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Trans lives matter

Suicide de Doona à Montpellier : quand la transphobie et la précarité tuent

Mercredi 23 septembre, une jeune femme trans âgée de 19 ans a mis fin a ses jours à la gare de Montpellier. Un drame directement lié à sa transidentité et à sa précarité.

Lucas Darin

24 septembre 2020

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 Un rassemblement est appelé devant le CROUS de Montpellier à Boutonnet le lundi 28 septembre à 12h. Il est appelé notamment par Solidaires Etudiant-e-s Montpellier, le NPA Jeunes Montpellier, le SCUM, l’UEC Montpellier, RUSF 34, Bouclier LGBTI.

Doona était une jeune femme très discrète, confrontée à la transphobie au quotidien. Que ce soit par le harcèlement de rue, ou par les gens qui ne respectait pas ses pronoms, ne la genrant pas correctement. Une de ses proches nous confie par exemple qu’elle n’allait plus au CROUS à force d’être confrontée à la transphobie, volontaire ou non, des usagers et des personnels.

Avec ses amis proches, elle évoquait sa grande solitude, son isolement, sa difficulté à aller vers les autres, sa perception d’elle-même très négative à cause du regard des autres.

La situation s’est accélérée brutalement samedi dernier, comme en témoigne ce thread :

Doona a fait deux tentatives de suicide dans la semaine, et s’est heurtée à chaque fois une défaillance criante des services qui auraient pu et qui auraient dû l’aider et la soutenir. Entre le personnel qui manque de formation, les services débordés dans lesquels les conditions d’accueil sont souvent déplorables, le manque de moyens désastreux dans les services de psychiatrie, ainsi qu’un personnel formé aux problématiques trans, Doona n’a pas pu trouver d’interlocuteur qui puisse apporter une réponse à son mal-être.

De plus, le jour de son décès, la jeune femme a fait part à ses amis de l’angoisse de perdre son logement CROUS, et donc sa bourse de 400€ et de devoir abandonner ses études. En effet, le CROUS l’aurait prévenue qu’en cas de nouveau passage à l’acte, elle serait exclue de son logement. Des éléments qui, selon une amie, l’aurait encore un peu plus isolée, et l’aurait poussée à passer à l’acte, n’ayant plus personne à solliciter, ni le CROUS, ni le système de santé, après de mauvaises expériences.

C’est cette même précarité étudiante, et le manque de perspectives d’une jeunesse soumise à des pressions extrêmes de réussite et de succès, qui tue chaque année. On se rappelle ainsi l’immolation d’Anas l’an dernier, qui avait tenté de mettre fin à ses jours en dénonçant très clairement les conditions de vie horribles dans lesquelles il vivait, conditions de vies insupportables qui sont pourtant le quotidien de beaucoup trop de jeunes aujourd’hui.

Doona était d’autant plus exposée à la détresse et à l’isolement qu’elle était victime de transphobie au quotidien, provoquant d’autant plus de souffrance. Les personnes transgenres sont ainsi particulièrement surreprésentées dans les statistiques sur le mal-être. Selon une étude du Comité Idaho et du Think Tank République et Diversité publiée en 2014, 60% des personnes transgenres sont déjà tombés dans une dépression, et 20% d’entre elles ont déjà fait une tentative de suicide. Rappelons en effet que l’espérance de vie moyenne des personnes transgenres est bien en-deçà de celle des personnes cisgenres, du fait de l’incapacité de la société à accompagner les individus avant, pendant et après leur transition de genre, et à leur garantir une égalité de droit et une existence hors de toute oppression ou stigmatisation.

Car c’est notamment l’Etat qui fait tout son possible pour ne pas reconnaître les personnes transgenres au même titre que le reste de la population. C’est ainsi qu’il y a deux mois à peine, l’Assemblée refusait des droits aux hommes trans, ou encore que dans plusieurs universités, la bataille pour l’utilisation du prénom d’usage ou pour la suppression de la mention sexe sur les formulaires administratifs est encore d’actualité. Et à l’international, les crimes graves contre les personnes trans continuent de se multiplier.

Nous, militants de Révolution Permanente, faisons part de notre soutien et de nos condoléances aux proches de Doona. Face à cette précarité et cette discrimination qui nous tue, il est plus que temps de s’organiser et de se battre pour un monde de demain sans exploitation et sans oppression, qui permette à toutes et à tous de vivre et s’épanouir.


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