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Justice patriarcale

Scandale. Dans l’Affaire Julie, la cour de cassation refuse la requalification en « viol »

Depuis 10 ans, la famille Leriche mène un combat pour Julie, violée de ses 13 à 15 ans par une vingtaine de pompiers. La Cour de Cassation vient de refuser la requalification des faits en « viol », malgré les preuves et la mobilisation. Un nouveau rebondissement dans cette affaire qui montre encore une fois l’impunité qui pèse sur les violences sexistes et sexuelles.

Lorélia Fréjo

17 mars 2021

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Crédits photo : Olivier Roberjot Photo

Lancé il y a 10 ans, le combat exemplaire de Julie et de sa mère, Corinne Leriche, pour la justice subit un nouveau rebondissement. Après de longs mois de bataille juridique, la Cour de Cassation vient de refuser la requalification des faits en « viol », appuyant ainsi la décision de la Cour d’Appel de Versailles qui, en novembre dernier, avait déjà refusé les demandes de requalifications de la famille.

En effet, alors que les pompiers avaient d’abord été inculpés pour « viol en réunion », en juillet 2019, le juge requalifie les faits en « atteintes sexuelles en réunion ». Un jugement, qui présentait Julie, violée par une vingtaine de pompiers de ses 13 à 15 ans, comme consentante. Comme l’explique France Info : « dans son arrêt, la cour d’appel évoquait notamment le "comportement aguicheur, provocateur, entreprenant" de Julie, ne permettant pas de déduire "la contrainte morale. » Dans une interview pour Révolution Permanente, Corinne Leriche revient sur cet arrêté de la Cour d’Appel de Versailles, qu’elle cite : « les pompiers ayant pu la croire consentante, que leur succès actuel auprès de la gente féministe et le comportement parfois débridé de celles-ci à leur endroit ne les a pas incité à la réflexion ».

De son côté, la Cour de Cassation, explique dans un communiqué qu’elle « ne peut substituer son appréciation des faits et des preuves à celle de la cour d’appel » et juge que « c’est dans l’exercice de son pouvoir souverain d’appréciation des faits que la chambre de l’instruction a estimé que la victime disposait du discernement nécessaire et que la contrainte morale n’était pas établie. » Une décision dénoncée par la famille et les avocats de Julie dans un communiqué intitulé « pas de justice pour Julie ». « La Cour de cassation entérine une décision de la Cour d’appel de Versailles qui fait porter une fois de plus la responsabilité des actes sur la victime. (…) Elle fait sienne les représentations, sexistes, erronées et violentes de la sexualité et ce, alors même que toute la société se soulève aujourd’hui contre cette idéologie archaïque. » expliquent-ils.

Par ailleurs, cette décision de la Cour de Cassation empêche Julie et sa famille d’envisager un nouveau procès aux Assises. Seule petite victoire, le non-lieu établi pour les 17 pompiers qui n’étaient pas inculpés est cassé. Comme l’explique 20 minutes la Cour de Cassation reproche aux juges de « n’avoir pas recherché si les personnes incriminées avaient connaissance de ce que la victime était mineure ».

Malgré la mobilisation de sa famille et de nombreux soutiens, la justice montre encore une fois son visage patriarcal. De fait, cette décision lève le voile sur le caractère sexiste des institutions judiciaires. Toute l’affaire et notamment l’arrêté de la Cour d’Appel de Versailles, qu’aujourd’hui la Cour de Cassation refuse de casser, est empreinte de l’impunité qui règne dans notre société. Sans une mobilisation d’ampleur, pour revendiquer la justice pour Julie et toutes les victimes, le statu quo restera. Heureusement, victoire essentielle, c’en est fini du silence qui pesait auparavant sur les victimes, et notamment grâce au courage de jeunes femmes comme Julie qui se lèvent pour briser l’omerta. « J’ai un message pour mes violeurs, vous pensiez que vous m’aviez tué maintenant c’est à vous de trembler » affirmait-elle début février et nous continuerons de demander justice à ses côtés !


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