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Suppression de 10 000 postes : General Electric veut faire payer la crise à ses salariés !

L’annonce par General Electric de la suppression de 10 000 emplois dans sa division aviation est le dernier révélateur d’une amère réalité dans l’aéronautique où les patronat cherche à faire payer la crise économique historique qui se profile aux salariés.

Nathan Deas

5 mai 2020

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Crédit photo : AFP/Archives - Joseph Prezioso

Dans le secteur de l’aviation la cure d’austérité continue. Lundi soir General Electric, qui fabrique les moteurs des avions, a donc annoncé la suppression de 10 000 emplois. Une déclaration qui fait suite à une première vague de 2600 licenciements en mars. Ainsi le groupe américain aura supprimé près de 13 000 postes pendant cette crise, soit un quart de ses effectifs.

Ces coupes se feront, selon la firme, via des départs volontaires et des licenciements secs. Dans les Echos, le patron de General Electric David Joyce s’explique : « Pour préserver notre activité, nous avons répondu avec de difficiles mesures de réductions de coûts lors des deux derniers mois. Malheureusement, il en faut davantage pour aligner l’activité aux réalités du marché ».
L’entreprise se justifie en s’appuyant sur la possible chute du trafic aérien mondial de 80% par rapport à février. Son chiffre d’affaire dans la section aviation a baissé de 13% à 6,9 milliards de dollars, et que ses commandes ont diminué de 14 %.

Ces licenciements ne sont pas la seule attaque adressée aux travailleurs. Ainsi, au nom d’un plan d’économie de 3 milliards de dollars, le groupe américain a également annoncé la mise au chômage technique de la moitié de ses salariés dans la maintenance et la réparation des avions. Dans le même temps, les primes et bonus prévus pour les salariés sont annulés.

En France, la firme, selon la présidente de la région Bourgogne-Franche, Marie-Guite Dufay « profite de la crise pour accélérer une délocalisation » de l’activité du site de Belfort, actuellement visé par un plan social, vers la Hongrie et l’Arabie saoudite. General Electric tente par tous les moyens de réduire ses coûts en allant chercher une main d’œuvre moins chère.

Un vaste plan d’austérité dans l’aéronautique

En pleine crise sanitaire mondiale, la décision prise par le groupe américain est la dernière en date d’une longue série de suppressions de poste et licenciements dans l’aéronautique. Dans ce secteur les salariés font plus que jamais figure de variable d’ajustement pour préserver les profits du patron.

Ainsi la semaine dernière nous apprenions la suppression de 16 000 emplois chez Boeing, et donc de 10 % de ses effectifs dans le monde. Le lendemain le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury demandait, dans un courrier envoyé à ses 135 000 salariés, de se préparer à des réductions d’effectifs, jugeant que les dramatiques perspectives dont la crise sanitaire accouchait mettaient en danger la survie même du groupe. Ainsi chez les deux principaux avionneurs, la crise économique semble devoir se résoudre sur le dos des travailleurs.

Dans leurs sillages de nombreux sous-traitants et équipementiers sont également affectés. C’est le cas de Safran que nous évoquions dans un article antérieur : « le lundi 20 avril dernier, Philippe Petitcolin, directeur général de Safran, s’exprimait sur Europe 1 […] D’après lui et ses deux clients principaux que sont Airbus et Boeing, l’activité ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2022 voire 2024. Dans ces conditions, un plan de restructuration n’est « pas impossible » ajoutant que « d’ici quelques mois, les licenciements massifs seraient inévitables. » mais également de Latécoère, sous-traitant d’Airbus, qui a bénéficié d’un plan d’aide de 60 millions d’euros, ou encore de Daher, qui a déjà supprimé 3300 postes.

Les travailleurs ne doivent pas payer la crise

La situation du secteur de l’aéronautique, immergé profondément dans une crise économique qui s’annonce dramatique, laisse présager, et la décision de General Electric le confirme déjà, que ce sera aux travailleurs que les patrons tenteront de faire payer la crise.

Pourtant comme l’expliquait récemment Gaëtan Garcia, travailleur dans l’aéronautique et militant à Révolution permanente : « si les patrons insistent sur les difficultés économiques, on ne connaît rien sur l’ampleur de celles-ci ni sur la stratégie qu’ils comptent adopter. Où sont passés les milliards de profits accumulés depuis des années ? En moyenne depuis 2009, le secteur aéronautique génère une marge d’un peu plus de 10% (EBIT), soit plusieurs dizaines de milliards d’euros. 40 milliards en 2017 par exemple (on parle bien ici de bénéfices, et pas du chiffre d’affaire). Ces bénéfices sont d’ailleurs de plus en plus concentrés dans les donneurs d’ordre, Boeing et Airbus, qui font jouer la concurrence entre sous-traitants. »

Alors, face aux suppressions d’emplois, pour lutter contre l’intimidation et le chantage au chômage, quand la crise économique s’annonce plus terrible chaque jour, que les différentes prévisions font état d’une crise économique bien plus terrible que celle de 2008, l’urgence est à l’organisation des travailleurs pour imposer l’interdiction des licenciements et la nationalisation sous contrôle des travailleurs dans les entreprises menacées, seule solution à même de préserver les emplois et de faire obstacle à la logique du profit.


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