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Sciences Po Toulouse. Après #SciencesPorcs, aucune confiance au ministère ni aux directions complices !

C'est par le biais d'un mail du directeur de l'IEP Olivier Brossard que les étudiant.e.s et enseignant.e.s ont appris hier l'arrivée d'une mission de l'Inspection Générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche mandatée par la ministre Frédérique Vidal les 1er et 2 mars prochains. Après une mission effectuée à l'IEP de Paris, c'est maintenant celui de Toulouse qui est visé par le ministère, cherchant à répondre à la vague de dénonciation des violences de genre initiée notamment par une étudiante de l'institut toulousain. Mais, comme l'ont montré les multiples témoignages, il n'y a rien à attendre d'une telle initiative de la part d'un ministère et d'une direction qui ont maintenu l'omerta pour protéger cette institution élitiste profondément patriarcale et cherchent aujourd'hui à la relégitimer.

Julien Anchaing

23 février 2021

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Crédits photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Les violences sexistes et sexuelles à Sciences Po Toulouse ne sont pas une nouveauté

Ces dernières semaines, derrière le hashtag #SciencesPorcs, les violences sexistes et sexuelles ont été de nouveau dénoncées au grand public par une vague de témoignages de la part de centaines d’étudiantes des différents Instituts d’Études Politiques (IEP) à travers le pays. Mais, faisant suite à l’affaire Duhamel, cette affaire n’a fait que confirmer ce qui se sait déjà depuis des années parmi les étudiant.e.s : pratiques extrêmement violentes envers les femmes, LGTBI et minorités de genre ; normalisation d’une culture du viol pendant l’intégration et “bizutage” ; loi du silence parmi les étudiant.e.s tenu.e.s de "préserver la réputation de l’institution”. Surtout, comme le montre notamment l’enquête publiée dans Libération à propos de l’institut bordelais : complicité des directions des IEP, largement conscientes de l’ensemble des ces pratiques historiquement instituées.

Si #SciencesPorcs a permis une véritable libération de la parole et la mise en lumière du caractère systématique de ces pratiques, à Sciences Po Toulouse, cela fait déjà quelques années que les dénonciations se font de plus en plus présentes et sont prises en charge par certaines associations étudiantes de l’IEP. En particulier, les pratiques du bizutage - telles que “tribunal des salopes” ; l’intégration dans les équipes sportives ; les agressions racistes et sexistes pendant les rituels d’intégration et les weekend de début d’année organisés par les bureaux étudiants financés par l’IEP ont déjà été déjà dénoncées, notamment par les associations de l’école. On pourrait difficilement croire qu’Olivier Brossard ou Frédérique Vidal auraient découvert “il y a quelques semaines” des pratiques “clandestines”.

La mission mandatée par le gouvernement est plutôt la marque d’une opération ridicule de sauvetage de Vidal et de Schiappa envers les écoles d’élite de formation de la classe dirigeante du capitalisme français et de son régime, et ce après la publication d’une lettre ouverte par Juliette, étudiante de l’IEP qui dénonçait les multiples viols dont elle avait été victime pendant l’intégration dans ses premières années d’études.

La ministre, après s’être couverte de ridicule avec son attaque aux “islamogauchistes” à l’Université et au faux départ de son opération d’enquête sur le développement des théories critiques à l’Université se propose maintenant de se laver les mains des pratiques sexistes et sexuelles dans les secteurs d’élite du supérieur. Cette commission, mandatée à l’IGESR, aura avant tout pour objectif, comme à Paris, de “constater” les violences sexistes et sexuelles systématiques existantes dans l’IEP tout en cherchant à laver les mains de la direction dans la légitimation et le financement de ces pratiques.

Nous n’avons rien à attendre ni de Schiappa, ni de Brossard, ni de Vidal, cette même Vidal qui attaque les prétendus courants "islamogauchistes" à l’Université. Si la ministre fait mine de se préoccuper des étudiants et des violences sexuelles structurelles aux grandes écoles, c’est bien elle qui mène une offensive contre tous les courants d’étude qui tentent de réfléchir l’émancipation dans la société patriarcale et remettent en cause les piliers de la société capitaliste, tout en précarisant toujours plus la jeunesse à travers des réformes néolibérales telles que Parcoursup ou la LPR. Plus encore, alors que les scandales se succèdent quant à l’implication des élites dirigeantes dans des affaires de violences de genre qui concernent leurs propres milieux, le discours du gouvernement sur le sexisme qui ne serait qu’une affaire de comportements individuels vole en éclats. Au contraire : déjà mis en lumière par la crise économique et sanitaire historique que nous traversons, le caractère structurel du sexisme apparaît aux yeux de tous..

Nous n’avons rien à attendre de cette commission d’enquête qui, comme à l’IEP de Paris, aura avant tout pour objectif de rappeler “le manque d’effectivité des institutions déjà existantes” (lire : on ne changera rien) et de “reconstruire l’image de choix des Instituts d’Etudes Politiques” (lire : sauver l’image des IEP, véritables lieux de formation de la future élite dirigeante française et de ses entreprises). Contre toute tentative de faire taire les mouvements de dénonciation qui ont eu lieu dernièrement dans les IEP et dans les Universités de manière plus générale nous devons rappeler comme nous l’avions fait dans un article précédent : notre émancipation de l’oppression patriarcale ne pourra se faire qu’en toute indépendance de l’État et de ses institutions, à travers l’organisation de nos propres forces, sur nos lieux d’études et de travail, notamment à travers la mise en place de commissions dont les membres sont désignés démocratiquement, par la base, afin d’être à même de prendre en charge les cas de violences de genre que nous rencontrons dans notre quotidien et ce en toute indépendance des directions complices. Nous revendiquons également, de manière immédiate, la fin des « rituels d’intégration ». Par ailleurs, nous devons nous attaquer à ce qui vulnérabilise et isole les étudiant.es et les victimes, c’est-à-dire leurs conditions matérielles, leur difficulté d’accès à un logement ou encore à des soins médicaux et psychologiques, c’est pourquoi nous exigeons un accès gratuit à un logement et à des soins.


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