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Le retraité de 69 ans avait trouvé la mort en garde à vue

Procès Ali Ziri. La justice blanchit les policiers qui l’ont assassiné

Mathilde Brunel A la Cour de Cassation mardi, les violences policières s’en sont une fois de plus sorties indemnes. Depuis près de 7 ans, la famille, les proches et de nombreux anonymes avaient mené campagne pour faire reconnaître la responsabilité des policiers dans la mort d'Ali Ziri, retraité de 69 ans. Mais l'Etat vient une nouvelle fois de réaffirmer ce que signifie sa « justice ».

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En juin 2009, Ali Ziri est interpellé sur la route avec un ami, Arezki Kerfali, 60ans. Ils sont tous les deux alcoolisés et sont transportés au commissariat et placés en garde à vue. Tombé dans le coma, Ali Ziri est déclaré mort deux jours plus tard. Que s’est-il passé entre l’interpellation des policiers et la mort d’Ali Ziri ? C’est la question que pose depuis 7 ans le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri. Cette recherche aura même abouti à la production d’un film, « Qui a tué Ali Ziri ? » qui fait office de contre-enquête.

Pendant ces 7 ans, c’est aussi un véritable marathon judiciaire qu’ont dû mener les soutiens, entre procès, appels et cassation. En février 2014, une brèche semblait s’ouvrir, le procureur général remettant en cause le non-lieu prononcé et demandant un supplément d’enquête. Après un nouveau non-lieu prononcé par la chambre d’instruction, la Cour de Cassation a définitivement choisi mardi dernier de blanchir les policiers pour de bon, alors que tout les désigne coupables.

En effet, si la première autopsie avait affirmé que la mort d’Ali Ziri était due à des problèmes cardiaques et à l’alcoolémie, il en a été tout autrement par la suite. Une contre-expertise avait ainsi révélé la présence d’une vingtaine d’hématomes, dont certains larges de 17centimètres ! L’institut médico-légal expliquait alors clairement qu’Ali Ziri était « décédé d’un arrêt cardio-circulatoire […] par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ».

Plus scandaleux encore, parmi les trois policiers présents au moment des faits, l’une d’elle a avoué avoir utilisé sur Ali Ziri la technique dite « du pliage », une technique policière pour bloquer un individu et qui est interdite depuis 2003 du fait de sa dangerosité. C’est donc ainsi que le retraité serait mort, par asphyxie. La « justice » semble pourtant s’en désintéresser au plus haut point. En juin 2015, l’avocat de la famille, Stéphane Maugendre, expliquait en effet au Parisien que les trois policiers en cause n’avaient jamais été entendus par aucun juge d’instruction saisi de l’affaire ! « Nous avons également demandé l’audition des témoins, et qu’une reconstitution soit faite au regard des expertises. Tout cela nous a toujours été refusé, comme le visionnage de la vidéo de l’arrivée d’Ali Ziri au commissariat d’Argenteuil. ». Autant de preuves que les juges étaient bien décidés à tout faire pour enterrer la vérité.

Mais le pire est certainement dans les arguments donnés par les juges pour conclure définitivement à un non-lieu. En effet, le dernier rendu de la Cour de Cassation, publié par Mediapart mercredi, est parlant : « les manœuvres de contention pratiquée sur Ali Ziri avaient été rendues nécessaires par l’agitation et la rébellion des personnes interpellées », estime-t-elle. Elle reprend ici directement les arguments de la chambre d’instruction : « les policiers n’ont fait usage que de la force strictement nécessaire ». « Aucune faute, volontaire ou involontaire, ne peut être relevée à leur encontre ».

Décodage. Ce que ce jugement et ces arguments veulent dire, c’est une chose, est une seule : un policier, lorsqu’il l’estime, peut faire usage de toute la force « strictement nécessaire », et rien ne lui sera reproché. Quand bien même il utilise une technique interdite au moins officiellement depuis 2003. Quand bien même les personnes interpellées sont deux retraités de plus de 60 ans un peu alcoolisés. Ce mardi 17 février, après l’acquittement des policiers assassins d’Amine Bentounsi, de Zyed et Bouna et de tant d’autres, la « justice » a réaffirmé son soutien aux violences policières.


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