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Grève face à Blanquer

Professeurs et lycéens contre Blanquer : la mobilisation contre les E3C s’étend

Dans le cadre de la lutte historique contre la réforme des retraites, et alors que le gouvernement voudrait tourner la page, la mobilisation se radicalise et pourrait s’étendre à d’autres secteurs. Même si J.M. Blanquer souhaite le nier, les épreuves du bac ont été fortement perturbées et dans plus de 300 lycées la lutte contre les E3C s’intensifie. Dans ces conditions, les lycéens pourraient rejoindre largement la mobilisation d’ensemble contre la réforme des retraites et Macron pour lui donner un nouveau souffle.

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Crédit Photo : Damien Meyer / AFP

Pour les enseignants, à la réforme des retraites s’ajoute la réforme de la Fonction Publique, qui prévoit un plan de licenciement massif atteignant 1500 postes, avec pour conséquence la surcharge de travail et l’entassement des élèves dans les salles de classe. Les conditions de travail se dégradant de plus en plus, de par la diminution du budget et les réformes successives ainsi que le profond malaise au travail qui en dérive avait donné lieu avant l’été 2019 à la création des collectifs de « stylos rouges » et à des phénomènes d’insubordination au travers de la grève du Bac.

De nouvelles actions pour perturber les E3C

Déjà massivement mobilisés contre la réforme des retraites, les enseignants luttent aussi aujourd’hui contre les nouvelles épreuves du Bac Blanquer, les « E3C ». Des épreuves à caractère local venant à accentuer la sélection sociale dans les établissements. Comme le soulignait une tribune de professeurs de lycée, universitaires et parents d’élève publiée dans Libération, le bac Blanquer tend à « sélectionner le plus tôt possible : ce n’est pas la progression continue de l’élève qu’évalue l’enseignant avec les E3C mais son classement par rapport à tous ceux qui, comme lui, postuleront dans Parcoursup dans l’espoir d’être acceptés dans le supérieur. La prise en compte des E3C dans Parcoursup consacre ainsi de fait la disparition du bac national comme premier grade universitaire. Quels élèves y gagnent ? Plus qu’hier, les initiés, ceux qui héritent des capitaux culturels de leurs familles ou qui bénéficient de coach et d’un soutien scolaire privé onéreux. » Aussi résument-ils, « c’est là une nouvelle rupture d’égalité, ou plutôt un redoublement des inégalités sociales par des inégalités entre territoires d’enseignement. »

De même, tel que le dénoncent les organisations syndicales de l’Education les « E3C » vont produire un surcroît de travail pour le personnel administratif et dégrader les conditions de rémunérations des enseignants, car, contrairement à l’ancien Bac, le temps de correction des E3C ne sera pas payé.

Face à cette nouvelle attaque du gouvernement et malgré la tentative de Blanquer de calmer le secteur avec des négociations autour d’une une fausse revalorisation des salaires, la mobilisation n’a cessé de se radicaliser et de s’étendre à différents lycées, notamment autour d’actions coup de poing comme le lancer de cahiers devant la Sorbonne.

Depuis le 14 janvier, que ce soit avec des blocages ou sous la forme de la grève des corrections ou de la surveillance les épreuves ont été fortement perturbées et reportés dans de centaines de lycées De Paris avec Louis-Le-Grand, Henri IV ou Helene Boucher, en passant par La Rochelle, Rouen, Lyon, Nantes, Moirans, Montauban, Lille, Bordeaux Poitiers, Roussillon, Chazelles, l’Orne, Toulouse, Ajaccio, Laval, Nîmes... Tel que le recense le compte twitter Stop Bac Blanquer-Stop E3C, plus de 300 établissements étaient mobilisés ce 20 janvier sur l’ensemble du territoire.

Élargissement de la contestation

Malgré la radicalisation et l’élargissement évident de la contestation ce 19 janvier J.M. Blanquer assurait sur France Inter que « 99,9% des enseignants seraient d’accord » avec sa réforme. Comme l’ensemble du gouvernement, le ministre voudrait tourner rapidement la page de la lutte historique contre les retraites, en jouant au sourd et en niant tous les phénomènes d’élargissement et de radicalisation de la colère qui commencent à aller au-delà de la RATP ou la SNCF et sont de plus en plus visibles dans le secteur de l’éducation, personnel, enseignants et élèves confondus. Mais malgré la posture calme du ministre, la peur du gouvernement se traduit toujours de la même manière : par la répression et la criminalisation. Si jusque là, une cinquantaine d’enseignants ont été déjà sanctionnés, ce lundi, des lycéens d’Essonne au lycée Rosa Parks ont dû reprendre les épreuves sous les menaces de l’administration. À Orthez, la pression policière n’a pas pu empêcher le report des E3C.

Les craintes du gouvernement sont fondées. La contestation contre les E3C s’étend à de nombreux lycées et est menée de concert par les professeurs et les lycéens, ce qui est une porte ouverte à ce que ces derniers rejoignent largement la lutte contre la réforme des retraites et le gouvernement Macron aux côtés des grévistes en donnant un nouveau souffle à leur mobilisation. A Bordeaux, la CGT Energie a coupé l’électricité dans trois lycées mobilisés contre les E3C et dans le rectorat où se tenait une réunion du Comité Technique Administrative, signe d’un début de jonction entre la jeunesse et les travailleurs grévistes.

Cette action a été revendiquée par un communiqué de la CGT Energie qui dénonçait les méthodes répressives du rectorat et qui encourageait la jeunesse à se battre à ses côtés pour un avenir meilleur : « La CGT Energies 33 s’associe de tout cœur avec cette jeunesse combative qui a décidé de se bâtir un avenir résolument progressiste ! Debout la jeunesse, les travailleurs vous soutiennent ! ». Dans ce but, les grévistes réunis en Assemblée générale « ont décidé démocratiquement de reprendre en main leur outil de travail tant que le gouvernement n’annoncera pas le retrait de cette réforme régressive pour tous » et ont réussi non seulement à reporter les E3C mais a également « rétabli le courant aux plus précaires ».

Ces actions montrent à petite échelle la force que la grève pourrait prendre si la jeunesse rejoignait la lutte massivement en redonnant un nouveau souffle à la mobilisation. Une jeunesse qui tend à suivre la dynamique des ses professeurs et à rentrer petit à petit dans le mouvement. Tel que le relevait le communiqué, les grévistes de l’énergie ne luttent pas seulement contre la réforme des retraites mais contre un gouvernement au service d’un « système économique violent, qui recherche le profit coute que coute, provoquant catastrophes écologiques et humaines ». La jeunesse de plus en plus précaire, confrontée à la crise écologique, à la concurrence croissante dans les études et au travail, etc., a tout à gagner en se mobilisant contre la réforme Blanquer et contre le gouvernement au côté des grévistes.


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