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Prime de risque, attaques contre la représentation syndicale : 5 nouvelles ordonnances pour imposer la reprise du travail

Cinq nouvelles ordonnances ont été présentées ce mercredi devant le Conseil des Ministres par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, dont une prime pour inciter à aller travailler en pleine pandémie. Ces mesures s’inscrivent dans la politique criminelle du gouvernement et du grand patronat qui cherchent à faire reprendre le travail à marche forcée dans les secteurs non essentiels de la production.

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Ce mercredi, Muriel Pénicaud a présenté cinq nouvelles ordonnances devant le Conseil des Ministres. Après avoir mis en place des mesures antisociales attaquant en profondeur les droits des salariés, le gouvernement continue à prôner la production au détriment de la santé des travailleurs et profite de la crise pour s’en prendre aux droits des travailleurs.

La principale mesure repose sur une prime défiscalisée de 1000 euros, pouvant aller jusqu’à 2000 euros, qui sera mise en place pour les entreprises qui le souhaitent. Ainsi, ces dernières pourront verser cette prime défiscalisée et sans charge sociale « afin de permettre de récompenser plus spécifiquement les salariés ayant travaillé pendant l’épidémie de Covid-19 », spécifie l’ordonnance.

Cette nouvelle série d’ordonnances ne vient pas à n’importe quel moment. Elle s’inscrit dans la stratégie de reprise du travail à marche forcée entamée par le grand patronat et le gouvernement depuis le week-end dernier. Dans de nombreux secteurs non essentiels de la production, comme l’automobile, l’aéronautique ou la métallurgie, où la production avait dû être arrêtée -ou fortement diminuée- les salariés sont désormais appelés à reprendre le travail, bien souvent sous la pression et les menaces des directions. Une politique criminelle ayant pour seul but de garantir les profits des capitalistes et qui menacent la vie des travailleurs mais aussi de l’ensemble de la population en faisant perdurer les chaînes de contamination. Face à cela, les résistances s’organisent et de nombreux travailleurs refusent toujours de reprendre. C’est bien pour mieux accompagner cette reprise forcée que le gouvernement met aujourd’hui sur la table cette prime. 2000 euros : c’est ce que vaut la vie d’un prolétaire pour les capitalistes.

Dans la même logique, une deuxième ordonnance autorise la médecine du travail à prescrire des arrêts de travail, ce qui n’était pas permis jusqu’alors, et à effectuer des tests de dépistages au Covid-19. Et certaines visites obligatoires sont suspendues, afin de concentrer les efforts des médecins vers l’accompagnement des entreprises sur la mise en œuvre des mesures de prévention. Concrètement, le gouvernement veut que la responsabilité des morts à venir reposent sur la tête des médecins, comme l’analyse Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), affirme dans un entretien pour France Info à propos de cette mesure : "Nous sommes dans le vague, on ne sait pas comment cela va s’organiser". Et au syndiqué de continuer : “Nous sommes là pour protéger la santé des travailleurs. Nous ne sommes pas là pour augmenter la productivité des entreprises, ni pour servir de caution à des conditions de travail dégradées qui mettraient en cause la santé des travailleurs. Il faut que ce soit clair.” En effet, cette ordonnance pourrait bien servir de caution pour faire reprendre le travail aux salariés, sous prétexte que la médecine du travail, dont les centres étaient jusqu’à présent fermés, garantit désormais les mesures de sécurité au sein des entreprises. Elle rappelle une autre mesure prise dans de nombreuses usines, où les salariés sont invités à signer des décharges de responsabilité pour continuer à travailler.

Enfin, les ordonnances réorganisent les modalités de fonctionnement des organismes de représentation des salariés. Dans les Très Petites Entreprises (TPE), les élections des représentants syndicaux sont décalées au premier trimestre 2021, ce qui va faire que dans plusieurs entreprises, les salariés n’auront simplement pas de représentation durant ce laps de temps. D’autre part, cette attaque est renforcée par l’ordonnance sur les CSE, qui autorisent ceux-ci à se dérouler par visioconférence, audioconférence et même par messagerie instantanée. Il s’agit d’une attaque claire contre la représentation syndicale qui vise à limiter les possibilités syndicales dans cette période de travail forcé mais qui pourrait même être amené à durer car si cette mesure est mise en place dans le cadre du confinement, il semblerait bien qu’elle dure plus longtemps, ces nouvelles ordonnances venant modifier directement le droit du travail.

Une autre ordonnance concerne les apprentis en formation. Dans les Centre de Formation des Apprentis (CFA), la période de formation de trois mois va être rallongée à six mois, ce qui signifie que l’employeur pourra garder l’apprenti en statut précaire deux fois plus longtemps, plutôt que de l’employer directement et de lui donner un statut stable. Une attaque contre la jeunesse qui, une fois de plus, va payer et paye déjà la crise, que ce soit avec la continuité pédagogique, la conversion du bac en contrôle continu ou encore en étant en première ligne face au virus pour les étudiants en médecine.

Face à ce gouvernement qui entend attaquer une fois de plus les salariés en les forçant à aller travailler en pleine pandémie et préserver les profits des capitalistes à tout prix, l’urgence est à l’arrêt des productions non essentielles, une mesure qui ne pourra venir que des travailleurs de ces entreprises. Ces derniers ont en effet prouvé à maintes reprises, que ce soit avec la mobilisation des personnels soignants depuis plus d’un an ou la mobilisation des salariés dans certaines entreprises non essentielles pour imposer leur fermeture, qu’ils étaient les plus à mêmes de déterminer les réponses adéquates à l’épidémie.

Face à cette perspective, on se demande ce que font les directions syndicales qui devraient se mettre à la tête d’un tel plan et refuser fin à l’union sacrée au service du profit des capitalistes. Au lieu de ça, Laurent Berger de la CFDT a validé les ordonnances visant à étendre la semaine de travail jusqu’à 60 heures –exigeant d’hypothétiques « garanties »- et la direction de FO a signé un communiqué avec le patronat de la métallurgie pour organiser la reprise de la production. La direction de la CGT, de son côté, si elle exige la fermeture des usines « non-essentielles », laisse l’initiative au gouvernement et ne fait rien pour organiser un plan de bataille à la hauteur de la politique criminelle du gouvernement. Face à cette question de vie et de mort pour des millions de travailleurs, il ne s’agit plus d’exiger formellement dans le cadre du « dialogue social » mais d’organiser les résistances qui s’affirment déjà dans de nombreux entreprises pour faire plier le patronat et le gouvernement.

Crédits photo : Alain Jocard - AFP


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