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#JusticeDeClasse

Sarkozy sur TF1, Carlos Ghosn sur LCI : quand les médias déroulent le tapis rouge à des voyous

Mercredi soir, Sarkozy en plein procès dans l’affaire « Bismuth », était invité sur le plateau de TF1, au même titre que Carlos Ghosn et PPDA sur d’autres chaînes. Tous trois ont donc pu nier les accusations qui pèsent sur eux, sans contradicteur, devant des millions de téléspectateurs

Louisa Eshgham

4 mars 2021

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Mercredi soir, Sarkozy en plein procès dans l’affaire « Bismuth », était invité sur le plateau de TF1, au même titre que Carlos Ghosn et PPDA sur d’autres chaînes. Tous trois ont donc pu nier les accusations qui pèsent sur eux, sans contradicteur, devant des millions de téléspectateurs

Depuis sa condamnation, Sarkozy bénéficie d’un soutien important à la fois au travers de multiples déclarations de personnalités politiques qui se positionnent en sa faveur et dénoncent la décision de justice, mais aussi grâce au traitement médiatique dont il peut jouir.

En effet , une grande partie de la classe politique lui a apporté son soutien, du ministre de l’Intérieur Darmanin, en passant par Annie Genevard, vice-présidente LR de l’Assemblée nationale et députée, à Christian Estrosi qui a dénoncé une décision « extravagante. » Beaucoup montent au créneau en utilisant la sacro-sainte présomption d’innocence, principe souvent détourné pour nier ou minimiser les faits, en l’occurrence ceux dont Sarkozy est accusé. D’autres remettent en cause les méthodes et l’indépendance du Parquet National Financier, qui « s’acharnerait » sur les élites françaises d’après Christophe Jacob, président des Républicains, ce qui est presque comique tant l’on sait le rôle que joue la justice dans la perpétuation de l’impunité à l’égard de la criminalité en col blanc.

La bourgeoisie délinquante bénéficie d’une large tribune pour plaider sa non-culpabilité

Mais le traitement médiatique dont bénéficie Sarkozy est loin d’être celui d’un simple récidiviste, puisqu’il était invité ce mercredi au journal télévisé de 20h sur TF1, afin de pouvoir faire valoir sa non-culpabilité. Il s’est en effet offusqué durant vingt minutes de l’acharnement dont il serait victime : «  je suis habitué à subir ce harcèlement depuis dix ans, dix ans que des moyens considérables sont mis en œuvre pour trouver quelque chose à me reprocher  », tout en niant l’existence des preuves sur la base desquelles il a été condamné. Dans sa tentative d’attendrir les téléspectateurs, il est même allé jusqu’à affirmer : « Je ne le fais pas simplement pour moi, je le fais parce que ceux qui nous regardent doivent savoir que ce qui m’arrive pourrait arriver à n’importe lequel d’entre eux.  ». Une déclaration insultante pour toutes celles et ceux qui subissent le traitement judiciaire à deux vitesses, et à qui on ne propose pas une défense sur un JT à une heure de grande écoute.

Mais Sarkozy n’est pas seul, puisque dans la même soirée, Carlos Gohsn était invité sur LCI au côté de son épouse. L’ex-PDG de Renault-Nissan, actuellement en fuite pour échapper aux poursuites dont il fait l’objet au Japon, accusé de dissimulation de revenus et de détournements de fonds à des fins personnelles a donc pu faire la promotion de son livre et raconter à la télévision sa « fuite rocambolesque du Japon », qu’il compare à Midnight Express, et «  sa descente aux enfers  ».

Au même moment, Patrick Poivre d’Arvor, – accusé de viol par Florence Porcel et visé par de nombreux autres témoignages ces dernières semaines – était l’invité de Quotidien. Il a pu à cette occasion, lui aussi, nier en bloc et plaider sa non-culpabilité.

Dans la même soirée, on a donc pu constater à 3 reprises le traitement médiatique particulier offerts aux bourgeois-délinquants, à qui on tend un micro pour romancer et minimiser les faits dont sont accusés ces personnalités politiques, voire même, comme dans le cas de Carlos Gohn, se faire un peu de publicité et tirer du profit même grâce aux délits dont ils sont accusés.

Ce large espace qui leur est offert pour se défendre et convaincre l’opinion publique témoigne de l’impunité dont ils peuvent jouir, tant sur le plan judiciaire que médiatique. D’autant plus qu’il contraste de manière drastique avec l’invisibilisation d’autres personnalités qui font elles aussi l’objet de poursuites et qui sont la cible d’un réel acharnement judiciaire, mais qui ne bénéficient pas d’une telle tribune pour plaider leur innocence. En témoigne l’exemple récent d’Assa Traoré, qui vient d’être condamnée pour atteinte à la présomption d’innocence ou Taha Bouhafs, faisant l’objet de poursuites pour outrage et rébellion sur personne dépositaire de l’autorité publique. De la même manière, les gilets jaunes mutilés par la police ou condamnés à des peines de prison ferme ne sont pas invités à la télévision pour faire entendre leur voix.

Ces exemples nous rappellent le rôle que jouent les médias mainstream, détenus par les grands PDG du CAC40, au sein d’une démocratie bourgeoise comme la France. Ils servent de tribune pour la haute bourgeoisie et l’élite française et jouent le rôle de courroies de transmissions de l’ordre établi. Les médias dominants sont en réalité les médias des dominants, et par conséquent, leur permettent de véhiculer leur idéologie. Ils contribuent à « sélectionner et promouvoir la visibilité publique de porte-parole légitimes et de ceux qui ont le droit de s’exprimer », et ceux qui, à l’inverse, n’ y ont pas accès. Tout comme en temps normal, ces plateaux sont le théâtre de surenchères d’idéologies plus réactionnaires les unes que les autres, à l’image de l’omniprésence de chroniqueurs comme Zemmour, lui aussi poursuivit à plusieurs reprises pour provocation à la haine raciale, on voit qu’ils peuvent aussi se transformer en porte-voie pour voyous millionnaires dès qu’ils en ont besoin.

À travers ces invitations, LCI, TF1 et Quotidien révèlent au grand jour la justice de classe. Une justice à deux vitesses qui s’exprime non seulement au tribunal, lorsqu’on apprend que Sarkozy ne risque probalement que de la « prison à domicile » pour des faits de corruption au plus haut sommet de l’État, mais elle s’exprime également dans la manipulation de l’opinion publique du côté des bourgeois, qui ont la main-mise sur l’ensemble de l’espace médiatique et s’y réserve donc une place d’honneur.


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