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Crise sanitaire et sociale

USA. 1169 morts en 24h, 10 millions de chômeurs en deux semaines

Face au Covid-19, les Etats-Unis ont enregistré 1169 morts en 24h entre mercredi et jeudi, soit le bilan le plus haut jamais atteint, auquel s’ajoute une explosion des chiffres du chômage. Pendant ce temps, les capitalistes profitent d'un plan de relance promulgué par Trump.

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912 morts le 31 mars, 1049 le 1er avril, 1169 entre mercredi et jeudi soir. D’après les décomptes de l’université de Johns Hopkins, les Etats-Unis ont enregistré un bilan-record, jamais atteint dans aucun pays. A titre de comparaison, l’Italie observait 969 décès en 24h sur son territoire jeudi 27 mars. Avec 30 000 nouveaux cas de Covid-19 recensés entre mercredi et jeudi, sur le sol américain le centre de l’épidémie est localisé à New York, qui doit faire face à de nombreux décès qui s’accumulent, allant jusqu’à contraindre les autorités locales à disposer au sein même de la ville des camions frigorifiques pour stocker les corps : « c’est une zone de guerre ici. Chaque jour, je ne vois que douleurs et souffrances. On a des patients qui sont trentenaires, qui sont intubés et qui sont très malades » témoignait une soignante de Brooklyn aux journalistes de CNN.

Si le bilan humain s’avère déjà important, le nombre de morts touchés par le Covid-19 en 24h ne semble pourtant pas avoir encore atteint son plafond, la courbe de la pandémie des Etats-Unis accusant deux semaines de retard vis-à-vis de l’Espagne ou de l’Italie. Aussi les responsables de l’administration américaine tablaient ces derniers jours sur des projections portant le nombre de décès entre 100 000 et 240 000 sur le territoire. Une situation dramatique, qui contraste avec les récents propos de Donald Trump qui assurait contrôler la situation, oscillant entre sous-estimation et impréparation coupable. Ainsi déclarait-il le 22 janvier : « Nous avons la situation totalement sous contrôle. Il s’agit d’une personne venant de Chine. Nous avons la situation sous contrôle. Tout va bien se passer ».

Après avoir changé de braquet, passant d’une communication déniant la gravité du Covid-19 à une communication de crise, Trump s’est empressé d’annoncer la semaine dernière un plan de relance de plus de 2 000 milliards de dollars, alors que le taux de pertes d’emplois s’envole, s’approchant des chiffres de la Grande Dépression, comme le relève Juan Cruz Ferre dans New Left : « À titre de comparaison, les États-Unis ont perdu un total de 12 millions d’emplois entre 1930 et 1932. Nous avons probablement perdu au moins ce nombre en deux semaines seulement ». Si le montant du plan de soutien promulgué par le Président des Etats-Unis semble important, 2.200 milliards de dollars, ce sont bien les capitalistes qui sortiront renfloués par cette opération, qui ne laisse que quelques miettes aux travailleurs. Effet, les grandes entreprises industrielles toucheront par exemple 500 milliards, un secteur non-essentiel comme l’aéronautique 25 milliards, lorsque les familles des travailleurs ne pourront compter que le montant d’un chèque de 1 200 dollars (500 dollars supplémentaires par enfant), lequel n’offrira que quelques semaines de répit. Les chômeurs doivent faire face à un système d’assurance-chômage déjà défaillant ces derniers mois alors que le pays connaissait un taux de chômage exceptionnellement bas (en étant malgré tout bien loin d’une situation de plein emploi), les serveurs de déclaration en ligne, obsolètes, cèdent sous cet afflux inédit. Toutes les personnes licenciées devront aussi composer avec une assurance peu protectrice et restreinte qui diffère par ailleurs d’un État à l’autre, alors que l’emploi est souvent la clé d’accès à une assurance maladie dont ils se retrouvent privés. Sans compter tous les travailleurs non-déclarés ou ne jouissant pas du statut permettant de bénéficier de l’aide, déjà particulièrement exposés au virus. Cette fois encore, la formule reste inchangée : pertes publiques, profits privés.

La bourgeoise américaine est aujourd’hui tiraillée sur le degré d’interventionnisme à mettre en œuvre. Certains souhaitent désormais que Trump invoque le Defense Production Act adopté au début la Guerre de Corée pour contrôler la production industrielle. Trump a appelé le secteur automobile, General Motors en tête, pour la production de respirateurs, enjeu critique pour les USA : New-York risque de se trouver à court d’ici six jours.

Alors qu’il ne semble plus possible d’empêcher la propagation du virus, et que les tristes records de mortalité due au Covid-19 se succèdent chaque 24h, il apparaît plus que jamais urgent de revendiquer la création de comités de chômeurs pour coordonner les forces disponibles et les besoins, ainsi que la nationalisation, sous le contrôle des travailleurs, du système de santé et des industries qui peuvent produire du matériel pour vaincre l’épidémie.

Crédit-photo : SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA


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