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Contrôle de masse

Transports. Des peines de prison ferme pour avoir "tweeté" la présence des contrôleurs ?

Karel Venuvitch{} Deux mois de prison fermes et 3750 euros d'amende, ce sont les peines prévues dans le cadre de la loi sur la sécurité dans les transports publics pour tout individu signalant publiquement la présence de contrôleurs ou d'agents de sécurité dans les transports en commun. Le texte devrait être adopté en deuxième lecture par les députés.{{}}

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L’assemblée devrait adopter le texte le 2 mars prochain

Réunis ce lundi 15 février en commission mixte paritaire (CMP), sénateurs et députés ont adopté un article de la loi sur la sécurité dans les transports publics prévoyant "que le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support tout message de nature à signaler la présence de contrôleurs ou d’agents de sécurité employés ou missionnés par un exploitant de transport public de voyageurs est puni de deux mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende". Si le texte issu de la CMP doit désormais être discuté le mercredi 2 mars à l’Assemblée en deuxième lecture, il fait peu de doute qu’il sera adopté en l’état. En effet, les sénateurs avait supprimé, fin janvier, la peine de prison instauré par le projet de loi, trouvant la mesure disproportionnée. La commission mixte paritaire pourtant décidé de réintégrer ces peines de prisons, rendant l’adoption du texte inéducable. {{}}

Etat d’urgence et mépris de classe

Les utilisateurs de « Check my metro », qui regroupe les informations sur la présence des contrôleurs, sont évidemment visés mais ce n’est pas tout. Un simple tweet ou un message sur Facebook sur la présence de contrôleurs dans les transports public est désormais suffisant pour gagner un séjour de deux mois en prison.

Comme une vieille rengaine - et pourtant l’état d’urgence n’a été mis en place qu’en novembre dernier - les députés favorables à cet article expliquent que ces mesures sont nécessaires pour intercepter potentiellement des terroristes sans que ceux-ci soient avertis de la présence des contrôleurs et des forces de l’ordre. Un argument peu convainquant quand on sait que les perquisitions et assignations à résidences - plus de 4 000 ! - censées être un moyen pour lutter contre ce même terrorisme, est en réalité plus à même de réprimer les militants et les classes populaires.

Ici aussi, le projet de loi (et cet article en particulier) vise avant tout à lutter contre les fraudes. Après tout, Valérie Pécresse ne disait-elle pas lors de sa campagne pour les régionales que la fraude dans le métro était un premier pas vers le terrorisme ? Cet état d’urgence et la sacro-sainte lutte contre le terrorisme sont en tout cas de véritables cautions pour faire passer toutes les lois liberticides, car il est évident qu’il s’agit, in fine, d’un nouveau prétexte pour surveiller de plus près les réseaux sociaux et ainsi d’accroitre les mécanismes de contrôle de masse. L’exemple de Christophe Couderc, convoqué au commissariat car sa nièce avait publié des messages peu élogieux envers le patron de la clinique du Pont de Chaume sur facebook montre le niveau de contrôle que permet déjà le droit en vigueur.

Dans le même temps, cette mesure incarne tous le mépris de classe qu’ont les hommes et femmes politiques envers les jeunes, les travailleurs et les classes populaires qui fraudent pour pouvoir aller au boulot par les transports en communs et pouvoir ainsi tenir jusqu’à la fin du mois. En réalité, face à la société sécuritaire du « Big Brother » qu’ils nous proposent, et contre la logique qui consisterait à opposer les « fraudeurs » avec les « non-fraudeurs », qui sont en réalité tous deux dans la même situation, pourquoi ne pas revendiquer un métro gratuit, sans flics, sans caméra...et sans psychose ?


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