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Meeting à la Bourse du travail

Rendez-vous ce samedi : Bagui Traoré, nouvelle figure du prisonnier politique

Ce samedi 22 avril à partir de 13h, la famille Traoré et le collectif Justice et vérité pour Adama convient toutes celles et ceux qui se sentent solidaires de leur lutte contre les violences des « forces de l'ordre » et leur impunité, à un grand meeting à la Bourse du travail de Paris. L'occasion de revenir sur l'acharnement subi par la famille depuis des mois, dont l'incarcération de Bagui, frère aîné d'Adama, depuis novembre dernier, est le point culminant.

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C’est en effet trois jours plus tard, ce mardi 25 avril, qu’aura lieu le procès en appel de Bagui, pour lequel la famille appelle à une large mobilisation. A 25 ans, le frère d’Adama a écopé en novembre dernier de huit mois de prison ferme, dans le cadre d’un procès de onze heures, et qui a vu les témoignages des policiers l’accusant de violences évoluer en temps réel. Après avoir porté plainte contre X, ces agents on voulu présenter Bagui comme l’instigateur de violences à leur égard le soir du 17 novembre dernier, en marge d’un conseil municipal. La vérité est que le rassemblement des habitants de Beaumont, venus protester contre la politique de stigmatisation de leur Maire Nathalie Groux, avait été brutalement dispersé par la police municipale, avant que la gendarmerie n’orchestre le même soir une expédition punitive sur le quartier de Boyenval, celui où vivait Adama Traoré. Depuis, Bagui a encore été chargé par de nouvelles affaires toutes aussi mensongères.

Pourquoi cet acharnement sur Bagui Traoré ? La réponse est politique. Bagui est la dernière personne à avoir vu son petit frère Adama en vie. Il est le témoin qui a révélé, le premier, les incohérences du récit des gendarmes responsables de sa mort. Il était, aussi, l’un des militants les plus actif du comité Justice et Vérité pour Adama. Depuis le 22 novembre, il est donc derrière les barreaux, et subit de plus, un régime discriminatoire en tant que détenu. Ses colis sont interceptés, les visites lui sont interdites, alors qu’il est père d’un petit garçon de 4 ans. C’est de cette nouvelle figure du prisonnier politique qu’il conviendra donc de parler samedi après-midi, dix ans après l’incarcération des deux frères Kamara, chargés eux aussi à l’époque pour avoir aidé à construire la mobilisation des habitants de Villiers-le-Bel après le meurtre de deux adolescents par la police.

Mais l’acharnement qui s’abat depuis des mois sur la famille Traoré n’a pas touché que Bagui. Youssouf, le cadet d’Adama, a écopé de trois mois avec sursis pour la même affaire du 17 novembre, et a perdu son emploi. Yacouba, lui aussi cadet d’Adama, a plus récemment été condamné à dix-huit mois de prison ferme suite à un autre montage. Le rapeur Dooms, qui nous avait fait la joie d’animer un concert contre les violences policières que l’on organisait à l’université Paris 8 le sept mars dernier, a lui écopé de quinze mois ferme. « En sept mois, ils nous ont fait un mort et trois prisonniers », nous avait alors expliqué Assa Traoré.

Face à un tel acharnement, il y a un impératif à sortir du silence et de l’indifférence, à comprendre. Comprendre le vaste dispositif d’écrasement qui frappe les quartiers populaires, dans une France néo-coloniale en politique étrangère, comme intérieure. Comprendre, écouter, et se solidariser. Nous reproduisons ci-dessous l’appel du collectif Justice et vérité pour Adama, ainsi que le programme du meeting de samedi et son visuel.

RDV à partir de 13h et jusque 17h à la Bourse du travail de Paris, 85 rue Charlot, 75003 Paris. Le lien vers l’événement Facebook : https://www.facebook.com/events/1863727977236353/

L’appel du collectif Justice et vérité pour Adama

Le 17 novembre se tenait le conseil municipal de la ville de Beaumont-sur-Oise. Mme Nathalie Groux voulait alors inscrire à l’ordre du jour la prise en charge par la municipalité de ses frais judiciaires ainsi que de sa protection personnelle, car elle voulait porter plainte contre Assa Traoré pour diffamation. Les habitants de Boyenval et la famille Traoré ont voulu assister à ce conseil. À l’entrée de la mairie, ils sont accueillis par une cinquantaine de policiers municipaux et de gendarmes. L’entrée leur est bloquée et ils doivent subir des violences de la part des forces de l’ordre. Le conseil est alors annulé et ajourné. Le soir même, le quartier de Boyenval subit une expédition punitive. Cette expédition n’était rien d’autre que les représailles de la gendarmerie contre les habitants venus assister au conseil.

Bagui Traoré et son frère Youssouf vont ensuite être arrêtés 5 jours plus tard, soit le matin du second conseil municipal ajourné au 22 novembre. Ils sont accusés d’« outrage », de « violences » et de « menaces de mort » à l’encontre d’agents de la police municipale. Après un procès de 11 heures, nos frères, fils et amis Youssouf et Bagui Traoré ont été déclarés coupables des faits qui leur étaient reprochés, alors qu’aucune preuve formelle n’a pu être apportée et malgré les aveux de faux témoignages des parties plaignantes. Youssouf a été condamné à 3 mois de prison aménageables. Bagui a quant à lui été condamné à 8 mois d’emprisonnement avec maintien en détention et deux ans d’interdiction de se trouver à Beaumont-sur-Oise. Ils doivent également dédommager les policiers, pour un total de 7 400 euros. À la suite de cette condamnation, Bagui doit aussi exécuter une peine de prison de 9 mois supplémentaires, un sursis qui date de 2010.
Le procès en appel de Bagui Traoré aura lieu le 25 avril 2017.

C’est en vue de ce procès que ce meeting aura lieu. Il s’agira de replacer la condamnation de Bagui dans le contexte de la mort de notre fils, frère et ami Adama. En effet, il est évident qu’il est incarcéré depuis le 22 novembre 2016 en raison de son action politique au sein du comité pour la justice et la vérité pour Adama.
C’est surtout parce qu’il est le témoin clé de la mort de son frère Adama que les institutions judiciaires tentent par tous les moyens de l’anéantir psychologiquement et de le briser afin de décrédibiliser sa parole. C’est bien Bagui qui est le dernier à avoir vu son frère Adama vivant et à avoir soulevé les premières incohérences de la version des forces de l’ordre expliquant les causes de sa mort. Les charges s’accumulent et les affaires noient la famille sous les procédures et détruisent leur cellule familiale. Depuis février s’ajoutent trois autres poursuites et une mise en examen pour « tentative d’assassinat sur agent de l’ordre public », de graves accusations qui dateraient des révoltes survenues au lendemain de la mort d’Adama Traoré. Mais c’est bien parce qu’il joue un rôle hautement politique que tout est mis en œuvre pour le garder derrière les barreaux. En attendant, la famille revendique toujours la mise en examen des gendarmes responsables de la mort d’Adama et leur condamnation.

Bagui n’est hélas pas un cas nouveau, ni un cas isolé. Il doit affronter, avec sa famille et ses proches, les méthodes bien courantes dans les affaires de violences policières et de crimes policiers. Elles se caractérisent par un éventail important et pénible de pratiques de criminalisation et de répression, faisant de Bagui Traoré une nouvelle figure du prisonnier politique. L’acharnement dont est aujourd’hui victime Bagui illustre les méthodes bien utiles afin de disculper les forces de l’ordre et de pointer du doigt les victimes et leurs proches, tenus pour seuls responsables des violences subies. Ce meeting permettra de mettre en lumière la situation de Bagui Traoré et de sa famille ainsi que de toutes les victimes de la justice, de distinguer les moyens de pression à l’encontre des victimes des violences policières et ainsi dégager les stratégies de défense à mettre en place.

Ce meeting se tient à Paris car nous ne dissocions pas la situation de Bagui de l’« affaire Adama Traoré », dépaysée à la capitale. Cette journée de mobilisation permettra d’apporter un soutien conséquent en perspective du rassemblement prévu devant le tribunal de Versailles le 25 avril 2017.

Le programme du meeting de samedi

❖13h00 - Accueil du public

❖13h30 – Ouverture par le Comité Vérité et Justice pour Adama - Bagui Prisonnier Politique
Projection de la vidéo de la reconstitution, les dernières minutes d’Adama Traoré

❖14h00-15h45- Table ronde « De la criminalisation des victimes à leur incarcération, les quartiers face à la Justice »

• Tarek Kawtari - Membre fondateur du Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) et de L’Écho des cités
• Mathieu Rigouste - Sociologue et essayiste, chercheur indépendant en sciences sociales et militant anti-sécuritaire.
• Geoffroy de Lagasnerie – philosophe et sociologue
• Geneviève Bernanos - mère d’Antonin Bernanos, du comité « Libérons Antonin »
• La famille Kamara de Villiers-le-Bel, criminalisée et incarcérée suite aux révoltes de 2007
• Nadia - Comité pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah

❖16h - Témoignage de Youssouf et Samba Traoré

❖16h30-18h Table ronde « Autonomie et résistance : quelles défenses dans les quartiers ? »

•Zouina Meddour - ancienne membre du Forum Social des Quartiers Populaires (FSQP), ancienne directrice du centre social de la Maison des Tilleuls et chargée de la lutte contre les discriminations
• Ramata Dieng - Porte-parole collectif Vies Volées, sœur de Lamine Dieng mort dans un fourgon de police le 17 juin 2007
• Collectif Cases Rebelles - "100 portraits contre l’État policier", Éditions Syllepse
• Assa et Lassana Traoré - Porte-parole du comité "Vérité et Justice pour Adama"
• Youcef Brakni - militant de quartier, Bagnolet
• Almamy Kanouté - Éducateur, co-fondateur du mouvement Émergence


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