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Casse sociale

Souffrance et manque de reconnaissance : à Mérignac, les agents municipaux en grève pour la dignité

Ce mardi, les agents municipaux dans l’animation, la restauration et les ATSEM étaient mobilisées à Mérignac. Près de 150 travailleurs étaient présents sur la place de la mairie pour dénoncer leurs conditions de travail. Une mobilisation dans la lignée des grèves qui ont émergé depuis quelques semaines dans le secteur du social.

Yann Causs

14 décembre 2021

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C’est devant la mairie de Mérignac que se sont réunis ce mardi 14 décembre près de 150 agents municipaux travaillant dans l’animation, la restauration et les ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles) suite à l’appel de la CGT et de FO. Malgré leur diversité, les agents font tous le même constat et dénoncent la non reconnaissance du travail et sa pénibilité, le sous-effectif, les manques de moyens, la précarité, les pressions de la part de leur hiérarchie… Et la liste pourrait malheureusement continuer.

L’ambiance festive et combative du rassemblement n’a pas empêché les différents secteurs présents de dresser un triste tableau de leur métier. Un secteur sous tension, dans lequel les salariés colmatent les brèches avec les moyens à leurs dispositions, mais se rapprochent de l’implosion. Comme l’explique le tract de la CGT - et les différentes interventions sont venues le confirmer - les conditions de travails actuelles ont leurs conséquences : perte de sens du travail, épuisement moral et physique, absentéisme ou encore surcharge de travail.

Yassine, élu CGT dans l’animation, nous rapporte que « depuis un certain temps [il est] interpellé par les agents concernant leurs conditions de travail. Manque d’effectifs et de matériel, les salaires sont gelés depuis 2010, des conditions de travail qui se dégradent à cause du manque de communication de l’administration qui divise les agents. Cela impacte la qualité du service, et ce sont les enfants qui en subissent les principales conséquences. C’est juste inacceptable ».

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Au cours des interventions, la colère, l’agacement et l’épuisement face aux conditions de travail se sont fait sentir dans chaque corps de métier. Un agent de la restauration en maternelle témoigne au micro : « Souffrance, souffrance […]. On ne nous écoute pas, on s’en fout de notre avis. On n’est pas bien, on en a marre qu’on ne nous écoute pas. Ça fait huit ans que je travaille à la mairie et je n’ai jamais connu d’organisation aussi méprisante, alors que nous sommes sur le terrain et que nous savons comment ça fonctionne et ce qu’il nous faut. Ce qu’on dit n’est pas pris en compte. »

La non-reconnaissance du travail est une problématique sur laquelle les travailleurs mettent l’accent. On pouvait entendre chez les ATSEM que « le travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. On n’a pas de temps, on n’a pas de moyen pour accomplir notre travail et assurer la sécurité et le bien des enfants ». Le discours est le même dans l’animation : « Aujourd’hui on est en perdition, les équipes sont en souffrance, on est fatigués de travailler dans ces situations, l’absentéisme augmente de plus en plus et on ne peut que le comprendre. Aujourd’hui on ne fait rien pour nous, pas de prime de pénibilité, pas de reconnaissance, les limites sont atteintes ». Pourtant, comme l’a rappelé une agent, la pandémie a montré que ces travailleurs sont « essentiels ».

Mais le mépris de la direction s’est une nouvelle fois illustré ce mardi lorsque des représentants de l’administration sont venus au rassemblement pour annoncer une fin de non-recevoir aux différentes délégations de chaque métier. « On était 150 personnes avec plusieurs délégations, l’administration n’a même pas pris le temps d’écouter et de recevoir les agents. Ça montre une nouvelle fois leur mépris » s’indigne Yassine. Avant de continuer en dénonçant les conséquences de politiques néo-libérales menées par les gouvernements successifs : « quand on voit que dans l’animation on a beaucoup de contrat à 10h par semaine, c’est un choix politique, on prend des précaires pour combler les manques ».

Une précarité qui ne décourage pas les travailleurs et travailleuses à se mettre en grève malgré le fait que, comme le souligne le militant CGT, « faire un jour de grève c’est difficile, chaque jour de grève c’est 75 € en moins et vu les temps qui cours c’est compliqué. Ça atteint très vite le portefeuille d’autant plus que nous avons beaucoup de mères isolées dans ces services avec des enfants à charge et donc des difficultés à joindre les deux bouts ».

Dans un contexte où le coût de la vie augmente, les secteurs qui ont été mobilisés pendant la pandémie commencent à relever la tête. Que ce soit dans le public ou le privé, les travailleurs revendiquent de meilleures conditions de travail et l’augmentation des salaires. Ici plus précisément, la CGT et FO revendiquent un plan de titularisation des contractuels, la reconnaissance de la pénibilité du travail, mais aussi, pour la CGT, la réduction du temps de travail à 32h et le dégel du point d’indice avec un smic à hauteur de 2000 € bruts.

L’ensemble de ces mobilisations dans le secteur du social mais aussi dans la grande distribution chez Décathlon, Sephora, Leroy Merlin, ou encore dans l’industrie avec Sanofi et Dassault, démontrent qu’à la base, les travailleurs sont prêts à relever la tête. Il est donc urgent d’exiger des directions syndicales un plan de bataille pour coordonner ces luttes et construire le rapport de force contre le grand patronat et le gouvernement, pour refuser que ce soit à notre camp social de payer la crise.


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