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Répression et camps de détention

Selon un rapport, la Chine stériliserait de force des Ouïghours

Selon plusieurs ONG, plus d'un million de Ouïghours, minorité musulmane vivant en Chine, sont enfermés dans des camps de détention sans autre raison que leur appartenance ethnique. Une étude affirme que les femmes seraient forcées de se faire poser des stérilets, se faire stériliser ou avorter.

Cléo Rivierre

30 juin 2020

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Crédits photo : Crédits : Ozan Kose - AFP

Les Ouïghours, qui sont un des groupes ethniques vivant en Chine, sont musulmans et parlent une langue turcique (apparentée au turc). Leur région, le Turkestan oriental, dont certains réclament l’indépendance, est sous tutelle de la Chine, qui a renommé la province « Xinjiang ». Cette minorité ethnique est opprimée par le pouvoir central chinois. Depuis quelques années, les rapports, études et articles de presse se multiplient, attestant l’existence de camps d’enfermement au Xinjiang. D’après des ONG de défense des droits humains, plus d’un million de personnes, majoritairement des Ouïghours, sont internés dans ces camps, que le pouvoir chinois appelle « camps de rééducation politique ».

Plus d’un million de personnes internées dans des camps de rétention

Cette répression touche aussi d’autres minorités, notamment les Kazakhs. Dans un article de novembre 2019, L’Obs décrit ce que Pékin appelle aussi des « centres de formation professionnelle », qui viseraient soi-disant à lutter contre la « radicalisation islamiste » et le terrorisme :

Les dernières révélations concernent une série de directives de gestion des camps de détention, approuvées en 2017 par le chef des forces de sécurité aux Xinjiang, ainsi que des rapports des services de renseignement montrant comment la police utilise l’intelligence artificielle et la collecte de données pour cibler les personnes à interner. Les directives qualifient les détenus d’“étudiants” devant “obtenir leur diplôme”. Elles décrivent avec une grande précision comment les gardiens doivent gérer la vie quotidienne des détenus, de l’interdiction d’entrer en contact avec le monde extérieur à la marche à suivre en cas de maladie, selon une traduction en anglais des documents publiée par l’ICIJ [Consortium international des Journalistes d’Investigation]. Les directives instaurent notamment un système de points pour évaluer “la transformation idéologique” des détenus, leur “respect de la discipline” et leur ardeur à “l’étude”.

Il y a en effet dans ce camps une politique culturelle d’assimilation forcée, afin que le Ouïghours « “oublient” leur religion et leur culture, et qu’ils deviennent “patriotes”, c’est-à-dire obéissants » au pouvoir chinois. C’est aussi ce qu’atteste Dilnur Reyhan, sociologue d’origine ouïghoure et présidente de l’Institut des Ouïghours d’Europe, dans un article de France Culture.

Depuis plus de trois ans, ils ont mis dans des camps de concentration des millions de Ouïghours et d’autres populations turciques de la Région ouïghoure en stigmatisant leur appartenance ethnique et religieuse. Ils ont établi une liste de 75 signes religieux et nationalistes pour pouvoir accuser et arrêter les Ouïghours et autres musulmans turciques. De simples mots de salutation comme "Assalamualeykum", "Bismillah", "Alhamdulillah" (Dieu merci) ou encore "Allah’qa amanet" (Je te confie à Dieu) peuvent conduire les Ouïghours qui les prononcent dans des camps de concentration, ils ont organisé de fêtes de la bière dans certains villages durant le Ramadan où ils ont aussi obligé les Ouïghours à manger du porc.

Les femmes victimes de stérilisations forcées

Une étude publiée ce lundi par Adrian Zenz, un chercheur allemand spécialiste du Xinjiang et du Tibet, affirme, sur la base de « documents administratifs chinois » et d’ « entretiens avec des femmes locales » que certaines femmes ont été contraintes de se faire stériliser sous peine d’être envoyées dans des camps. Selon Le Figaro, l’implantation d’un stérilet aurait également été imposée à d’autres femmes. Adrian Zenz écrit dans son rapport que la Chine utilise ce contrôle des naissances coercitif dans le cadre « d’une stratégie plus vaste de domination ethno-raciale ».

Selon France24, la situation n’est pas nouvelle : des témoignages de stérilisations forcées dans les camps ont déjà été publiés par le passé. « En 2019, dans un reportage de France 24, Gulbahar Jalilova, une Ouïghoure de 54 ans, détenue 15 mois à Urumqi, la capitale de Xinjiang, avait déjà apporté ce même type de témoignage. "Nous devions passer la main par une petite ouverture dans la porte", avait-elle expliqué. "Nous avions vite compris qu’après les injections, les femmes n’avaient plus leurs règles". »

Ainsi, comme trop souvent, le contrôle sur le corps des femmes et les violences contre les femmes sont utilisés comme arme de guerre.

Évidemment, la Chine nie toutes ces affirmations. Selon L’Obs, « l’UE s’est joint au concert de réactions ce mardi et a demandé à Pékin d’autoriser l’accès de la région du Xinjiang à des observateurs indépendants. »

Cette situation est exacerbée par la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis et la situation générale de concurrence entre les grandes puissances. En effet, comme nous l’écrivions précédemment, plus la Chine est mise sous la pression de ses compétiteurs externes, plus le régime est mis sous la pression d’une situation économique dégradée, plus le gouvernement augmente son discours nationaliste pour consolider un plus fort contrôle politique et social afin d’écraser toute potentielle contestation.


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