×

Mal-logement

Trêve hivernale. Une mesure sociale ?

Ce dimanche 1er novembre, comme chaque année, entre en vigueur la « trêve hivernale ». Jusqu’au 1er avril 2016, les locataires ne peuvent plus être exclus de leur logement et ne peuvent se voir couper l’eau et l’électricité. Une mesure sociale ? Pas tant que ça à bien y regarder. Renan Granger

Facebook Twitter

Un court répit pour les locataires, lorsque l’expulsion n’est pas accélérée !

Depuis dimanche, ce sont donc des milliers de locataires menacés d’expulsion qui vont pouvoir souffler. Mais le répit ne sera que de courte durée car la grande majorité d’entre eux se fera effectivement expulser le 1er avril… quand ils ne sont pas d’ores et déjà à la rue.

Car, chaque année, avant la trêve hivernale, les pouvoirs publics accélèrent le rythme des expulsions. Et ce pour une raison simple, c’est que l’État doit payer aux bailleurs les loyers impayés par le locataire durant cette période de cinq mois. En effet, si le préfet n’expulse pas les familles sous un délai de deux mois après la mise en demeure du locataire, le propriétaire peut lancer un recours contre l’État pour lui demander de payer le loyer. Ainsi le gouvernement dédommage les expulseurs, lorsque sa justice et ses forces de répressions n’ont pas été suffisamment réactives.

Cependant l’austérité touche aussi les subventions aux expulseurs ! Pour preuve, les expulsions avant la date fatidique de la trêve hivernale ont bondi encore plus fortement, avec 15% d’augmentation, et ont atteint 11.604 ménages en 2014. Car le gouvernement, dans la droite ligne de la politique de rigueur, presse les préfets à multiplier les expulsions pour limiter ses subventions aux grands propriétaires, du tout bénef encore pour ces derniers ! On aura compris dans quel camp se situent le gouvernement et sa justice de classe.

Et pourtant, des logements, il y en a !

Selon l’INSEE, même si les chiffres sont très surement sous évalués, le nombre de logements vacants en France est de 2.640.600, un chiffre exorbitant en augmentation de 73% en 10 ans ! Rien qu’à Paris, on compte 136.000 logements vides, soit 10,3% du parc, un chiffre qui augmente dans les arrondissements les plus chics. Dans le 8ème arrondissement, ce sont 29,09% qui sont inoccupés ! Ces chiffres recouvrent bien évidemment des réalités très diverses, mais lorsqu’on sait que dans le quartier populaire du 20ème arrondissement, ce sont « seulement » 8,24% des logements qui sont vides, on comprend bien que les 29,09% du 8ème arrondissement ne sont pas tous des logements provisoirement vacants entre deux locations successives. Alors d’où viennent donc ces logements vides ?

Il y a d’abord les bâtiments qui appartiennent à l’État, grand propriétaire foncier, et dont certains restent inoccupés durant des décennies. Il y aussi les résidences secondaires. Enfin, il y a les propriétaires qui ne souhaitent pas louer leur bien, notamment pour des raisons spéculatives. Certaines entreprises immobilières attendent par exemple de pouvoir racheter tous les appartements d’un immeuble pour le rénover et réaliser une plus-value à la revente, ou tout simplement attendre que les prix montent. Une situation largement encouragée par la loi Malandain-Mermez de 1989 promu par François Mitterrand qui ont déréglementé les loyers pour les mettre à l’heure néolibérale, accentuant la hausse des prix et la spéculation.

Face à la crise du mal-logement en France, qui concernerait en 2015, près de 3,5 millions de personnes dont 700 000 sont privées de domicile personnel, s’impose de plus en plus une mesure d’urgence : Un toit pour tous ! Réquisition des logements vides !


Facebook Twitter
Innocent mais sans-papiers. Blessé par le Raid à Saint-Denis, la préfecture veut expulser Ahmed

Innocent mais sans-papiers. Blessé par le Raid à Saint-Denis, la préfecture veut expulser Ahmed

Nestlé et son business criminel de l'eau et du lait en poudre

Nestlé et son business criminel de l’eau et du lait en poudre

Jean Jaurès (1906) : « Le patronat n'a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! »

Jean Jaurès (1906) : « Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! »

Stigmatisation, gentrification : Les gitans de Perpignan laissés pour compte

Stigmatisation, gentrification : Les gitans de Perpignan laissés pour compte


Méga-incendie dans le Var : une nouvelle conséquence dévastatrice de la crise climatique

Méga-incendie dans le Var : une nouvelle conséquence dévastatrice de la crise climatique

#BoycottEquipeDeFrance : la droite et l’extrême droite en campagne contre la dénonciation du racisme

L'injonction (capitaliste) à être heureux

L’injonction (capitaliste) à être heureux

Crise économique. Les milliardaires français sont les plus riches d’Europe