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Braquage à l'italienne

Système par points : le gouvernement reste flou sur le maintien des « droits acquis »

Le gouvernement est très critiqué sur les zones d’ombre de son projet de réforme des retraites. Parmi elles, la question de la transition entre l’ancien et le nouveau système pour les actifs nés entre 1975 et 2004. Une solution a été évoquée, celle de la « transition à l’italienne ». Tant de de manœuvres appelées « clause », qui ont pour but de camoufler les conséquences de la réforme dans son ensemble, révèlent à chaque fois un peu plus son caractère néfaste.

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Crédit photo : Philippe Huguen / AFP

« Flou artistique », problèmes de « visibilité d’ensemble », « trucages », « calculs malhonnêtes » … Depuis que le projet de réforme est passé devant le conseil des ministres et la sortie de l’étude d’impact, les critiques ont repris de plus belle contre le projet Delevoye.

Confronté à l’opposition au projet d’une majorité de la population et à une grève historique, le gouvernement n’a eu cesse depuis décembre de chercher à manœuvrer pour gagner certains secteurs à son projet, en rassurer d’autres, dans l’objectif final de diviser l’ensemble du monde salarié en corporations, secteurs et générations.

Désormais après avoir renoncé à la « clause du grand-père », le nouvel élément de langage du gouvernement est de parler de « modalités de transition » secteur par secteur. Tous les français intégreront le régime universel mais avec « des modalités qui sont différentes, des spécificités qui sont prises en compte » s’escrimait à expliquer le secrétaire d’état aux Transport Jean-Baptiste Djebarri le 9 janvier dernier.

Plus d’un mois et demi après le début de la grève, le gouvernement « droit dans ses bottes » qui a d’abord été amené à mettre de l’eau dans son vin pour faire rentrer dans le rang les salariés de la RATP et de la SNCF, commence à envisager d’étendre certaines de ces concessions à l’ensemble des secteurs. C’est ce que nous révèle la nouvelle lubie du gouvernement, la « transition à l’italienne » qui serait vouée à s’appliquer à tous les actifs, du privé compris, nés entre 1975 et 2004.

Cette « clause à l’italienne » Macron l’a donc d’abord promise aux cheminots nés après 1980 ou 1985. L’idée a priori complexe est simple : pour ces cheminots tous les droits acquis dans le cadre du régime spécial d’ici l’instauration du nouveau régime de retraites seront pris en compte. Le calcul de la première partie de la retraite se fait alors sur la base d’une projection du salaire théorique en fin de carrière et non pas sur le salaire réel au moment du changement de régime en 2025.

Une clause dont le gouvernement laisse entendre qu’elle pourrait être étendue aux fonctionnaires et également au privé. En effet, ayant refusé d’appliquer la « clause du grand père » qui excluait tous les salariés en poste de la réforme à venir, le gouvernement doit gérer le cas des salariés nés entre 1974 et 2004 qui vont se retrouver à cheval entre les deux régimes. C’est cette question de la « transition » qui se révèle épineuse pour le gouvernement.

Parce que tout le monde l’a bien compris, la « clause à l’italienne » est plus avantageuse et repousse dans le temps la mise en place du régime universel voulu par la macronie et l’ensemble de la bourgeoisie. Et cela n’est pas du goût du gouvernement qui garde sous la main une autre option, celle proposée originellement par Delevoye, c’est-à-dire celle de prendre en compte pour le calcul de la première partie de la retraite les rémunérations réelles de la fin 2024. Et les experts sont tous unanimes, un tel calcul serait désavantageux pour les salariés.

Par ailleurs, tous ceux qui aimeraient voir disparaître le plus rapidement possible le système de retraites actuel voit d’un très mauvais œil la « clause à l’italienne » pour des raisons à la fois de coûts et également de complexité. Pour l’économiste Michaël Zemmour « Cela revient à ce que tout le monde soit polypensionné » et ce dernier déplore : « C’est très compliqué car on maintient un système de retraite alors que plus personne ne cotise. On va faire cohabiter différentes règles de calcul, c’est le maquis corse ! ».

Ce flou sur la question des droits acquis et de la transition révèle une fois de plus les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement pris en étau entre la contestation et ceux qui voudraient voir au plus vite l’effectivité de la réforme libérale. Surtout, si le flou et l’opacité jusque-là avaient permis dans une certaine mesure au gouvernement d’avancer sur son projet tout en jouant la carte des concertations, des négociations et des calendriers à rallonge, aujourd’hui cela pourrait se retourner contre lui. En effet, ces « clauses » en tout genre ne font que démontrer ouvertement le recul que constitue cette réforme pour les salariés. Pourquoi proposer une telle clause si la nouvelle « réforme universelle » est si bénéfique pour les salariés ? C’est bel et bien que nous avons quelque chose, tout en réalité, à y perdre.


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