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Lettre au président

Qui sont les « déconneurs » ? « Mère au foyer en Corse, sans emploi stable : Non, je ne déconne pas Manu ! »

Et les riches qui cachent chaque année des milliards à l'étranger, ceux qui spéculent, ils ne « déconnent" » pas, eux, peut-être ? Les déconneurs sont au gouvernement.

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En réponse à la pièce de théâtre de près de sept heures – ah non pardon le Grand Débat national ! – « Jupiter et ses apôtres », joué devant près de 600 spectateurs, et le reste du monde, j’ai ce matin moi aussi l’envie de rédiger ma lettre au Président.

Monsieur,

Il y a un an, déjà, j’écrivais ceci : « Misère sur l’« île de Beauté » : vivre en Corse avec trois enfants à charge en étant mère isolée au chômage ». Je suis toujours mère au foyer, sans emploi stable, et non, je ne déconne pas Manu !

Je constate que rien n’a changé sous le soleil.

Au contraire, cela a empiré. Depuis dix semaines il y a un mouvement solidaire nommé Gilets Jaune, que la Corse a endossé aussi. Car je vous rappelle qu’en Corse un habitant sur cinq vit avec moins de 970 euros par mois. La grande pauvreté touche de plus en plus de personnes – heureusement, des associations, des particuliers solidaires, des mouvements se créent et viennent en aide aux plus démunis. Notamment des femmes, des travailleurs pauvres et des seniors, les seniors du rural étant majoritairement touchés. On perd un emploi, on divorce, et la dégringolade commence ! Les loisirs, les sorties en famille, le sport, les départs en vacances... cela n’existe plus – sauf dans les rêves. Quoique qu’il devient de plus en plus difficile de rêver tellement nos nuits sont gâchées par les soucis.

Un Français sur cinq ne peut pas manger trois fois par jour, ce qui n’est semble-t-il pas votre cas au vue des différents événements vous concernant. Eh oui ! Monsieur, être pauvre c’est sauter des repas, acheter des produits peu coûteux, faciles à préparer, entraînant divers maux et une mauvaise santé physique. Mais vous, vous rayonnez, en plein grand débat, éblouissant, sur votre scène !

Vous nous accusez de tous les maux. Vos paroles déplacées vont crescendo dans le mépris, alors même que depuis des semaines, les Gilets Jaunes, tous ces gens qui « déconnent », comme vous dites, manifestent leur colère et leur désespoir dans la rue.

Vous nous accusez ouvertement d’être des profiteurs, qui préfèrent se la couler douce avec le RSA, entre autres. Mais Monsieur, vous êtes un ignorant de ce que nous vivons au quotidien pour rester debout ! Vivre dans la grande pauvreté, M. le Président, ce n’est pas vivre, c’est survivre.

Vous ne supportez décidément pas notre classe sociale, les gens d’en bas. Vous continuez à nous comparer a des pestiférés alors que nous sommes en règle générale bien plus respectable que vous et les vôtres !

Je vous le dis, Monsieur, j’en ai marre de l’étiquette que vous donnez à ceux que vous exécrez, ceux dont vous faite un urticaire ; j’en ai marre de votre langage qui n’est pas égal au mien.

Alors, Manu c’est quoi ton plan finalement ?

Continuer à laisser des gens vers un acte 10 ?

Continuer à laisser tes soldats tuer et mutiler des citoyens de tout âge en tirant à bout portant ?

Continuer à pérorer sans avoir connaissance réelle de la liste des revendications ?

Toi, où tu habites, tu trouves du travail. Nous, on n’habite pas à Paris, ni a l’Elysée.

On vit dans la réalité. Car en supprimant l’Impôt Sur la Fortune, c’est aux tiens que tu fais un cadeau. Parce que pour nous c’est un fardeau : toi où tu habites ça brille, ça claque – non je ne raconte pas de craques !

Quand à raconter des craques, à mon sens, tu en racontes à longueur de journée. Tu ne vis toujours pas dans la réalité, à dire que certains pauvres « déconnent ». On « déconne » de ne pas manger à notre faim, de ne pas manger cinq fruits et légumes par jours, de ne pas aller en vacances a Brégançon ni d’avoir de la vaisselle et une piscine à des millions d’euros. Et les riches qui cachent chaque année des milliards à l’étranger, ceux qui spéculent, ils ne « déconnent" » pas, eux, peut-être ? Les déconneurs sont au gouvernement.

Quant à cette fameuse lettre adressée aux Français, c’est un gaspillage de papier. Je me servirai de cette lettre pour attiser le feu de ma cheminée. Ou bien je la retournerai à l’envoyeur, retour à l’Elysée. Car, comme tu n’as cure de ma prose, je n’ai cure de la tienne.

Ne t’en fais pas, je n’attends plus après ce gouvernement. Pour m’en sortir, je ne compte que sur les miens.


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