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#BlanquerGate

Syndicat lycéen pro-Macron : à l’Assemblée, Blanquer et Castex tentent de noyer le poisson

Interrogés à l’assemblée nationale sur le #BlanquerGate, à propos de l’implication de J-M. Blanquer dans la fondation du syndicat Avenir Lycéen pour défendre ses réformes, lui et son premier ministre Jean Castex ont choisi de botter en touche en se félicitant d’ouvrir une enquête sur l’utilisation des fonds de toutes les associations lycéennes.

Youri Merad

25 novembre 2020

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Cela fait deux semaines que l’affaire du syndicat Avenir Lycéen a éclaté au nez de Jean-Michel Blanquer ministre de l’Education Nationale, accusé alors de l’avoir subventionné à hauteur de 65 000€ pour un congrès qui n’a jamais eu lieu. Mais depuis les révélations sur l’affaire Avenir Lycéen ce sont multipliées : Blanquer aurait finalement été à l’initiative de sa création, et également impliqué dans son fonctionnement au travers des rectorats pour appuyer le discours du gouvernement dans les lycées, tout en réduisant les financements accordés à ceux qui se sont opposés à sa réforme du bac.

Interrogé à l’assemblée nationale, selon Castex, les accusations envers son ministre de l’Éducation sont «  dénuées de tout fondement », et comme preuve, il compare les subventions publiques accordés au syndicat Avenir lycéen, créé en 2019, contre ceux octroyés à l’ensemble des autres syndicats lycéens. Après quoi, pour preuve de bonne foi, il annonce que « suite aux articles [de Médiapart et Libération] et à la demande du ministre, la direction générale de l’enseignement scolaire – DGESCO – a immédiatement engagé un contrôle sur pièces des éléments comptables de l’association. Si mes informations sont exactes, le résultat de ce contrôle est attendu pour la mi-décembre. Le ministre a d’ailleurs élargi ce contrôle à l’ensemble des associations lycéennes et aux fonds qu’elles ont reçus au cours des dix dernières années – et il a fort bien fait.  ».

Il est une deuxième fois interpellé par une député socialiste : «  Un ministre ne peut créer ses interlocuteurs et en faire des instruments de promotion de ses réformes tout en affaiblissant les oppositions existantes. Votre défense est d’ailleurs mise à mal par les éléments rapportés par une enquête journalistique, fondée sur des documents écrits qui contredisent les éléments fournis par vos services. » Le ministre de l’Éducation répond lui-même, cette fois, mais toujours en éludant la question de son initiative et revenant directement sur la proportion des subventions . Puis il s’est défendu de « voir » Avenir Lycéen plus que les autres syndicats : « mon cabinet et moi-même voyons sans arrêt des interlocuteurs de cette nature ». 

Toujours rien donc, quand à son implication dans la création et la promotion du syndicat, mais Blanquer trouve alors l’idée de reporter les accusations sur la mauvaise gestion de l’argent par les lycéens dont la plupart sont issus des « Jeunes avec Macron » : « Troisièmement, vous me demandez s’ils ont fait un bon usage de leur argent. Je vous répondrai que ce n’est pas sûr. […] Dès que ce doute a été formulé, j’ai indiqué qu’on demanderait les pièces comptables et qu’on ferait une enquête : je ferai toute la transparence à la mi-décembre sur ce point.  ». C’est donc avec une enquête sur l’utilisation des subventions ministérielles de la part des lycéens, menée par le ministère lui même, qu’il répond aux accusations à l’encontre du ministère de tentative de manipulation de l’appareil démocratique lycéen...

Et pourtant les accusations qui sont portés à l’encontre du ministère sont lourdes, appuyées par de nombreux témoignages et documents incriminants. Clairanne Dufour elle même, ex-présidente du syndicat, témoigne contre Blanquer :

Ce lundi encore, on apprenait dans Libération que différents rectorats étaient intervenus jusque dans l’écriture des communiquées de presse d’Avenir Lycéen. À l’académie de Créteil, suite aux élections des CAVL en décembre 2018, l’académie avait demandé au syndicat une version écrite de leur premier communiqué soi-disant pour « corriger les fautes d’orthographe », et qui l’a finalement réécrit totalement en ajoutant notamment l’opposition ferme aux blocages des lycées, en pleine mobilisation des élèves et des professeurs contre le bac Blanquer. Plus accablant encore : déjà quelques jours avant même la création du syndicat Avenir Lycéen, des rectorats avaient contactés les élèves élus de différentes organisations pour leur demander de twitter systématiquement avec le hashtag #AvenirLycéen. On voit se dessiner une action qui apparaît comme coordonnée entre plusieurs rectorats lors de la création du syndicat qui n’avait encore pour seul soutien que les 65 000€ promis par le ministère, avec pour objectif immédiat de défendre les réformes du gouvernement face à la contestation. Des faits qui incriminent de nouveau Jean-Michel Blanquer dans l’affaire, le ministre de l’Éducation Nationale qui est justement en charge de cette coordination des responsables d’Académie.

Après la criminalisation des étudiants mobilisés avec la LPR, l’attaque aux droits de la presse avec la loi de sécurité globale, on apprend que Blanquer offre de l’argent publique à des élèves macronistes pour entraver la mobilisation lycéenne qui a surgit en réponse à ses réformes. Cette affaire de corruption s’ajoute donc à la longue liste des raisons qui ont poussé de nombreuses franges de la société à se mobiliser contre ce gouvernement qui s’attaque à tous les droits démocratiques.


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