×

PRECAIRES EN GREVE

Rennes. Des centaines de livreurs en grève ce week-end pour la dignité

Après une première journée de grève réussie début avril, près de 300 livreurs rennais se sont mis en grève ce week-end, réussissant à perturber les commandes pendant trois jours. Ce dimanche, 80 d’entre eux se sont réunis en Assemblée Générale sur l’esplanade Charles-de-Gaulle. Ils dénoncent leurs conditions de travail, en particulier ce qui concerne leurs rémunérations.

Mar Leroye

19 avril 2021

Facebook Twitter

L’augmentation du nombre de livreurs à Rennes, qui a franchi la barre des 700 pendant la crise sanitaire, s’est accompagnée d’une baisse de rémunération à la course. Les plateforme de livraisons, ici Uber-Eats et Deliveroo, profitent du plus grand nombre de livreurs pour les mettre en concurrence. Dans ce contexte d’aggravation de leurs conditions de travail et baisses de salaires, les livreurs rennais ont décidé de prendre leurs affaires en main et de se mobiliser. Ils se sont mis en grève une première fois le dimanche 4 avril, manifestant par la suite sur l’esplanade Charles-de-Gaulle pour dénoncer la précarité dans laquelle ils sont plongés.

Lors de ce rassemblement, l’un d’entre eux expliquait à France Bleu que « il y a encore un mois, on pouvait avoir des bonus de 35 euros pour 11 courses. Aujourd’hui, ce bonus est descendu à 11 euros. ». Un autre manifestant racontait que « une fois, pour cinq euros de pourboire, j’ai touché 80 centimes ».

Déterminés à continuer la mobilisation, ce sont près de 300 livreurs qui se sont mis en grève tout le week-end, impactant la livraison de commandes sur la ville de manière importante.

Ce dimanche, ils étaient près de 80 à se réunir en assemblée générale afin de discuter des suites du mouvement. S’ils ont choisi comme principale revendication l’augmentation des rémunérations, ils ont émis de nombreuses critiques envers les entreprises de livraison. L’un des manifestants déclarait qu’il était parfois rémunéré 65 centimes la course, tandis que d’autres dénonçaient leurs dépendances à l’algorithme des plateformes, leurs dictant leurs horaires de travail, alors qu’ils sont soit-disant « indépendants ». Mais ce qui ressortait du rassemblement, au-delà des revendications, c’est leur détermination : « Faites en sorte que Uber et Deliveroo ne touche pas un centime de Rennes ce soir. On va les mettre en PLS !  ». Loin d’être satisfaits par leur première réunion avec la plateforme Uber, qui avait joué la sourde d’oreille face à leurs revendications, ils décideront suite à la prochaine réunion, prévue ce jeudi 22 avril, des suites du mouvement.

Cette grève vise l’obtention d’une augmentation des rémunérations, vitale pour ces travailleurs précaires, qui ont été en première ligne face à la pandémie mais qui galèrent de plus en plus à remplir leur frigo. La mobilisation des livreurs à Rennes fait d’ailleurs écho à celle des livreurs de Belfort la semaine dernière, mais aussi à celle des livreurs nantais, mobilisés contre l’arrêté municipal qui interdit les scooters en zone piétonne, les empêchant d’exercer leur métier. Mais ce que cette grève pose également, c’est la place qu’ils occupent dans la société. Comme le rappelait l’un des intervenant à l’AG : « L’argent que vous avez perdu cette semaine, vous l’avez gagné en dignité  ». Car ce que la crise sanitaire a mis en lumière, c’est bien que ce sont les travailleurs précaires qui font tourner notre société, et qui pourtant, continuent d’être méprisés et précarisés par le patronat. A ce titre, la mobilisation des livreurs, de Rennes et d’ailleurs, en refusant les conditions de travail qu’on leur impose, montre l’exemple à l’ensemble des précaires. Si le patronat, qui a continué à toucher des milliards pendant la pandémie, cherche à nous faire payer la facture, c’est par l’auto-organisation et la construction d’un rapport de force qu’on pourra inverser la vapeur.


Facebook Twitter
5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

5 jours de mise à pied : la SNCF réprime Marion, cheminote ayant dénoncé une agression sexuelle

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

100€ à débourser pour accéder à son CPF : le gouvernement fait à nouveau payer les travailleurs

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

« Tavares gagne 36,5 millions grâce aux ouvriers sous-payés » Vincent, délégué CGT Stellantis

Toulouse. Marche blanche en mémoire d'Adrien, employé de l'ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale

Toulouse. Marche blanche en mémoire d’Adrien, employé de l’ATPA-SPA en lutte contre la maltraitance animale

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

« Ils veulent museler toute contestation ». La CGT Fleury Michon appelle à la grève contre la répression

Chambéry. Les parents d'élèves rejoignent la mobilisation en soutien à une enseignante

Chambéry. Les parents d’élèves rejoignent la mobilisation en soutien à une enseignante 

SNCF. Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend convoqués en conseil de discipline

SNCF. Une victime de VSS et le syndicaliste qui la défend convoqués en conseil de discipline

Toulouse. Les travailleurs d'Airbus Defense & Space en grève pour les salaires

Toulouse. Les travailleurs d’Airbus Defense & Space en grève pour les salaires