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Résistance ouvrière

Roissy. Un mois de lutte des travailleurs d’Aéro-Piste contre le mépris et pour la dignité

Depuis plus d’un mois les salariés d’Aéro-piste, filiale de Transdev dans le chargement et déchargement du fret aérien, sont en lutte contre la dégradation de leurs conditions de travail et pour le respect et la dignité de leur métier. Ces travailleurs de seconde ligne qui durant la crise sanitaire ont chargé et déchargé les masques, les tests et les vaccins font aujourd’hui face à un management de plus en plus agressif et à l’accélération des cadences.

Matteo Falcone

11 octobre 2021

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Ce sont les travailleurs des pistes en veste jaune ou orange fluo, ceux qu’on voit conduire des camions sur les pistes d’aéroport pour charger les marchandises au moyen de transpalettes. En cette période de crise sanitaire, ce sont eux qui permettent l’envoi et l’arrivée massive de masques, de test, et de vaccins par avion. Mais aujourd’hui ceux de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle sont en lutte contre la dégradation de leurs conditions de travail et pour la dignité.

« On se bat parce que notre travail n’est pas reconnu à sa juste valeur ! », nous déclare Nordine, 17 ans de boite, représentant des salariés CGT. Il enchaîne : « aujourd’hui on est face à un management agressif qui nous méprise, méprise notre travail et la santé de nos collègues ! »

Depuis début septembre au moyen de grèves partielles et de débrayages, 90% des 180 salariés d’Aéro-piste maintiennent la pression sur la direction. Cette filiale de la multinationale Transdev, sous-traitante d’Air France, avec pour fonction le chargement et le déchargement du fret aérien à un rôle clef au sein de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, la plupart des avions de ligne transportant également des palettes de marchandises.

Ils dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail. « Ils ont profité de la crise sanitaire pour casser des conditions de certains services : accélération des cadences, flexibilité exigée… », déclare le syndicaliste. En plus de ces attaques, plusieurs salariés à l’image de Nordine ont été intimidés à plusieurs reprises pour avoir dénoncé le fonctionnement de l’entreprise : « J’ai signalé à ma direction qu’un collègue avait une restriction médicale et qu’ils devaient changer ses horaires de travail. Pendant plusieurs mois, ils ont ignoré mes avertissements, j’ai même été mis à pied quatre jours pour avoir signalé ce fait. Il y a quelque temps, ce collègue a fait un AVC. Ce management stressant et la non prise en compte de la santé des salariés, c’est dangereux ! »

Au-delà de la dégradation des conditions de travail, c’est la reconnaissance de leur métier que les salariés exigent et ils se battent pour la dignité. « Pendant plusieurs mois, on a été ceux qu’on appelait la seconde ligne, on a déchargé les masques, les tests, les vaccins pendant que beaucoup étaient chez eux. On a même eu un collègue qui est mort du Covid. La prime macron, celle à 1000 euros, on ne l’a jamais vue, au contraire ils ont profité de cette situation pour dégrader nos conditions ! ». Comme beaucoup de secteurs dit de « seconde ligne » les salariés d’Aéro-piste n’ont pas reçu la fameuse prime macron de 1000 euros, inscrit dans le tract de la CGT distribué en septembre elle fait partie de leurs revendications.

Une lutte bien partie pour durer au vu du suivi de la grève et de la détermination des grévistes qui débrayent plusieurs heures par semaine, infligeant un coût important à l’entreprise et au donneur d’ordre Air France. Mais Transdev n’hésite pas à faire appel à des intérimaires, une importante entrave au droit de grève pour laquelle les salariés comptent très vite entamer une procédure judiciaire. De plus, elle n’hésite pas à favoriser les salariés non mobilisés. En mai 2020, l’entreprise avait été condamnée par le tribunal de Bobigny pour atteinte au principe « à travail égal, salaire égal », après avoir fourni des primes trimestrielles aux salariés non mobilisés. Malgré tout, les travailleurs de Roissy restent déterminés à continuer le mouvement : « On pourra rester 6 mois comme ça s’il le faut, on ne lâchera rien tant que leurs mépris ne cesseront pas, et pour gagner la dignité et la reconnaissance ! » conclut Nordine.


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