va probablement demeurer une cible privilégiée pour les attaques russes, dont les frappes contre des bâtiments civils, couplées à des premiers bombardements à Odessa, sont le signe d’une accélération.

Il apparait dès lors une situation générale d’enlisement, ou du moins de ralentissement prolongé de l’avancée russe, qui comme l’explique certains experts, a échoué à prendre rapidement le contrôle total de l’Ukraine, et, après avoir dispersé ces forces dans cette entreprise, et cherche désormais, par séquence, à réaliser un objectif après l’autre. Aussi, après Marioupol, ses efforts pourraient se concentrer sur Kharkiv et Odessa. De façon générale, un enlisement et une décomposition du conflit, sur le modèle de la guerre en Afghanistan constitue également un risque majeur pour la population ukrainienne.

Dans ce cadre, ni la violence de l’agression russe ni l’OTAN pressé de remilitariser l’Europe, ni même Zelensky qui vient d’interdire 11 partis d’opposition, ne sont des options viables pour la classe ouvrière et la population ukrainienne. Il est urgent d’imposer une politique internationaliste pour offrir une réponse de classe à la guerre et mettre fin à l’agression russe et au régime de Poutine, ainsi que nous le développions dans l’article Ukraine : l’enjeu d’une politique anti-impérialiste indépendante.


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