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Taubira quitte le gouvernement. Mieux vaut tard que jamais ?

Les députés Les Républicains à l’Assemblée avaient eu pour consigne d’éviter les journalistes, eux qui, quatre ans durant, dans l’Hémicycle, pendant leurs meetings ou sur les plateaux avaient fait de Christiane Taubira la cible de leurs insultes, où la misogynie la disputait au racisme. On se rappelle la caricature de Minute, la banane qui lui est tendue, lors d’un de ses déplacements ou encore les propos colonialistes à son égard. Est-ce suffisant pour faire de cette démission un nouveau signe d’espoir à gauche ? On peut en douter. Jean-Patrick Clech

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« Désaccord avec Hollande, Taubira démissionne », pouvait-on lire dès hier matin dans la plupart des câbles d’agence. Le singulier de « désaccord » peut surprendre, tant la liste des promesses non tenues et des virages à droite de Hollande est longue. Le calendrier également. Depuis quatre ans, malgré ses critiques, parfois vives à l’égard de l’Exécutif, Taubira a été absolument solidaire de la politique gouvernementale. Même si elle a su porter le projet de loi sur le mariage pour tous, contre vents et marées, là où Hollande semblait vaciller, elle a avalé la couleuvre du recul sur la PMA pour les couples lesbiens comme tant d’autres, en matière de politique pénale et de tournant ultra-sécuritaire de Valls et, avant lui, Ayrault. Les rendus de « justice » ayant conduit, à Sivens, au meurtre de Rémi Fraisse, sont là pour en témoigner. À une tout autre échelle, si elle n’en est pas elle-même à l’origine, la décision de placer en garde-à-vue les plus de 300 militants et manifestants parisiens du 29 novembre ne l’avait pas davantage émue. Il semble, de ce point de vue, que dans le cadre de la lepénisation revendiquée sur la question de la déchéance de nationalité, et au moment où des ouvertures se dessinent sur les questions de « primaires à gauche en vue de 2017 », Taubira se soit sentie pousser des ailes de candidate pressentie qui pourrait faire davantage que ses… 2,32% au premier tour, le 21 avril 2002.

Il n’en reste pas moins que la démission de Taubira fait l’effet d’une bombe au gouvernement. « Si tu restes, c’est un problème, si tu pars, également ». C’est ce que lui aurait dit à plusieurs reprises Hollande, sachant que sa ministre contribuait, en vertu de sa liberté de ton (très contrôlée) et de la loi sur le mariage pour tous, l’une des seules personnalités appréciées, à gauche, dans son gouvernement. Dans la fuite en avant droitière de l’exécutif, il s’agissait également d’un sérieux caillou dans le soulier du gouvernement. Taubira semblait avoir accepté de défendre l’inscription de la déchéance de la nationalité et d’avoir avalé son chapeau en attente d’un éventuel remaniement ministériel qui l’aurait fait atterrir à la Culture, à l’Hôtel de Valois, lorsque, dans un mois, Laurent Fabius devrait lui aussi quitter le gouvernement pour être placé au Conseil Constitutionnel. Sa décision, soudaine, que rien ne préparait, est-elle due à l’accentuation des traits les plus réactionnaires da la réforme constitutionnelle voulue par Hollande ou au fait qu’à « gauche de l’exécutif », la « primaire » voulue par certains pourrait lui servir de tremplin pour fédérer autour d’elle les déçus du PS qui lui préféreraient Jean-Luc Mélenchon ou Cécile Duflot ? Une chose est sûre : la concurrence va devenir de plus en plus rude, de ce côté-là, alors qu’Arnaud Montebourg prépare, de son côté, prépare son come-back politique. Une Alliance entre les deux n’est pas non plus à exclure. Il ne faut pas oublier que Taubira avait appelé à voter pour l’ex-locataire de Bercy lors des primaires socialistes de 2011.

Pour ce qui est du gouvernement, Hollande et Valls n’avaient d’autre choix, dans le contexte actuel, que de remplacer Taubira par un porte-flingue des plus droitiers du Parti Socialiste, le « Monsieur Sécurité » du président, député du Finistère, Jean-Jacques Urvoas. Quitte à ce que les masques tombent, et se voyant privé de sa caution de gauche après la sortie de Delphine Batho, puis de Duflot, de Montebourg, Aurélie Filipetti et Benoît Hamon, autant assumer jusqu’au bout le virage droitier hollandiste ! Si on le critiquait, au début de son quinquennat, pour son pusillanisme et ses hésitations, il semble ne plus douter : à droite toute. Cela sera-t-il suffisant pour gagner, au centre et à droite, ce qu’il perd, en termes de consensus, à gauche, en vue de 2017 ? Cela reste à prouver et Hollande se retrouve, en ce moment, en bien mauvaise posture. Comme le soulignait hier un responsable socialiste, on peut se demander « avec qui Hollande va finir son quinquennat ». « Il finira par se retrouver seul et par jeter l’éponge pour 2017, avance un proche. Et Valls la ramassera ».

A bon compte, pour sa part, Taubira s’est fait une santé « à gauche »


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