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Education nationale

Réouverture des écoles : quand Philippe dit vert, Blanquer dit rouge

Alors que le gouvernement lance la deuxième phase du déconfinement visant à relancer l’activité économique, Edouard Philippe prêche pour une reprise normale des cours au mois de juin pendant que Jean-Michel Blanquer annonce qu’il n’y aura pas d’allègement du protocole sanitaire dans les écoles d’ici la rentrée scolaire. Des discours divergents qui expriment les contradictions d’un gouvernement toujours incapable de gérer la crise.

Gabriella Manouchki

2 juin 2020

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En ce mardi 2 juin, le lancement de la deuxième phase de déconfinement donne l’impression d’un « retour à la normale » puisqu’une partie importante des contraintes sont levées, renvoyant sur leurs lieux de travail celles et ceux dont l’activité était encore limitée par les mesures sanitaires. Si la crise du Covid n’est pas terminée, comme le rappellent les soignants, c’est bien la relance de l’économie qui reste prioritaire pour le gouvernement. Dans ce contexte, la question de la réouverture des écoles pour garder les enfants des travailleuses et des travailleurs devient un enjeu central pour ce dernier, comme on avait pu le constater avec un profond malaise dès le mois de mai. C’est pourquoi Édouard Philippe s’est montré offensif sur la question devant l’Assemblée Nationale, pendant que Jean-Michel Blanquer a affiché plus de prudence au micro de Bourdin sur RMC et BFMTV.

Alors que le virus constitue toujours un danger pour la santé des enfants, des enseignants et de leurs proches, alors que les mesures de distanciation sociale rendent impossible tout suivi pédagogique de qualité, c’est sur l’argument du « décrochage scolaire » que s’accordent les deux interventions pour justifier la réouverture de l’ensemble des écoles et des collèges ainsi que de certains lycées. Comme si renvoyer les enfants et leurs enseignants en cours en les exposant au virus dans de mauvaises conditions d’apprentissage et de travail, qui plus est pendant seulement un mois, allait régler ce problème qui prend racine dans des structures beaucoup plus profondes. Derrière cet argument à visage social ne se cache en réalité guère plus que la nécessité pour le gouvernement de remettre les parents au travail pour « relancer l’économie » et, surtout, les profits qu’elle génère.

Cependant, dans son double-objectif de relancer l’économie tout en évitant une seconde vague de Covid et une explosion des colères, le gouvernement ne peut qu’être contradictoire dans son discours. Devant l’Assemblée Nationale, le premier ministre affirmait d’un côté que : « Proposer des demies-journées d’accueil à l’école ou même des journées alternées, c’est placer les parents et leurs employeurs dans des situations qui sont parfois quasi-impossibles à gérer ! ». Pour soutenir les patrons, le retour à un rythme normal et donc la suppression des roulements qui permettent aujourd’hui de prévenir la circulation du virus dans les écoles, seraient donc une « nécessité d’intérêt général ». Cela en dit long sur les priorités du gouvernement, qui a lui-même placé les parents dans une position délicate vis à vis de leurs patrons en accélérant la reprise du travail sans prévoir de solution de garde à la hauteur de la situation.

D’un autre côté, au micro de Bourdin ce matin, le ministre de l’Éducation Nationale marchait sur des œufs pour rassurer les parents et surtout les enseignants qui s’inquiètent de la réouverture des écoles. Interrogé sur le plan de reprise, il a annoncé qu’il n’y aurait un allègement du protocole sanitaire qu’à la rentrée en septembre et ce selon le scénario le plus optimiste. Il a également annoncé la reprise des négociations concernant les conditions de travail des enseignants et la nécessité de « mieux payer nos professeurs ». On voit bien comment Blanquer cherche, maladroitement, à contenir la colère des fonctionnaires qui dépendent de son ministère.

Dans la suite logique d’une gestion de crise erratique, le gouvernement fait des annonces qui sont incohérentes et qui montrent son incapacité à résoudre la crise dans l’intérêt de la majorité de la population. Malgré les risques sanitaires et l’absurdité pédagogique que cela implique dans les écoles, le gouvernement force une réouverture pour la fin de l’année qui ne profitera qu’aux profiteurs.


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