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Crise énergétique

Sobriété énergétique : le gouvernement se prépare à faire payer la crise aux classes populaires

Ce lundi, la première version du projet de la Loi pouvoir d’achat passait à l’Assemblée. Alors que la crise s’amplifie à tout point de vue, le volet énergétique de la loi annonce la couleur pour les prochains mois : le gouvernement est déterminé à nous faire payer.

Alexis Taïeb

19 juillet 2022

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Crédits photo : AFP

Pendant que l’inflation et les prix du carburant continuent de flamber, ce lundi s’ouvrait à l’Assemblée nationale les discussions sur la Loi pouvoir d’achat. Entre les quelques mesurettes proposées par l’exécutif, ce dernier a incorporé à la loi un « volet énergétique ». Un premier aperçu du plan de sobriété énergétique du gouvernement, mentionné quelques jours auparavant, lors de son discours du 14 juillet, par Macron, lorsqu’il appelait à « à rentrer collectivement dans une logique de sobriété ».

Ainsi, ce volet énergétique exposé à l’assemblée « attribue des pouvoirs sans précédent à l’État », comme le note le journal Les Échos. Au programme : réquisitions des centrales à gaz, mise en place d’un terminal flottant au Havre pour importer du gaz liquéfié, et de nouvelles dérogations au droit du travail, et de nouvelles mesures au détriment de environnement. Et même si, pour le moment, les contours exacts de la loi n’ont pas encore été tranchés, les premières mesures exposées dans le texte sont assez explicites : ce sera aux travailleurs de payer les frais de la crise énergétique.

Pour le grand tournant énergétique, ce sera aux travailleurs de payer

Alors que l’Etat vient d’annoncer le rachat complet d’EDF, il souhaite également avoir la main mise sur les centrales à gaz. Ainsi, il est écrit que « le ministre chargé de l’énergie peut décider temporairement de restreindre ou suspendre le fonctionnement de certaines installations de production d’électricité utilisant du gaz naturel ». Et dans le cas échéant où la production d’électricité serait inquiétée, il pourra également « les réquisitionner afin qu’elles fonctionnent selon ses instructions ». L’objectif étant de pouvoir contourner le cadre de production imposé par le marché.

Mais évidemment, aucun risque pour les grands patrons, car si leurs profits risquent d’être impactés, l’état se déclare prêt à leur verser des indemnités. Dans tous les cas, si la situation économique des entreprises énergétiques venait à se dégrader, ce sera aux travailleurs de ces mêmes entreprises d’en subir les conséquences, comme c’est toujours le cas. A plus large échelle, l’absence de précision concernant les modalités de ces réquisitions pourrait provoquer une nouvelle augmentation des prix de l’énergie, rapporte le journal patronal.

Dans la même veine, inquiet des ruptures d’importations de gaz en provenance de la Russie, l’état s’est fixé pour objectif de remplir les stocks souterrains de gaz à 85% au premier novembre, afin de préparer l’hiver. Et pour remplir son objectif, il pourra y contraindre les entreprises, aux risques de leur causer des pertes. Mais encore une fois, il se déclare prêt à leur verser des indemnités. Du côté de la population, c’est la réduction de la consommation qui a été prônée, ces derniers jours, par le gouvernement en vue de l’hiver prochain. Encore une fois, les couches populaires paieront les frais.

Pour accélérer l’indépendance énergétique, le gouvernement va voter des mesures au détriment de l’environnement et de nouvelles attaques contre le code du travail

Pour opérer son grand tournant énergétique, le gouvernement a prévu d’accélérer la construction d’un terminal flottant pour importer du gaz liquéfié, au Havre. La deadline fixée par le gouvernement se situe cette fois en septembre 2023, dans l’espoir qu’il soit opérationnel pour l’hiver 2023-2024. Mais pour remplir cet objectif, le gouvernement devra esquiver « une série de procédures et d’autorisations susceptibles de retarder les travaux (raccordement au réseau de gazoducs de GRTgaz, aménagement du port…) note le journal. Ainsi que le Code de l’environnement.

« Ce projet de terminal méthanier flottant au Havre est utile si nous voulons réduire notre dépendance au gaz de Russie et renforcer notre sécurité d’approvisionnement. Il faut donc tout mettre en oeuvre pour accélérer l’obtention des diverses autorisations administratives et environnementales nécessaires. L’objectif est que cette capacité d’importation de GNL supplémentaire puisse être mise en service d’ici un an. » Expliquait Jean-François Carenco, le président de la Commission de régulation de l’énergie. Un projet, commandé par l’exécutif, auprès de Total Énergies, qui inquiète les associations écologistes.

Pour finir, concernant la production d’électricité, le gouvernement prépare de nouvelles entailles au code du travail. Des dérogations seront alors fournies aux entreprises, comme Gazel Energies, société en charge de la réouverture de la mine de Saint-Avold, afin de permettre d’embaucher ses ex-salariés, licenciés lors de la fermeture de la mine l’année dernière, avec des CDD ou des contrats de missions pouvant aller jusqu’à 36 mois.

En tout état de cause, dans la Loi pouvoir d’achat, les premières grandes lignes esquissées par le gouvernement sur le plan énergétique annoncent la couleur pour la suite. Alors que l’inflation est mesurée à 5,8%, et dont l’augmentation est prévue à 7% d’ici la fin de l’année, et que les salaires des travailleurs, grands absents de la loi pouvoir d’achat, ne sont toujours pas augmentés, il va devenir de plus en plus difficile pour les couches populaires de supporter la crise.

Alors que Macron parlait il y a quelques semaines de préparer la France à rentrer dans une « économie de guerre », et il y a quelques jours à « rentrer collectivement dans une logique de sobriété », nous devons nous préparer à ce que le gouvernement et les patrons cherchent à tout prix à nous faire payer la crise de plein fouet. Face à cela, la réponse se fera par la rue. Il est urgent de défendre le gel des prix de l’énergie, l’expropriation des grandes entreprises dans les mains des travailleurs et l’indexation immédiate des salaires sur l’inflation.


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