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Grèves et blocages

Protocoles sanitaires dans les lycées : sous pression de la mobilisation, Blanquer obligé de reculer

Sous pression de la mobilisation, le ministre a accepté hier la mise en place de cours en demi-groupes uniquement dans les lycées. Toutefois, il refuse de parler d'embauches et passe sous silence les collèges et écoles, alors que la seconde vague s'annonce plus meurtrière que la première.

Mahdi Adi

6 novembre 2020

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Crédits photo : © S. Soviller - France Télévisions 

Jean-Michel Blanquer a adressé jeudi soir une lettre aux chefs d’établissements, dans laquelle il affirme qu’« il convient désormais que chaque lycée établisse un plan de continuité pédagogique, mis en œuvre jusqu’aux prochains congés scolaires, qui garantisse au moins 50% d’enseignement en présentiel pour chaque élève ». Le ministre accepte ainsi la mise en place de cours en demi-groupes dans les lycées - à l’appréciation des chefs d’établissement.

Une reculade sous pression des grèves, débrayages, droits de retraits et blocage depuis une semaine pour des protocoles sanitaires à la hauteur dans les établissements scolaires, qui montre qu’en se mobilisant les profs, personnels de l’éducation, lycéens et parents d’élève ont pu faire plier le gouvernement. Cependant cette concession cache mal l’épine dans le pied que représente le mouvement dans l’Éducation Nationale et les revendications quand au protocole sanitaire pour le gouvernement et le patronat. La répression violente et scandaleuse des lycéens à Colbert (Paris) ou Paul Eluard (Saint-Denis) résultait déjà de la volonté d’étouffer – en vain – la mobilisation sous les matraques et les gaz lacrymo.

En effet, mercredi déjà, pas moins de 22 lycées en région parisienne – pointe avancée de la contestation – et 27 au niveau national, avaient mis en place dans les faits des protocoles sanitaires décidés en Assemblées Générales sous l’impulsion des profs et personnels, en coordination avec les parents d’élève, véritables exemples d’auto-organisation. Or, en plus de remettre en cause l’autorité du rectorat et du ministère, un tel fonctionnement n’allait pas sans contredire le plan du gouvernement pour confiner le pays tout en maintenant l’économie et les profits du grand patronat.

Car si les établissements scolaires sont les seuls établissements publics à avoir été maintenus ouverts après le confinement, cela n’est pas sans rapport avec le rôle de « garderie du MEDEF » que le gouvernement veut leur faire jouer, afin de laisser les parents aller travailler pendant que les enfants sont à l’école. Si le dédoublement des classes a été mis en place assez rapidement sous pression des profs dans un certain nombre de lycées où la mobilisation a été importante, dans les collèges et les écoles primaires le ministère a donc fait plus de résistance afin d’éviter un effet tâche d’huile.

Or les annonces de Jean-Michel Blanquer restent circonscrites aux lycées, et maintiennent le statut quo sur les collèges et les écoles primaires, où les personnels sont pourtant également mobilisés puisqu’ils sont tout aussi susceptibles de constituer des clusters que les lycées alors que la seconde vague de Covid-19 s’annonce plus meurtrière que la première, « plus haute et plus violente » des dires mêmes du ministre de la Santé, Olivier Véran. D’autre part, dans les lycées le ministre laisse à l’autonomie des chefs d’établissement la possibilité de mettre en place des demi-groupes, ce qui revient à les conditionner aux rapports de force locaux ainsi qu’aux moyens budgétaires et matériels dont disposent les établissements.

Par ailleurs le ministre n’apporte aucune réponse aux revendications d’embauche de personnels enseignants, d’Assistants d’Éducation (AED), ou encore d’agents de propreté et de cantine, pourtant seule condition pour pouvoir assurer à la fois la continuité pédagogique et maintenir les écoles ouvertes en évitant le brassage des élèves. Avec ces annonces Jean-Michel Blanquer tente donc de calmer la colère dans le secteur sinon le plus dynamique de la mobilisation, en tout cas le plus explosif avec les blocages lycéens, et moins coûteux pour le confinement « Made in Medef » voulu par le gouvernement. Mais en se contentant d’une mesure de façade, il ignore le fond des revendications exprimées par les profs, lycéens et parents d’élèves pour des mesures sanitaires à la hauteur, qui impliquent d’allouer des moyens supplémentaires dans les établissements scolaires.

Il s’agit donc pour les enseignants, les élèves, et leurs parents, de continuer à s’organiser en assemblée générale et en commissions d’hygiène et sécurité, et à se mobiliser pour imposer l’application d’un protocole sanitaire réellement efficace contre la transmission du virus, par le dédoublement des classes, l’embauche de personnels, et la mise à disposition de matériel sanitaire gratuit (gel, masques, etc.). De même, il est nécessaire que les directions syndicales cessent de tergiverser et appellent clairement à manifester le 10 novembre, prochaine grosse journée de grève nationale, et que le mouvement se dote d’un véritable plan de bataille. Jean-Michel Blanquer et le gouvernement ont déjà montré qu’il n y a aucune confiance à leur accorder pour gérer la crise sanitaire autrement que par la répression. Il s’agit donc pour notre camp social d’imposer les mesures sanitaires et sociales à la hauteur face à la crise.


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