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Justice de classe

Prison ferme pour des militants de Génération Identitaire : qu’a-t-on vraiment puni ?

Le jeudi 30 août, le Tribunal de Gap (Hautes-Alpes) a condamné les trois militants de Génération Identitaire à trois mois de prison ferme. Mais peut-on véritablement s’en réjouir ?

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Génération Identitaire est un groupuscule d’extrême-droite qui milite pour la défense nationale et l’identité française. Celui-ci milite donc contre l’Islam ou encore contre l’immigration en prônant la sécurité aux frontières et fantasmant un « grand remplacement » des Français par les populations immigrées. C’est en effet l’objet de leur dernière campagne Defend Europe - Mission Alpes au printemps 2018.

Ils avaient mobilisé une centaine de leurs jeunes militants dans les Alpes, près de la frontière italienne, afin d’y mener des actions paramilitaires dans une zone de passage des migrants depuis l’Italie. Ces groupes, majoritairement composés de jeunes de classes aisées, avaient ainsi les moyens d’y faire venir des hélicoptères, plusieurs 4x4, etc, afin d’empêcher les migrants d’entrer sur le territoire par des méthodes extrêmement violentes dont les pratiques ont été révélées lors de nombreux scandales précédents.

Dans le cadre de cette action, le président, le porte-parole et un ancien cadre du mouvement Génération identitaire ont été condamnés à 6 mois de prison ferme, 2 000€ d’amende ainsi que 75 000€ pour l’organisation et 5 ans de privation des droits civiques et politiques. D’une part, il est évident et sans équivoque que nous devons dénoncer et combattre ces groupes, leur néfaste idéologie et leurs actions. De l’autre, est-ce pour autant que nous pouvons nous réjouir de leur condamnation ?

Le motif de la condamnation selon lequel l’« exercice d’une activité dans des conditions de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique » est en fait très léger. Ce n’est pas tant la haine raciale qu’ils propagent qui est punie, mais plutôt qu’ils s’instaurent comme autorité paramilitaire, ce qui est normalement de l’ordre de la « fonction publique », c’est-à-dire de la police. En réalité l’Etat français mène déjà cette politique réactionnaire de défense de ses frontières. Ce que la Justice a condamné ce n’est pas le fait politique mais bien qu’un groupuscule puisse s’approprier un rôle qui n’est pas le sien : la légitimité de contrôler aux frontières, de réguler les flux migratoires, soit de décider d’une politique et de la mener ne revient qu’à l’Etat et ses institutions.

En outre le président de France Terre d’Asile, constitué comme partie civile, rappelle qu’en 2018 Génération identitaire a également affrété « un bateau en Méditerranée pour tenter d’empêcher les migrants d’accoster sur les côtes européennes ». De même ils ne sont pas censés faire cela car ils ne sont pas dépositaire de l’ordre public. En revanche, le gouvernement Macron, qui lui est « légitime », peut sans aucun complexe faire voter la loi asile-immigration qui permet de renforcer la sécurité aux frontières et mener une chasse aux migrants au sein du territoire.

La proximité entre ce gouvernement et l’extrême-droite est somme toute incontestable au vu de sa politique. Les militants de Génération identitaire ont en outre reçu le soutien de plusieurs politiciens comme Nadine Morano (eurodéputé LR), Thierry Mariani (eurodéputé LR), Jean-Frédéric Poisson (co-fondateur de Amoureux de la France avec Nicolas Dupont-Aignan), Jordan Bardella (porte-parole RN), Gilbert Collard (eurodéputé RN), Nicolas Bay (eurodéputé RN), etc…

Nous ne pouvons donc pas nous réjouir de cette Justice car elle défend des intérêts de classe, des intérêts politiques. C’est cette même Justice qui, entre autre, a condamné pléthore de Gilets Jaunes durant les derniers mois, celle-ci également qui a fait de la Méditerranée le plus grand cimetière d’Europe. Il n’y a qu’une mobilisation d’ampleur de la classe ouvrière, de la jeunesse et des associations antiracistes qui pourrait mettre un terme à ces politiques et idées réactionnaires et racistes, qu’elles soient véhiculées par des groupuscules néfastes ou, pire, par la puissance de l’Etat impérialiste français.


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