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Après les européennes

Pris en étau entre LREM et le RN, Laurent Wauquiez démissionne

Après une défaite historique des Républicains aux européennes, Laurent Wauquiez a été poussé à la démission. Il faut y voir le symptôme de la nouvelle bipolarisation entre le Rassemblement National et La République En Marche.

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Crédit photo : AFP / Jean-Pierre Clatot

Les élections européennes du 26 mai ont été une catastrophe pour Les Républicains. La droite traditionnelle a réalisé le pire score de l’histoire de cette formation politique : 8,5%. Se sont alors enclenchées de nombreuses luttes fractionnelles à l’intérieur du parti, en lutte pour sa propre survie. Autour d’une remise en question de la ligne adoptée par Laurent Wauquiez, jugée par certains cadres du parti trop droitière, ce sont les appels à la démission du président de LR et même les départs du parti qui se sont multipliés. Le journal Libération a ainsi souligné la crise des Républicains : « depuis une semaine, il ne se passait donc plus un jour sans un nouvel incendie dans la maison LR ». L’ampleur de la crise du parti et aura finalement poussé Laurent Wauquiez, sous pression, à démissionner de sa présidence. Dimanche soir au 20H de TF1, il l’annonçait en direct.

S’exprime ici la réduction de l’espace politique des Républicains, éjectés du champ politique par la nouvelle bipolarisation Rassemblement National – La République En Marche. Les partis traditionnels qui gouvernaient la France depuis des décennies sont profondément discrédités : ainsi, après l’effondrement du Parti Socialiste en 2017, c’est autour de LR de plonger. En réalité, ce n’est donc pas seulement la ligne Wauquiez qui est mise en difficulté, mais bien l’ensemble de la formation politique. Cela, les adversaires des Républicains l’ont bien compris et ce sont d’ailleurs ceux-ci qui ont poussé Wauquiez à la démission, davantage que les luttes internes.

Après les Européennes s’est ouverte une bataille pour la recomposition politique, dans laquelle chacun cherche à tirer son épingle du jeu. Sébastien Lecornu, lui même ancien de LR est aujourd’hui ministre des Collectivités territoriales, a été très clair dans son dernier entretien au Journal du Dimanche : « S’ils veulent être des remparts utiles et efficaces au RN, il faut que les maires issus de LR fassent preuve de clarté. Et la plus grande preuve de clarté, pour ces maires de droite, c’est de quitter LR, ce que je les appelle à faire. Ils ne sont pas obligés d’être d’accord avec nous sur tout. Mais qu’est-ce qui les retient autant dans le parti de Laurent Wauquiez ? » ; « Le vrai acte de clarté, c’est de ne plus être adhérent à LR. Ou au PS. Personnellement, j’ai adhéré à LREM car, une fois de plus, il faut faire des choix clairs ». Ainsi LREM, qui avait déjà réussi à siphonner une partie de la base des Républicains pour les Européennes, cherche maintenant à siphonner les élus et les cadres de la droite. Une opération qui commençait à porter ses fruits puisque plusieurs maires quittaient déjà LR, dont ceux de Clichy, Saint-Cloud et Quimper.

Mais les macronistes ne sont pas les seuls à vouloir récupérer les miettes des Républicains. Le Rassemblement National, lui aussi, cherche à profiter de la période d’instabilité qui s’est ouverte pour la droite. Ainsi, comme le souligne Cécile Cornudet dans les Échos, « Marine Le Pen s’était vite félicitée d’une campagne Wauquiez qui disait-elle, l’avait servie. Surtout, plus tôt dans la soirée ce dimanche, c’est Marion Maréchal, sur LCI, qui a lancé un appel à une “grande alliance des droites”. Très critique sur Laurent Wauquiez “qui a tué tout le monde à droite”, et persuadée que le RN “ne peut y arriver seul”, elle a souhaité un “compromis patriotique et des coalitions gouvernementales” entre les droites “divisées” ».

Laurent Wauquiez aura donc été forcé à démissionner par un « putsch de l’extérieur » selon l’expression de Cornudet. Le combat fait rage dans le champ politique français, « ceux d’en haut » se déchirent entre ceux qui voudraient sauver LR, parti traditionnel de la bourgeoisie, et ceux qui voudraient mieux le liquider pour se construire sur ses cendres. Mais rien ne dit que « ceux d’en bas » n’aient pas aussi leur mot à dire dans cette période de grande instabilité politique, car comme nous l’avons écrit précédemment, la tension sociale qui a fait naître le mouvement des Gilets jaunes est toujours intacte et Macron le pyromane-bulldozer s’apprête à mettre de l’huile sur le feu.


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